JO de Paris 2024 : le bassin de stockage d’Austerlitz, une cathédrale souterraine pour absorber le trop-plein des égoûts
PARIS - C’est peut-être le secret pour une baignade propre dans la Seine. En plein centre de Paris, une cathédrale souterraine à Austerlitz doit empêcher ou limiter la pollution dans la Seine en cas de fortes pluies. Le bassin de stockage des eaux usées et pluviales sera inauguré ce jeudi 2 mai, à trois mois des épreuves olympiques prévues dans le fleuve.
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Creusé en sous-sol à côté du Jardin des plantes, le bassin peut recevoir, via deux prises d’eau situées de chaque côté de la Seine, jusqu’à 50 000 m3 d’eaux usées et pluviales de la capitale en cas de fortes pluies, soit l’équivalent de 20 piscines olympiques, selon la mairie de Paris.
« C’est la deuxième cathédrale de Paris », commente Antoine Guillou, l’adjoint chargé de la propreté et du réseau d’assainissement. Ce bassin est composé d’un cylindre de 50 m de diamètre pour 30 m de profondeur. Ses 16 piliers, appelés « barrettes », vont jusqu’à 80 m sous terre, soit 50 m plus loin que le fond du bassin, d’où sa comparaison à une cathédrale souterraine.
« Dans le principe et dans le volume, il n’a rien d’exceptionnel. Ce qu’il a d’exceptionnel, c’est son insertion au cœur de Paris », précise tout de même Samuel Colin-Canivez, le responsable grands travaux du réseau d’assainissement parisien.
Créé par l’ingénieur Eugène Belgrand au milieu du XIXe siècle, le vieux réseau d’égouts de la capitale est unitaire, c’est-à-dire mélangeant eaux usées et pluviales. Or son fonctionnement « est très dépendant de la météo », résume Antoine Guillou : en cas de fortes précipitations, 44 déversoirs d’orage recrachent ce mélange dans le fleuve pour éviter que les égouts ne débordent.
En absorbant ce trop-plein, avant de le rendre au réseau d’assainissement via un système de pompage, le bassin d’Austerlitz doit permettre de « diminuer le volume » d’eaux impropres rejetées dans la Seine, souligne Antoine Guillou.
Un risque de débordement
Mais de fortes pluies peuvent, par exemple, saturer le bassin. « À Paris, les égouts, tunnels et bassins comme Austerlitz stockent 1,9 million m3 d’eaux. Une petite pluie de 10 mm, c’est 1 million de m3. Avec une grosse pluie cévenole de 20 mm, vous allez déborder de partout », anticipe Michel Riottot, un ancien ingénieur au CNRS.
C’est ce qui s’est produit en août 2023, contraignant à annuler la compétition de natation marathon prévue dans la Seine car les seuils de qualité de l’eau étaient nettement dépassés, après de fortes pluies.
« Quand on (aura) une pluie intense, de toute façon, on rejettera et on n’atteindra pas les critères de baignabilité », reconnaît Samuel Colin-Canivez. Mais « on va forcément s’améliorer sur la charge bactériologique qu’on donne au milieu (naturel). Donc on va gagner en nombre de jours de baignabilité », ajoute-t-il.
Le projet du bassin d’Austerlitz s’inscrit dans le Plan baignade, dans lequel les autorités ont investi environ 1,4 milliard d’euros pour permettre au grand public de plonger dès 2025 dans la Seine. Les travaux ont été accélérés avec l’organisation des Jeux Olympiques, où devraient se tenir des épreuves de natation marathon et triathlon.
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