Les JO 2024, un "rêve ultime" pour les athlètes... mais aussi les arbitres

Najib Chajiddine était en famille, quand il a reçu fin février une notification sur son smartphone, comme pour n’importe quelle convocation pour un match de championnat. Mais cette fois-ci, elle lui annonçait qu’il faisait partie des onze arbitres internationaux désignés pour le basket 3x3 aux Jeux olympiques. "C’était un moment intense, et j’ai ressenti beaucoup de fierté à ce moment-là, en repensant à mes 14 ans quand je suis parti en sport-études, parce que cette sélection représente un privilège, une fierté et beaucoup de travail. C’est un objectif qui se réalise et surtout un rêve d’enfant", confie l’arbitre finistérien.

Tout au long de la saison, il arbitre des matchs de championnat dont la Betclic Elite, en basket classique à cinq contre cinq. Et depuis 2016, il bifurquait sur le circuit mondial de basket 3x3 chaque été pour des tournois, en véritable passionné de cette spécificité tournée vers le jeune public. Cet été, il arbitrera Place de la Concorde, dans l’espace dédié aux nouveaux sports urbains dressé au pied de l’obélisque pour l’occasion. "J’ai eu l’occasion de passer devant, le site est exceptionnel, je pense qu’on a l’un des plus beaux de ces JO", glisse Najib Chajiddine, qui se prépare à enchaîner les matchs "sous le soleil pendant 8h de suite avec beaucoup plus de contacts à arbitrer en 3x3 qu’à cinq contre cinq, même si la FIBA essaye de faire le ménage."

Pour François Letexier, la désignation pour le tournoi de football olympique intervient au terme d’une saison où il a été élu meilleur arbitre du championnat de France de Ligue 1, et retenu également pour officier lors du prochain Euro 2024 en Allemagne. "Je n’aurai sûrement pas l’occasion de revivre les Jeux olympiques, et encore moins à domicile, savoure l’officiel breton de 35 ans. C’est un événement qu’on avait coché dans notre calendrier en espérant y participer, et de savoir que l’objectif est atteint est une vraie fierté."

Pour l’heure, Monsieur Letexier et ses assistants n’ont pas reçu les directives de la FIFA concernant l’arbitrage sur ce tournoi des Jeux, tous les arbitres étant réunis une semaine avant le début de la compétition pour connaître les messages forts et les attentes de la FIFA en termes d’arbitrage. La principale particularité du football aux Jeux olympiques réside dans la jeunesse imposée des joueurs : "il y a moins de structure dans les effectifs, car dans les autres compétitions, il y a le plus souvent un équilibre entre les générations qui fait que les plus âgés apportent de l’expérience, estime l’arbitre français. Avec des effectifs plus jeunes, plus fougueux, on essaye d’anticiper ça en tant qu’arbitre, en se disant qu’il peut se passer des choses sur le terrain qui ne sont pas habituelles avec des seniors."

Les JO de Paris comme apothéose d’une carrière

Pour Charlotte et Julie Bonaventura, les jumelles marseillaises, le tournoi de handball de Paris 2024 refermera une longue carrière. Elles fêteront le 2 août leurs 44 ans, dont une vingtaine d’années passées au sifflet, depuis 2009 en compétitions internationales. Ces Jeux de Paris seront les quatrièmes et derniers pour elles. "Les JO restent le rêve ultime pour les arbitres comme pour les athlètes, et les places sont chères ! On fait beaucoup de sacrifice pour maintenir un niveau de performance élevé alors quand on est désignées, c’est une joie immense et un soulagement. Maintenant, on attend avec impatience que les Jeux commencent !", souligne Charlotte Bonaventura.

Elles ont été pionnières en étant les premières femmes arbitres dans un Mondial masculin, désormais leurs dernières compétitions ont été quasi exclusivement masculines. Elles pourraient être amenées à officier aussi sur des matches féminins pour ces JO dont la phase finale est organisée au Stade Pierre-Mauroy de Lille. "Nikola Karabatic va finir sa carrière sur des Jeux à la maison et nous aussi, c’est une chance immense. Maintenant, on veut profiter pleinement de cette compétition, donner le meilleur et se faire de très beaux souvenirs pour cette fin de carrière", espère Julie Bonaventura.

Jérémy Rozier lui, donnera un nouveau cap à sa carrière après les Jeux. Seul Français retenu pour arbitrer le rugby à 7 lors des JO, il devait déjà officier à Tokyo il y a trois ans avant de déclarer forfait à cause d’une blessure. Au sifflet depuis sept ans, après une carrière d’international à 7 universitaire, il alterne depuis la saison dernière mais après les JO se consacrera uniquement au rugby à quinze. "Le 7 est un tremplin pour les arbitres comme pour les joueurs, sauf pour Antoine Dupont qui est un cas à part, avance l’arbitre francilien. Moi cela m’aura permis d’évoluer de la Fédérale 1 au Top 14, et potentiellement de pouvoir aller jusqu’au niveau international." Il attend impatiemment ce tournoi qui aura lieu au Stade de France.

"Les JO, c’est la plus grande compétition mondiale en rugby à 7. On a arbitré sur le circuit mondial au Cap en Afrique du Sud, à Twickenham en Angleterre. Mais arbitrer au Stade de France, ça va être extraordinaire. Une ambiance et un stade comme ça sur le rugby à 7, on n’a jamais connu ça en France", salive Jérémy Rozier, qui est suivi par un préparateur mental et un coach pour travailler sur sa communication avec les joueurs, afin d’être en parfaite condition à tous points de vue pour ce grand rendez-vous.

Article original publié sur RMC Sport