JO de Paris 2024: Mia Rycraw, la touche américaine des Bleues du water-polo

C'est un Everest qui se dressera ce lundi 20h face à l'équipe de France féminine de water-polo. Les Etats-Unis, quintuple championnes du monde en titre et qui ont remporté les trois derniers tournois olympiques. Et que les Bleues affronteront en poule à Paris dans cette même piscine aux Jeux olympiques de Paris (26 juillet-11 août), cet été.

"C'est une des équipes les plus fortes de l'histoire du water-polo, résume froidement Theodoros Lorantos l'entraîneur Grec de l'équipe de France. Ça donne un prestige à ce match et c'est vraiment agréable pour les filles, c'est important de prendre les premiers réglages avant le 27 juillet et le premier match (face à l’Espagne, le 2 aout face aux USA)). Les filles l'attendent avec impatience."

Le coach de l'équipe de France depuis un an qui peut s'appuyer sur une Américaine dans son équipe. Mia Rycraw, bonnet rouge de gardienne sur la tête enchaine les arrêts dans le bassin de l'INSEP où les bleues peaufinent les derniers réglages avant le choc. "Pour moi c'est vraiment historique et c’est un honneur. Je ne pensais que ça m'arriverait quand j'ai quitté les Etats Unis, et je suis là maintenant devant vous."

Une maman basketeuse, et une découverte du water polo à 16 ans, alors qu'elle ne sait pas nager

Mais pas de confusion au moment des hymnes. "Quand il y a les hymnes, moi j’ai le bleu blanc et rouge donc... (Elle pointe le liseré tricolore sur son maillot de l'équipe de France)". Rien pourtant ne prédestinait Mia Rycraw à devenir joueuse de water-polo, et encore moins de l'équipe de France.

Issue d'une famille de basketteurs, sa maman a même joué en WNBA. C'est sur le tard et un peu par hasard que Mia Rycraw découvre ce sport. A 16 ans, un professeur de son collège l'initie, alors qu'elle ne sait pas encore nager. Mais très vite, elle intègre les équipes nationales universitaires. Et après le bac, elle choisit de rejoindre la France.

La Californienne de naissance, passée par l'Université d'Arizona State (la même que Léon Marchand ces trois dernières années), se retrouve en 2018 à Lille, enrôlée par le Lille Université Club (LUC), avec qui elle a remporté les six derniers titres nationaux.

Une lilloise d'adoption qui "aime le Welsh"

"J'aime les Etats Unis parce que toute ma famille vit là-bas, mais pour la vie et beaucoup de choses, j'aime bien la France. C’est chez moi maintenant !", tranche-t-elle d’abord en Français, avant de basculer en anglais pour aller un peu plus loin.

"Je viens de Californie, alors les gens me demandent pourquoi j’aime Lille. Mais ce que j’aime notamment en France c’est que les gens ne vivent pas pour travailler, ils travaillent pour vivre, pour profiter de la vie. Je me sens aussi plus en sécurité en France qu’aux Etats unis avec la législation sur le port d’armes. Et puis, il y a aussi la qualité de la nourriture."

Sur ce point, l'Américaine de 29 ans semble s’être totalement adaptée à son nouvel environnement: "J’aime la raclette, le Welsh qui est très ch’ti ! Et aussi la tartiflette… J’aime tout !"

"Une des trois meilleure gardienne du monde"

Sollicitée rapidement par la Fédération française après son arrivée à Lille, la Californienne a dû attendre 2023 pour obtenir sa naturalisation et disputer les mondiaux de Fukuoka avec l’équipe de France. "C’est un honneur, je n’ai pas de mots c’est vraiment un rêve..."

Et aussi un renfort de poids pour les Bleues. "Pour moi, elle est l’une des trois meilleures gardiennes du monde, lance Theodoros Lorantos. C’est une athlète vraiment intéressante avec beaucoup d’énergie positive sur le groupe." "C’est une joueuse avec un talent exceptionnel qui a changé le profil de notre équipe", ajoute même sa coéquipière Camille Radosavljevic.

Cette année, Mia Rycraw a mis sur pause son master en langues et littérature étrangères qu’elle suit à l’université catholique de Lille, pour mieux se concentrer sur les JO. Et même si, sur le papier, les chances de l’équipe de France, 10es des derniers mondiaux, de briller à Paris, semblent minces, elle rêve de grandes choses.

"Mon rêve, c’est vraiment de remporter une médaille. Et c’est possible ! C’est difficile, mais c’est possible. On est un peu comme une chenille qui va devenir un papillon. On a tout ce qu’il faut pour se transformer en papillon. Il faut juste que l’on croit dans ce que l’on fait, croire en notre staff, et faire les efforts pour transformer notre équipe en ce que je sais que l’on est, et que l’on va montrer que nous sommes."

Mia Rycraw et ses coéquipières ont une première occasion de percer la chrysalide ce lundi (20h), face aux Etats-Unis.

Article original publié sur RMC Sport