JO de Paris 2024 : à quoi va servir la station de dépollution des eaux pluviales de Champigny-sur-Marne

Dans l’idée de rendre la Seine et la Marne « baignables » pour les Jeux olympiques et au-delà, les ministres des Sports et de la Transition écologique inaugurent une station de dépollution des eaux pluviales à Champigny-sur-Marne (photo d’illustration prise à la station d’épuration de Valenton, également théâtre de travaux avant les JO).

JO DE PARIS 2024 - Si Emmanuel Macron, Anne Hidalgo et Amélie Oudéa-Castéra parviennent à tenir leur promesse de piquer une tête dans la Seine, ce sera un peu grâce à la SDEP. Derrière cet acronyme se trouve la Station de Dépollution des Eaux pluviales de Champigny-sur-Marne, nouvel équipement inauguré ce mardi 22 avril dans le Val-de-Marne par la ministre des Sports et son homologue chargé de la Transition écologique, Christophe Béchu.

Pollution de la Seine : aux Jeux de Tokyo en 2021, la pollution de l’eau inquiétait déjà les athlètes

Car si la baignade est interdite depuis plus d’un siècle dans la Seine, du fait d’un arrêté préfectoral de 1923 encore en vigueur, l’exécutif promet de longue date qu’elle sera de nouveau possible cet été pour les athlètes participant aux Jeux olympiques, puis à terme pour la population. Un engagement qui représente un coût très important pour les finances publiques (environ 1,4 milliard d’euros pour le « plan baignade » dans son ensemble), et qui a nécessité de nombreux grands projets.

Faire face aux pluies importantes

Celui de Champigny-sur-Marne, chiffré à plus de 50 millions d’euros, répond à l’un des principaux enjeux liés à la qualité de l’eau : éviter que des pluies trop importantes ruissellent jusqu’aux cours d’eau et donc aux lieux de baignade en charriant avec elles des polluants amassés en chemin, notamment des eaux usées et polluées. En l’occurrence, la commune du sud-est de Paris accueille le bassin-versant du ru de la Lande, c’est-à-dire que tout un système de petits cours d’eau, alimentés par les précipitations, s’y jettent dans la Marne.

C’est la raison pour laquelle le site a été choisi pour recueillir ces eaux pluviales, les collecter, les traiter et enfin les rejeter propres dans la rivière.

À Champigny-sur-Marne, quelque 8000 mètres cubes d’eau de pluie vont pouvoir être stockés, dépollués et finalement rejetés propres dans la Marne.
Capture d’écran YouTube À Champigny-sur-Marne, quelque 8000 mètres cubes d’eau de pluie vont pouvoir être stockés, dépollués et finalement rejetés propres dans la Marne.

Comme vous pouvez le voir sur la vidéo ci-dessous, plusieurs lieux de collecte ont ainsi été créés à Champigny-sur-Marne depuis le début des travaux, en 2020, pour récupérer les eaux de pluie dans un réservoir de 8 000 mètres cubes.

Pour rappel, en juillet 2023, c’est à cause de pluies très importantes que les niveaux de pollution relevés dans la Seine avaient bondi, conduisant à l’annulation des épreuves test de natation en eau vive censées servir de grande répétition, en plein Paris, aux Jeux olympiques de cet été. Depuis, un autre immense bassin destiné à la captation de ces eaux pluviales a été construit aux environs de la gare d’Austerlitz, dans le XIIIe arrondissement.

Relâcher une eau propre dans la nature

La station du Val-de-Marne ne fait pas que conserver les eaux pluviales pour qu’elles ne se déversent pas : elle les traite aussi, à raison de 700 litres par seconde.

Au cours d’un périple à travers plusieurs grilles destinées à filtrer les déchets et les impuretés, mais aussi des bassins de décantation permettant de nettoyer les matières en suspension, et enfin un passage sous des lampes UV éliminant les bactéries, l’eau des précipitations est rendue propre et finalement rejetée dans la Marne, qui rejoint ensuite la Seine au niveau de Charenton-le-Pont et Ivry-sur-Seine, quelques kilomètres plus loin.

C’est dans la même logique que les deux grandes stations d’épuration du sud-est de Paris ont fait l’objet de travaux de modernisation, à Valenton (dans le Val-de-Marne) et Noisy-le-Grand (en Seine-Saint-Denis). Surtout, rappelle le cabinet de Christophe Béchu à la veille de l’inauguration, un accent particulier a été mis sur le contrôle et la mise en conformité des branchements du système d’eau aux abords de Paris. Au total, quelque 10 000 « mauvais branchements » qui participaient à ce que des eaux usées soient rejetées dans la Seine et la Marne doivent avoir été corrigés d’ici aux JO.

Des « jours de contingence » en cas de problèmes météo

Reste qu’en cas de forts orages par exemple ou d’erreur humaine comme celle qui avait conduit à la pollution de la Seine au beau milieu des épreuves test de triathlon, en août dernier, tous ces équipements pourraient ne pas suffire. Raison pour laquelle les autorités insistent sur les « jours de contingence » d’ores et déjà prévus autour des épreuves prévues dans le fleuve parisien et devant permettre un report, le temps que l’eau soit de nouveau baignable. À cet égard, le ministère des Sports prévoit un renforcement des contrôles, qui deviendront quotidiens à partir de la fin mai, et des procédures durcies.

Quant à savoir si le grand public, lui aussi, pourra se baigner dans la Seine et la Marne d’ici à l’été 2025, une trentaine de sites possibles ont déjà été identifiés et/ou sont candidats (parmi lesquels Maisons-Alfort et trois lieux dans Paris par exemple). Et puisqu’il n’est pas prévu que les arrêtés préfectoraux d’interdiction soient abrogés (la baignade est également interdite dans la Marne, depuis 1970), mais seulement que des dérogations soient accordées ponctuellement par le préfet d’Île-de-France, il faudra encore que la baignade soit compatible avec le trafic fluvial et les autres activités pour être autorisée.

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