JO de Paris 2024: semaine cruciale pour Kevin Mayer, qui veut enfin décrocher son billet pour les Jeux
"Il y aura des plans B,C,D mais dans l’idéal, il faut se qualifier avant les championnats de France de fin juin", avoue Alexandre Bonacorsi, le coach de Kevin Mayer. Le double vice-champion olympique a préféré rester tranquille dans son coin et ne pas parler à la presse, avant son décathlon de l’université de San Diego. S’il n’y pas encore le feu en Californie, le Français commence à ne plus avoir droit à l’erreur. Après son abandon aux mondiaux de Budapest l’été dernier et après avoir renoncé à son décathlon en Australie en décembre 2023, Mayer n’est toujours pas qualifié pour les Jeux olympiques de Paris, l’immense objectif de sa très riche carrière, mais toujours sans médaille d’or olympique dans l’armoire à trophée. La sérénité prime pourtant chez Bonacorsi: "Les voyants sont au vert, ça se présente bien mais on va prendre les épreuves les unes après les autres."
"On ne prendra pas de gros risques à San Diego"
Car même s’il est déjà une légende de l’athlétisme français, le recordman du monde du décathlon a tendance à nous faire douter depuis de longues années désormais. Souvent gêné par des bobos, il avait d’ailleurs jeté l’éponge à Brisbane en Australie malgré une préparation down under de trois semaines, à cause d’une alerte à la hanche. "Le corps des décathlètes est toujours mis à rude épreuve mais il n’y pas de bobo particulier cette fois. Il y a toujours des tensions et on analysera après chaque épreuve", explique Alexandre Bonacorsi. "On ne tirera pas sur la corde quelles que soient les séquelles, ça non… On ne prendra pas de gros risque à San Diego." Un discours de prudence après les derniers mois difficiles physiquement, mais Mayer assure se sentir au top aux Etats-Unis.
"Pas de gros poisson" face à Kevin Mayer
Pour se qualifier aux Jeux olympiques, il doit réaliser 8460 points, qui selon les propres calculs de Mayer correspondent à 83% de son potentiel. Le coach précise : "On a eu le temps de s’entraîner sur les dix épreuves depuis quatre mois. Il n’y a pas d’épreuves qu’on attend fébrilement, plutôt impatiemment! Sur certaines épreuves comme le 100m, on ne peut pas calculer bien sûr. Mais si à la longueur ou au poids, le premier essai est bon, on ne va pas faire le deuxième et le troisième. Le deuxième jour, pareil à la perche. Là on peut calculer un objectif de barre."
Car pour le double champion du monde, les minima sont pratiquement une formalité mais il devra les faire face à une concurrence universitaire. "Il n’y pas de gros poisson. Personne ne fera plus de 8.000 points c’est sûr. Mais sur certaines épreuves, comme le 100m, des universitaires US peuvent claquer 10.40. Il peut y avoir un peu d’adversité. Mais Kevin peut se motiver seul."
Mayer a jusqu’au 30 juin pour se qualifier
Kevin Mayer avait déjà réalisé ce tour de force sur l’Ile de la Réunion en décembre 2020 avant les JO de Tokyo. Avec 8552 points, sans forcer, le Montpelliérain avait assuré sa qualification sans trembler. Mais la marge avec des minima rehaussés n’est pas énorme et surtout le sablier va commencer à se vider. S’il reste du temps avant la fermeture de la période de qualification, fixée au 30 juin prochain, la tension montera d’un cran.
Mayer pourra s’inscrire dans plusieurs décathlons européens, voire attendre jusqu’aux championnats de France, ultime chance de qualification fin juin. Mais ce ne sera pas aux championnats d’Europe de Rome à la mi-juin, puisqu’il n’y est pas qualifié ni invité. Gare à la blessure aussi en Californie qui pourrait lui faire manquer des semaines de compétitions et d’entraînement.
Le Français jamais champion olympique
"Je le trouve serein, avec du recul sur les tensions qu’il a dans le corps, ou les contretemps comme le décathlon de Brisbane qu’il n’a pas pu faire. Il est vraiment bien. Il a une bonne approche", assure le coach. Une détente appréciable pour Kevin Mayer qui a coché les Jeux de Paris, et ce n’est pas le seul, comme le défi ultime de sa carrière. Le meilleur décathlète de l’histoire n’a jamais été champion olympique et le stress a pu lui jouer des tours, comme à Tokyo lors des derniers Jeux.
Bloqué du dos à peine arrivé au Japon, il a reconnu plus tard que la tension a pu le crisper. Mais à 32 ans, Mayer semble prêt. Soutenu par le directeur de la haute performance de la Fédération française d’athlétisme Romain Barras, venu à San Diego pour l’occasion, il a travaillé sans pépins depuis début 2024. Et si aller chercher un total de points, "ce n’est pas ce que Kevin aime le plus, il n’y pas le choix". L’état d’esprit du coach: "Il faut se qualifier".