JO 2024: dans les coulisses de la fabrication des podiums des Jeux
En plus d’être entièrement conçus en France, les podiums des Jeux sont également éco-responsables. C’est à Aubervilliers, dans l’entreprise Le Pavé, que tout commence pour la fabrication des podiums. C’est ici que les panneaux qui recouvreront les marches des podiums sont produits. Cette start-up, créée en 2018, reçoit dans de gros sacs blancs, des tonnes de déchets recyclés sous forme de billes. "La matière plastique est d'abord collectée via des recycleurs ou des partenaires industriels en France. On reçoit la matière dans notre usine qui est déjà lavée, nettoyée, broyée", explique Marius Hamelot, le co-fondateur.
Ce jour-là, ce sont les derniers instants de la production. Les derniers lots de panneaux, qui formeront les podiums, vont bientôt quitter l’usine. "La matière a été malaxée et ensuite elle va être chauffée, compressée et refroidie pour produire des panneaux de différentes épaisseurs", détaille Hamelot. Il fallait évidemment respecter un cahier des charges de Paris 2024 notamment la couleur des plaques fabriquées qui doivent être blanches et grises. "On a reçu différentes couleurs de déchets. Certains viennent de l'agroalimentaire. Il y a des déchets blancs, gris et noir. Il n'y a pas de colorants. C'est la matière et le déchet qui donne la couleur", souligne le co-fondateur de Le Pavé.
Un long travail avec Paris 2024
Une fois les plaques en plastique recyclé poncées, elles sont emballées et prennent la direction de Sainte-Gemme-Moronval dans l’Eure-et-Loir. C’est dans l’entreprise Global Concept que les panneaux vont être réceptionnés par les équipes de Geoffrey Guilbert, le responsable commercial. Leur premier rôle ? L’impression numérique des logos des jeux olympiques et paralympiques. Devant une imprimante 3D, le panneau d’une trentaine de kilos est posé. "La plaque est blanche, pour la face avant du podium. L’impression numérique va durer trois minutes", explique Guilbert. Une fois terminée, le logo apparait. "On est fier de travailler pour les jeux. C'est la seule et unique fois qu'on peut le faire", sourit-il.
Place à la gravure des plaques. Parce que Paris 2024 n’a pas voulu rendre les choses faciles aux équipes de production. "C'est relativement rare de graver autant une pièce sans voir aucune fixation, elles passent au dos de la pièce. On a dû viser pour mettre les fixations dans les parties épaisses. Ça a été un long travail avec Paris 2024 pour que ça leur convienne et que nous, techniquement, on puisse le faire", détaille Geoffrey Guilbert. Autour des logos s’ajoute donc un symbole bien particulier.
"On voulait faire un lien avec les médailles et avoir cette référence avec la Tour Eiffel pour garder cette cohérence. Alors on a regardé des images de la tour Eiffel. Le problème est qu’elle est verticale, alors que le podium horizontal. On a dû trouver une subtilité", détaille Roncin. Les équipes ont alors pris une vue de la Dame de Fer avec au premier plan la passerelle Debilly. Les traits des deux monuments ont été travaillé sur des croquis. "La vue avec le pont et la tour Eiffel, rappelle la dentelle." Ce dessin est mis sur la face avant des podiums.
"Ça va plaire à tous les Français"
Pendant ce temps, à Orly, des menuisiers s’activent dans l’entreprise Giffard. Ils s’occupent de réaliser le socle en bois des 68 podiums. "On reçoit la matière première pour faire structure primaire, c'est-à-dire le contre plaquer fait en peuplier. Après, on fait la découpe et le montage", explique Alain Morales, responsable de Giffard. Perceuse et visses en main, Maxime, le menuisier assemble les différentes planches en bois. "On fait toute l'ossature, c’est-à-dire ce qui va reposer sur le sol." Une grande fierté pour lui de travailler sur ce projet. "Ça fait plaisir. Avec mon fils de 3 ans, je vais peut-être regarder ça avec lui. Et lui dire, regarde c'est papa qui a fait les podiums. C'est une fierté. Il y a quand même du stress. C'est quand même pesant. Il faut finir les podiums au plus vite car les JO sont demain."
Pour autant, les premiers sont déjà prêts. Pour les assembler, il suffit de rassembler les différents modules afin de donner la taille souhaitée au podium. "Ils vont de 3m60 à plus de 30m pour les sports par équipe et individuel. Il y a plusieurs configurations", souligne Joachim Roncin, designer de Paris 2024. En plus du symbole de la Tour Eiffel, les organisateurs ont tenu a ajouter une autre touche parisienne. En plus de la face de devant, blanche, ils ont mis une touche de gris sur le dessus. Pas par hasard.
"Pour le dessus des podiums c'est une référence aux toits de Paris, un gris plutôt zinc. On se dit qu'à partir du moment où les athlètes gagnent les médailles ils sont sur le toit du monde donc sur le toit de Paris", sourit Roncin. Dans l’usine, ils font l’unanimité. "C’est chouette. La finalité est sympa", pour Alain Morales. "Je pense que ça va plaire à tous les Français", espère Maxime, le menuisier.