JO Paris 2024: "Je n’abandonne pas les JO comme ça", affirme Kevin Mayer, en quête des minima à Rome

"Je suis là pour une seule chose, me qualifier pour les Jeux olympiques." Depuis son deuxième titre mondial acquis à l’été 2022 à Eugene, Kevin Mayer a abandonné à Budapest lors des Mondiaux 2023, à San Diego en avril 2024 et a déclaré forfait avant une tentative de minima en Australie en décembre dernier."C’est ma dernière chance à Rome. Là, je n’ai plus envie de galérer, de repartir en voyage en me disant qu’il y a encore des décathlons après." Le Montpelliérain veut plier l’affaire en Italie, inscrire 8.460 points une bonne fois pour toute et valider sa qualification. C’est une occasion en or quand on pense qu’il ne devait pas être là, car pas qualifié. "J’étais le premier surpris de l’invitation de European Athletics. C’est un énorme plaisir, vous connaissez mon bonheur de porter le maillot de l’équipe de France." Quand Mayer a eu cette opportunité de concourir au Stadio Olimpico, toutes les autres options ont disparu dans son esprit.

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Barras : "Je ne vois pas les Jeux sans Kevin"

Romain Barras, le directeur de la haute performance à la Fédération Française d’Athlétisme, a validé avec grand bonheur cette invitation. "Je ne vois pas les Jeux sans Kevin, il fait partie de l’équipe de France." Ce n’est évidemment pas le moment de se priver d’une de ses rares chances de médailles olympiques. Encore faut-il qu’il soit qualifié pour le Stade de France. "Kevin manque peut-être de réglages, mais il a le moteur et il se règle très vite. Il ne vient pas pour rigoler." Tous les suiveurs de l’athlé français espèrent en effet que ce ne sera pas une blague. "La forme olympique, ce n’est pas maintenant mais je sais ce que j’ai dans les jambes" rassure Mayer. "Je fais de très bons entraînements, je suis bien mentalement. Je sens en général quand les choses vont arriver (ndlr : la qualification olympique) et je le sens cette fois."

Encore une gêne au nerf sciatique

Si le double champion du monde a fait autant preuve de patience en 2024, c’est pour être sûr de ne pas abimer son corps avant l’échéance de sa vie, les JO de Paris. "J’ai privilégié la santé cette année. Je suis solide dans le travail, mal dans l’attente. Mais c’est mon métier." Et son corps est réparé, notamment le grand adducteur qui le faisait souffrir à San Diego en mars dernier. "J’ai mis du temps à trouver la tension, mais c’est réglé." Quid de sa gêne sur les haies, à cause d’une hanche récalcitrante ? « C’est un peu plus compliqué, c’est nerveux, une sorte de sciatique. Je sens ma hanche, mais ce n'est pas plus grave que ça." Pas question dans ces conditions de laisser le stade sur sa faim, comme lorsqu’il avait abandonné les Europe de Munich après quelques dizaines de mètres du 100m à 9h du matin, où à San Diego où dès la longueur, les grimaces sont apparues.

"Toutes les cinq secondes, je me répète que je suis là uniquement pour les minima"

Kevin Mayer ne vient pas pour viser le titre de champion d’Europe, titre qu’il n’a jamais remporté. "Je dois viser les minima, rien que les minima. Même si je n’ai qu’une envie : exploser la piste. Surtout quand tu vois que Leo Neugebauer est en feu (l’Allemand a réussi 8.961 pts lors d’une compétition NCAA). Donc, toutes les cinq secondes, je me répète que je suis là uniquement pour les minima. Ce n’est pas l’année pour viser le titre de champion d’Europe." Le lion Mayer doit freiner ses ardeurs, et même s’il voit Rome comme un ultimatum qualificatif, il a déjà prévu la suite. "Si je fais 0 à la hauteur, je repartirai sur un autre décathlon, je n’abandonne pas les Jeux comme ça." A la FFA, Barras ne se montre pas encore inquiet. "S’il ne se qualifie pas, il y aura encore du temps. Si c’est une énorme contre-performance sur une épreuve, mais que la forme est là, ça ira. Et s’il arrive à se qualifier grâce à un décathlon de 8.000/8.100 points, et que le ranking lui permet d’aller à Paris, il aura du temps pour retrouver la forme. Mais il ne manque pas de moteur, tous les feux sont au vert."

Article original publié sur RMC Sport