JO de Paris 2024: quand une gymnaste française prépare les Jeux…avec Ladji Doucouré
De la gymnastique au sprint, il n’y a qu’un pas. Et ce n’est pas Coline Devillard, championne d’Europe du saut de cheval, qui dira le contraire. Chaque mercredi depuis plus de deux ans, Coline délaisse son agrès pour la piste d’athlétisme de la grande halle de l’INSEP, avec comme coach Ladji Doucouré, ancien champion du monde de 110m haies.
Ses partenaires changent aussi. Plus de Marine Boyer ou Lorette Charpy: le mercredi matin, c’est entraînement avec Sasha Zhoya et Erwann Cinna, eux aussi spécialistes du saut de haies.
"C’est d’autres athlètes, ils me montrent leur vision de leur sport, du haut niveau, ils sont devenus des amis. C’est une bouffée d’oxygène quand je suis ici", confie Coline.
Mais il a fallu s’adapter. "A mon premier entraînement, Ladji me donne mon programme et moi j’enchaîne les exercices, comme à la gym. Tout le monde rigole autour. Ladji me dit 'en athlétisme, on fait des pauses entre les exercices', sourit la gymnaste. "Depuis, ne vous inquiétez pas, les pauses, j’ai bien compris le principe!"
Tokyo pour point de départ
L’histoire entre Ladji Doucouré et Coline Devillard commence après les Jeux olympiques de Tokyo en 2021. "Elle sentait qu’elle était sur la sellette. Et un jour, je l’ai vu arriver et elle m’a demandé de travailler avec elle sur sa course d’élan", se remémore l’entraîneur. En saut de cheval, les gymnastes ont une course d’environ 24 mètres avant de réaliser leur saut, c’est sur ce domaine que travaille Coline depuis 2 ans.
"Je fais en sorte qu’elle optimise sa course, qu’elle arrive avec un maximum de vitesse et de fraîcheur pour pouvoir exécuter son saut", ajoute Ladji Doucouré.
Et le travail paye. Depuis Tokyo, la gymnaste française est devenue championne d’Europe et a fini 3e des mondiaux en saut de cheval. Surtout, elle a participé à la médaille de bronze historique par équipe des Françaises aux mondiaux d’Anvers en octobre dernier. Ce n’était plus arrivé depuis 1950, et ça donne forcément des idées à quelques mois des Jeux de Paris 2024. "Quand je démarre ma course, je pense à Ladji, à ce que je dois faire avec mes pieds, à mes bras et ça me permet de ne pas appréhender mon saut. C’est tellement plus simple: si ma course est bien je sais que mon saut sera bien", confie la native de Saint-Vallier.
Le champion du monde 2005 aussi a vu l’évolution de sa protégée. "Maintenant c’est une athlète. Au début quand elle arrivait, c’était une petite gymnaste qui venait faire un cours d’athlé. Maintenant, il y en a qui veulent la recruter, mais il faut rester focus. Il faut qu’elle aille chercher ce qu’elle veut pour les Jeux".
De la gym à l’athlétisme après les Jeux?
Car la gymnaste en impressionne plus d’un sur la piste d’athlétisme de l'INSEP. "Je ne sais pas si c’est pour me saucer mais ils me disent tous que je cours vite, que ce serait bien que je m’essaye au sprint", sourit Coline Devillard. De quoi lui donner quelques idées en cas de reconversion après les Jeux. "Je n’ai pas encore pris ma décision, c’est encore loin. Mais avec Ladji on a dit qu’après les Jeux, j’allais essayer sur 60m, pour voir. Je ne suis pas fermée à l’idée, pourquoi pas."
"Ce serait beau que je passe de la gym à l’athlé comme ça", sourit-elle.
Avant la reconversion, Coline travaille sa course d’élan pour atteindre son objectif: décrocher une médaille aux Jeux. "Mon discours pour Ladji si je remporte une médaille? Je lui dirai merci pour tout ce qu’il a fait pour moi".