JO de Paris 2024: pas de révolution sur la question sécuritaire après l'attentat de Moscou

"C'est déjà pris en compte depuis plusieurs mois", coupe un membre de l'organisation de Paris 2024 au sujet de cette question de la sécurité. Et d'ajouter: "Après l'attentat à Arras en 2023, le plan Vigipirate était déjà passé au niveau maximum, le même sujet revenait dans l'actualité. L'attaque du 7 octobre est aussi prise en compte dans nos analyses et dans le travail du Centre de renseignement olympique (CRO). La menace n'a jamais faibli, il faut le garder en tête." Depuis l'obtention des Jeux olympiques par la France, les forces de l'ordre et les services de renseignement travaillent sur le pire scénario possible afin d'organiser la sécurité autour de l'événement l'été prochain.

Le Centre de renseignement olympique tourne à plein régime. Il est en charge de coordonner l'ensemble des services de renseignement sur la question spécifique des Jeux olympiques. L'attentat de Moscou, vendredi 22 mars, n'a pas bouleversé l'organisation des services du ministère de l'Intérieur. Pour ces JO, tout est préparé. Le service émet, par exemple, très régulièrement des notes aux différentes parties prenantes de l'organisation. Et depuis plusieurs semaines, c'est surtout la menace cyber et les tentatives de désinformation autour de ces Jeux qui rythment les remontées du terrain.

Lors d'une réunion organisée il y a quelques jours entre Paris 2024, la DIJOP et les représentants de l'Etat, plusieurs préconisations ont été effectuées pour l'organisation des rencontres du tournoi de football olympique dites "sensibles". Selon les informations de RMC Sport, pour l'organisation des rencontres de football considérées comme "sensibles", le CRO préconise par exemple de ne pas utiliser le stade de l'Allianz Riviera de Nice pour les affiches où évoluera l'équipe olympique de l'Ukraine. La forte présente de ressortissants russes sur la Côte d'Azur pourrait expliquer cette consigne. Tout est pris en compte.

Le 8 mai, débute le parcours du combattant

Une vigilance assez forte sera aussi opérée lors du match Israël-Mali, le 24 juillet au Parc des Princes. Il nécessitera un dispositif de sécurité renforcé, deux jours avant la cérémonie d'ouverture. L'anticipation est capitale dans ce dossier de la sécurité des JO. Depuis plusieurs mois, les services de l'Etat réalisent un criblage sur les différentes personnes qui seront en lien avec ces Jeux olympiques. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a d'ailleurs annoncé que 10 fichés S ont été écartés de l'organisation. "Ça montre que le système fonctionne mais celui qui veut menacer la France ou passer à l'acte ne prend pas une accréditation aux JO", nuance un responsable policier parisien.

Dans les médias, la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques, avec 326.000 personnes sur les bords de Seine, attire l'attention. Mais les services du ministère de l'Intérieur sont aussi focalisés sur l'arrivée de la flamme olympique à Marseille, le 8 mai 2024. 150.000 personnes attendront le "Belem" avec la flamme lors de son arrivée sur le Vieux Port. Dès le lendemain, la flamme prendra la route, avec un parcours connu à l'avance. "Tout le monde connaît le chemin avec précision et des horaires définis, le pire scénario", commente ce responsable policier. Et d'ajouter: "Le début des Jeux ça sera à cette occasion, pas le 26 juillet". La crainte des services de renseignement sur ce parcours de la flamme réside, en particulier, sur la menace contestataire.

La sécurité privée tire encore la langue

Pour que ce plan se déroule sans accroc, la sécurité privée sera un élément capital du dispositif. Paris 2024 finalise depuis quelques jours les derniers appels d'offres pour sa sécurité privée lors des Jeux olympiques. Le compte n'y est pas encore, certains lots devront passer par le gré à gré. L’évaluation des besoins du COJOP est estimée à 17.000 agents de sécurité par jour durant les Jeux (avec des pics pouvant atteindre 22.000 par jour). Ce chiffre pourrait augmenter afin de constituer une réserve et éviter la surprise des "no show" le jour-J, c'est une volonté du chef de l'Etat sur ce sujet.

Au sein de l'organisation, certains interlocuteurs ne sont pas aussi optimistes que les responsables de Paris 2024 sur la question de la sécurité privée. Le secteur sous tension ne facilite pas la tâche. "Pour le moment, le temps de l'armée pour se substituer aux agents de sécurité n'est pas encore venu", affirme une source proche du dossier. Le mois d'avril devrait permettre d'y voir plus clair sur cette question.

La jauge de la cérémonie d'ouverture de nouveau réduite?

C'est une possibilité et elle dépendra de la menace. Le ministre de l'Intérieur n'a jamais caché, que malgré les annonces sur les jauges de la cérémonie d'ouverture, une réduction du nombre de personnes sur les bords de Seine le 26 juillet 2024 est toujours possible. Les 326.000 spectateurs auront un QR Code pour accéder à une zone du parcours. En cas d'augmentation de la menace dans les prochaines semaines, il suffira aux services de l'Etat de désactiver ce QR Code. 45.000 forces de l'ordre seront mobilisées ce soir de juillet, avec 2.000 agents de sécurité privée.

Et les athlètes dans tout ça? Pour le moment, d'après nos informations, aucune délégation n'a expliqué aux organisateurs qu'elle ne souhaite pas prendre part à la cérémonie d'ouverture sur la Seine. Plusieurs délégations dépêcheront des services d'ordre privés pour assurer leur sécurité lors de ces JO, comme c'est très régulièrement le cas sur ce type d'événement. Le préfet de police de Paris autorisera ou pas le port d'arme pour certains d'entre eux. "La réflexion sur la participation des délégations pourrait évoluer", confie un proche du dossier. Et d'ajouter: "L'attentat à Moscou peut jouer sur les consciences et sur les décisions des athlètes étrangers qui pourraient sortir du bois médiatiquement dans les prochaines semaines".

Article original publié sur RMC Sport