JO de Paris 2024 : face aux réquisitions de logements, ces étudiants dénoncent le « mépris » du Crous

Les réquisitions de logements étudiants pour des fonctionnaires lors des Jeux Olympiques ont commencé depuis le 11 avril. Un collectif dénonce la gestion de ces relogements par le Crous.

JEUX OLYMPIQUES - Les réquisitions de logements étudiants pour les Jeux Olympiques ont commencé. Jeudi 11 avril, une première vague de déménagements a lieu pour certains étudiants des douze résidences du Crous de Paris, Créteil et Versailles réquisitionnées cet été pour loger pompiers, soignants, forces de l’ordre et sécurité civile. Au total, ce sont plus de 3 000 étudiants qui doivent être déplacés et relogés temporairement, entre avril et fin juin.

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Cette idée part d’un constat du gouvernement : 30 % des chambres du Crous restent vides chaque été. Mais du côté des étudiants concernés, le fait d’être déplacés a du mal à passer. Samedi dernier, une centaine d’entre eux a manifesté devant le ministère des Sports contre la réquisition, s’estimant « dans le flou » et « abandonnés ».

« Nous sommes contre les réquisitions et surtout contre la manière dont l’administration du Crous gère les expulsions », s’agace auprès du HuffPost Jeyna, 21 ans, étudiante en sciences politiques et membre du collectif La Rescrous, qui s’est monté contre ces mesures. « On sait que les résidents des douze résidences vont finir par être expulsés, mais on ne sait pas quand. Beaucoup veulent éviter de déménager au mois de mai, parce que c’est le mois des examens et des partiels. »

Le Crous, qui a envoyé un questionnaire aux étudiants vivant dans ces résidences pour connaître leurs préférences de dates de déménagement, affirmait début avril avoir reçu 2 300 réponses, dont 1 448 demandes de relogement à ce stade. Tous les étudiants déplacés recevront une indemnité de 100 euros et deux places pour assister aux JO. Ils devraient pouvoir réintégrer leur logement au 1er septembre 2024.

« On se sent clairement délaissés »

Mais cela ne suffit pas à calmer le sentiment d’incompréhension qui règne. « On trouve ça insensé de déplacer des étudiants pour seulement deux mois, de leur demander autant d’efforts financiers et physiques », dénonce Jeyna.

Le collectif d’étudiants dénonce de surcroît une communication parcellaire et pas claire de la part du Crous. « Pour les étudiants étrangers, c’est pire : on a des personnes ayant fui des pays en guerre et qui ont vraiment peur. Ils ne comprennent pas ce qui se passe, car le Crous n’envoie pas de mails en anglais », souligne Jeyna.

Sial, 20 ans et étudiant néerlandais en double licence de langues, a dû revoir son programme de l’été. « Au départ, j’avais prévu de travailler dans une école en bas de ma résidence - parce que j’ai mon BAFA, explique-t-il. Avec les réquisitions, j’ai changé de plan. Quand je raconte ça à ma famille aux Pays-Bas, alors que c’est un pays très libéral, ils sont choqués. »

Pour les étudiants, ces relogements viennent conforter la sensation d’être « méprisés » par l’administration, qui, elle, ne date pas d’hier. « Avec le Crous, on a toujours l’impression de subir. De ne pas avoir voix au chapitre et de devoir accepter, dénonce Sial. Il n’y a qu’à voir les files d’étudiants pour recevoir des aides alimentaires ou qui galèrent avec les bourses. On se sent clairement délaissés. »

Augmentation des loyers à la rentrée 2024

Depuis l’annonce des réquisitions, les étudiants affirment avoir vu des techniciens et des agents venir effectuer des petits travaux et réparations dans les résidences, qu’ils réclamaient pour certains depuis des mois. Le collectif La Rescrous espère que ce coup de projecteur sur l’état des logements du Crous survivra aux Jeux Olympiques.

« Ça fait plusieurs années qu’on sonne l’alerte sur l’état de délabrement et les conditions de vie indécentes entre les nuisibles, les fuites d’eau et les coupures d’électricité, rappelle Jeyna. Quand on envoie des mails pour demander une intervention de technicien, ils ne viennent jamais. Mais pour le bon accueil des fonctionnaires, ils sont prêts à tout pour améliorer les logements. On se sent totalement méprisés. »

Dans ce contexte, l’annonce d’une augmentation des loyers des logements Crous à compter de la rentrée 2024 est vécue comme une injustice de plus. « On a appris que le Crous allait gagner de l’argent grâce à ces réquisitions, affirme Jeyna. Et en parallèle, on nous a annoncé qu’on allait augmenter nos loyers. Donc on se demande un peu où va aller cet argent. »

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