JO de Paris 2024: dans les coulisses des costumes des cérémonies des Jeux

Le cliquetis des machines à coudre résonne. Sur un autre plan de travail, on découpe aux ciseaux des éléments de couleur marron. Au fond de l'espace, une couturière met en forme un tissu.

Au total, ils sont plusieurs dizaines ce matin-là à s'affairer sur la confection et la réalisation des costumes des cérémonies de Paris 2024. La tâche est exceptionnelle: 3000 costumes à réaliser. Premier rendez-vous dans un mois tout pile, le 26 juillet avec la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques.

Dossier top secret

Depuis dix-huit mois ils travaillent dans le plus grand secret. La directrice des costumes de Paris 2024, Daphné Bürki, "mentait même à la maison". Au total, ils sont une centaine à travailler dans cet atelier de Saint-Denis.

Ce jour-là, une cinquantaine de performeurs viennent faire des essayages dans le studio adjacent. Après la phase de conception, certaines idées de costumes ou de tableaux ont dû "être jetées à la poubelle", confie le directeur artistique des cérémonies de Paris 2024 Thomas Jolly notamment par exemple à cause de la contrainte de hauteur des ponts.

A un peu plus de 30 jours de la cérémonie d'ouverture, impossible d'en savoir plus sur l'ADN des costumes créés par l'équipe de la quinzaine de créateurs sous les ordres de Daphné Bürki. Corinne, couturière qui met en volume les maquettes, reste évasive sur sa mission précise.

"On fait ça une fois dans sa vie, cela rajoute à l'excitation du projet. Mais je ne vous dirai rien, je ne vous dirai rien", sourit-elle.

Et au-delà du secret, cette mission très spéciale ne ressemble à aucune autre pour la couturière: "on travaille avec des matériaux que l'on n'a moins l'habitude d'employer dans les spectacles plus traditionnels".

Entre création, vintage et seconde main

"Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'il y a un mot clé: le mélange. Parce qu'il y a un mélange de générations du fait de ces différents créateurs, un mélange de styles, une grande inclusivité et un mélange de sourcing. Il y a beaucoup de vêtements qui existaient déjà et que l'on a anoblis en quelques sortes. Le but était que tout ait du sens et que l'on ne fabrique pas juste pour fabriquer", appuie Daphné Bürki.

Les costumes de ce 26 juillet seront audacieux, assure Tony Estanguet, président de Paris 2024. "Cela incarne la diversité, la richesse. On part dans des univers complètement différents, on va voyager dans ces cérémonies. Il y a un peu de folie dans ces costumes. Il y a cette part d'audace, c'est un peu exubérant, impressionnant et spectaculaire. Et en même temps il y a cette touche d'histoire et de narratif, un lien très fort".

Au-delà de l'aspect purement créatif, Daphné Bürki et les créateurs ont la fibre écologique. De nombreux tissus utilisés ont déjà eu une première vie. Et les costumes auront une autre vie après les Jeux. "L'approche, c'est: 'comment récupérer des tenues qui ont déjà eu une première vie pour les remodeler et en faire de vrais costumes de cérémonies des Jeux?' Et tout de suite la réflexion: 'où cela va partir?' Il faut que cela puisse être réutilisé derrière. On ne veut pas que cela parte à la poubelle. Comme les objets sportifs qui auront tous une deuxième vie, il faut que les costumes aient une autre vie après ces cérémonies", appuie Tony Estanguet.

Sport et mode indissociables

Douze tableaux jalonneront le parcours de la cérémonie d'ouverture le 26 juillet. Pour rappel, les délégations navigueront sur la Seine entre le Pont d'Austerlitz et le Pont d'Iéna. Contexte de cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques oblige, le sport sera très présent dans les costumes. "On a un goût assez prononcé pour le crossover, le mashup. L'univers vestimentaire du sport va rencontrer le costume plus historique, le costume de flamboyance, de gala, de strass. Tout cela comme une grande utopie des costumes, des histoires, de la mode et du vêtement", détaille Thomas Jolly.

Comme sur ce pourpoint, seul élément mis sous les lumières et les regards los de notre visite de l'atelier. Une pièce qui fait remonter au Moyen-Âge et à la Renaissance, où a été placée une fermeture zip façon veste de jogging sportif.

La fabrication de tous ces costumes est dans les temps. Reste une seule source d'inquiétude: la météo. "Même s'il pleut, ce sera quand même joli. Paris mouillé, c'est magnifique", prévient Olivier Bériot, costumier.

Article original publié sur RMC Sport