JO de Paris 2024: non, aucun "plan B" pour la cérémonie d’ouverture n'est à l’ordre du jour
"J’espère que la situation géopolitique sera plus apaisée pour que l’on vive des Jeux sereins, organisés dans les meilleures conditions possibles. Si la veille, les voyants sont rouge cramoisi quant aux risques d’attentat, il faudra un plan B pour la cérémonie d’ouverture", a estimé David Douillet dans un entretien accordé à La Tribune Dimanche le week-end dernier. Une phrase d’un champion olympique et ancien ministre des Sports qui ne laisse pas sans réaction. Depuis une semaine, la petite musique du "plan B" pour cette cérémonie sur la Seine revient dans de nombreuses discussions entre des responsables politiques et sur les plateaux de télévision.
David Douillet a ensuite expliqué sa pensée au micro de RMC: "La vérité c’est que le plan B existe déjà. Et même un plan C, un plan D... En cas d'amplification de la menace terroriste, tout est déjà géré lors de réunions interministérielles et il y aura des modifications à prévoir".
Selon nos informations, aucun "plan B" n’a été clairement évoqué lors de réunions interministérielles. Des députés et sénateurs qui ont pu échanger avec des membres du gouvernement, concernés par la question, sont aussi sur cette longueur. Depuis le début, la menace terroriste prise en compte par les organisateurs est la plus forte possible pour cette cérémonie du 26 juillet 2024.
Pas de "plan B" donc mais dans les couloirs du gouvernement on parle "d’'adaptations possibles" pour cette cérémonie sur la Seine. Certains parlementaires de la majorité ne comprennent pas toujours les sorties de l’ancien ministre des Sports dans les médias depuis une semaine. D'autres, de l'opposition de droite, concèdent que la pensée de David Douillet "est légitime".
Dans cette construction du plan de sécurité autour de la cérémonie d’ouverture, Paris 2024 n’a presque pas son mot à dire, les services de l’Etat prennent le dessus sur l’organisation. "L’enjeu est bien trop important, on parle du plan de sécurité le plus important jamais conçu en France qui doit être ficelé au mètre près", souligne une source policière qui répète qu’un "plan B" n’est pas en place mais que des "adaptations" sont possibles, en fonction de la menace qui va varier jusqu’à l’approche de l’événement.
"Adaptation", le nouveau maître mot
La Coupe du monde de rugby terminée, Paris 2024 va devenir le centre des attentions dans les prochains mois.
"On ne peut même pas comparer avec le Mondial de rugby", sourit un cadre de Paris 2024. "Là, on dépasse le cadre du sport, à partir de janvier on va entrer dans l’année olympique, toutes les décisions, toute l’organisation seront épiées, commentées, je pense que l’on n'a pas encore conscience."
Pour illustrer ses propos, cet employé de l’organisation prend l'exemple du "bad buzz" sur les logements étudiants ces dernières heures.
Depuis quelques jours, un élément de langage est arrivé dans le débat public: l’adaptation. En clair, le défilé et la cérémonie d’ouverture pourraient connaître des modifications jusqu’au coup d’envoi des JO. "La cérémonie d'ouverture se fera sur la Seine, expliquait jeudi matin sur BFMTV la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra. Il est important de préserver l'ambition, mais ça n'empêche pas, dans la manière dont les choses sont faites, d'ajuster un certain nombre de variables." Tous les interlocuteurs répètent cette envie de "conserver l’ambition", ce qui n’enlève rien à l’idée qu’une réduction de la jauge ou de la distance du défilé reste possible. Pour cette occasion, plus de 35.000 forces de l’ordre seront mobilisées.
"Nous aurons des réponses autour du chef de l'État dans le cadre d'un prochain Conseil de défense en novembre", a aussi indiqué la ministre des sports sur BFMTV au sujet de la jauge de la cérémonie d’ouverture. Pour le moment, la question du nombre de spectateurs sur les quais hauts de la Seine n’a pas encore été dévoilée par le ministère de l’Intérieur (sur les quais bas – billetterie payante – 100.000 spectateurs seront présents). Ce sont d’ailleurs ses services qui vont gérer la billetterie gratuite pour la parade ce qui permettra un premier criblage des personnes présentes.
Plusieurs millions de personnes dans les rues de Paris
"Arrêtons de parler de cette fameuse jauge", coupe un député de la majorité lorsqu’on lui parle de 'plan B'. "C’est très difficile d’émettre des doutes publiquement sur cette cérémonie sans être taxé de jouer contre l’organisation. Mais il faut simplement réfléchir, il y aura plusieurs millions de personnes dans les rues de Paris. Vous pensez avoir seulement 600.000 personnes avec des tickets dans Paris et les autres à la maison ? Il faut arrêter ! On parle de plusieurs millions de personnes devant les écrans géants dans Paris pour faire la fête. La jauge est plus un fantasme des médias mais répondre sur la question de la sécurité de la capitale et des autres régions pendant cette cérémonie, ça sera le rôle des ministres dans les prochaines semaines."
Des policiers mettent aussi en avant leur savoir-faire dans la gestion des grands événements et la gestion des foules comme lors du 31 décembre sur les Champs-Elysées. "C’est incomparable, pas du tout la même situation", complète un autre parlementaire.
Avec les agents mobilisés sur cette cérémonie, certains parlementaires commencent à évoquer un doute en cas de "contre-feu" allumé par des manifestants dans d’autres régions au moment de la cérémonie d’ouverture. Les unités de forces mobiles seront principalement regroupées à Paris pour assurer la sécurité de ce moment d’histoire. Outre la menace sur la cérémonie d’ouverture, les craintes sont aussi importantes dans deux secteurs autour de ces JO. Comme depuis plusieurs mois, et malgré les éléments de communication, le recrutement dans le secteur de la sécurité privée avance difficilement. Le COJOP estime à 17.000 agents par jour ses besoins dans ce domaine, avec un pic à 22.000 agents de sécurité privée autour du 1er août. Pour faire face à ce manque de main d’œuvre et afin d’anticiper les besoins de sécurité, "le recours à l’armée est inéluctable", fait savoir un député de la majorité. Après plusieurs reports, cet appel sera normalement réalisé au début de l’année 2024.
Autre point de vigilance, le parcours de la flamme, connu depuis plusieurs semaines. C’est un événement qui demande une coordination optimale entre tous les services de l’Etat, les régions et l’organisation. Les récentes publications, comme chez nos confrères du Parisien, autour de troubles qui pourraient survenir lors de ce défilé à travers toute la France, ne rassurent pas les services.