JO de Paris 2024: "C’est à moi d’être inquiète", les réponses de la présidente du comité olympique israélien sur la sécurité

Dans quel état d'esprit êtes-vous à l'approche des Jeux olympiques?

On est très excités pour ces JO, comme pour tous les jeux. C'est un rêve qui devient réalité pour tous les athlètes dans le monde. Les athlètes et coachs, managers…. ont vraiment hâte que ça arrive. Pour nous, c'est quelque chose d'unique vu les circonstances dans le pays. Israël connaît des moments difficiles donc c'est un moment spécial pour nous ces Jeux, pour les athlètes et nous tous aussi. Ils ont dû se préparer pendant cette période difficile. On est très excité à l’idée de donner notre meilleur pendant cet événement, le plus important au monde, et à Paris en plus, ils ont l'air magnifiques. Représenter notre peuple, notre pays, l'humanité.

Êtes-vous inquiète pour la sécurité de la délégation israélienne?

Tout d'abord, en tant que présidente du comité olympique israélien, c'est à moi d'être inquiète et d'être sûre que tous les efforts sont faits pour permettre à notre délégation de concourir et montrer leur talent et remporter des médailles. Je suis inquiète. Mais je suis confiante en les autorités françaises, elles vont faire tout leur possible pour sécuriser les athlètes de chaque délégation y compris les Israéliens. On a hâte d'être aux Jeux et on sera là.

L’attaque lors des Jeux olympiques de Munich, en 1962, est quelque chose qui est dans vos têtes?

Depuis Munich 1962, à chaque événement, compétition, c'est dans nos têtes. Parce que c'est notre histoire. C'est l'héritage du sport israélien. Mais depuis, le temps est passé. Et l'organisation d'événement d'une telle ampleur est parfaitement gérée. On a confiance en notre organisme de sécurité, mais aussi en les autorités françaises vont tout faire pour sécuriser nos athlètes. Nous serons là pour ce plus gros événement sportif et on vient comme athlète pour performer. C'est notre état d'esprit. C'est notre devoir. C'est notre obligation de permettre à nos athlètes d'être sur les plus gros événements et de briller.

Vous serez aussi à la cérémonie d'ouverture?

Oui bien sûr. C'est le devoir d'une délégation. On fera comme les autres délégations.

Elle sera spéciale cette cérémonie, elle vous inspire quoi?

Regardez derrière moi. C'est la photo de la cérémonie d'ouverture. On sera très fier de faire partie de cette cérémonie. C'est une idée unique, ça sera spécial. J'étais à Buenos Aires, aux Jeux olympiques de la Jeunesse, en 2018 quand il y a eu pour la première fois une cérémonie à ciel ouvert. Ça a sûrement dû les inspirer. J'étais là-bas, c'était wouah, très excitant. C'était compliqué déjà à l'époque d'organiser cela en termes de sécurité. C'est une chose compliquée. Mais une fois que le comité d'organisation, le gouvernement français, et le président décident que ça sera cette cérémonie d'ouverture c'est que ça sera un énorme moment de fête. On sera de la partie.

Est-ce que de votre côté vous avez dû renforcer votre sécurité autour de la délégation?

Je ne vous donnerai pas le dispositif de sécurité de la délégation. Ce que je peux vous dire c'est qu'on met tout en place pour être en sécurité. Il y a une importante coopération entre le comité d'organisation et les autorités françaises. Mais vous savez, ça devient un gossip de vouloir savoir comment on organise notre sécurité. Mais ce n'est pas quelque chose à dévoiler.

Parlons des athlètes...

Oui c'est le sujet le plus important.

Avec la situation dans votre pays, comment les athlètes israéliens ont continué à se préparer?

Les premiers jours de la guerre, ils étaient choqués. Pour certains, leurs amis, membres de leur famille ont été kidnappés, tués. C'a été un énorme choc pour nous tous. Le comité olympique avec le ministère des sports ont décidé, tout de suite, de faire venir nos athlètes dans notre centre national. On a fait des réunions avec eux et les coachs. Il fallait leur montrer qu'on mettait tout en œuvre pour eux, pour leur préparation. Car on ne peut pas revenir au temps d'avant. Et s'ils ne peuvent pas s'entraîner à cause de la situation, ils perdraient un temps très précieux.

Nos athlètes ne combattent pas, ne sont pas l'armée. On leur explique que le plus important est de représenter notre pays. Ils sont revenus directement à l'entraînement. La première fois ça a été difficile de partir du pays pour aller en compétition. Donc on a perdu d’importants tournois. Et c'était aussi le moment où des milliers de roquettes étaient lancées depuis Gaza sur Israël, c'était difficile à vivre. Mais ils sont très forts mentalement. Ils ont compris que maintenant ce n'était pas seulement concourir mais aussi de représenter le pays, les personnes qui ont beaucoup souffert. On est vraiment fier d'eux. Entre chaque entraînement, ils allient à la rencontre de familles, d'enfants pour faire du sport avec eux, pour leur donner de l'espoir et de l'inspiration. Aller en compétition partout dans le monde c'est un challenge. Mais ils sont forts, ce sont de jeunes adultes avec des rêves, des inspirations, des responsabilités. Je compte sur eux.

Certains d'entre eux ont-ils fait le choix de rester auprès de leur famille et stopper leur rêve olympique?

Non. Notre équipe s'entraîne et travaille. Malheureusement, on a toujours grandi, avec en tête, avec cette force dans notre esprit divisée entre ce qu'il se passe dans notre pays et l'envie d'accomplir nos rêves mais pas qu'en sport. Ce n'est malheureusement pas la première guerre. Israël est le pays où nous vivons. Nous avons cette résilience. En compétition, en sachant ce qu'il se passe dans leur pays, ça leur donne de l'énergie pour donner de l'espoir, des inspirations à la population.

C'est le message que vous souhaitez partager en venant aux Jeux olympiques? De l'espoir?

Vous savez les athlètes ont plusieurs couches. La première c'est eux même. Celle qui veut atteindre et accomplir ses rêves. Vous êtes un athlète, vous travaillez depuis vos 6 ans, et il n'y a pas d'autres endroits que les JO pour montrer au monde que vous êtes le meilleur. J'ai fait les jeux en 1992, je sais ce que c'est. C'est personnellement quelque chose de très important. La deuxième couche c'est celle du sport israélien. Ramener des succès à tout le monde, au pays. Chaque athlète dans le monde veut amener de la joie et rendre les gens fiers. Et ça ils l'ont tous en tête.

Article original publié sur RMC Sport