JO 2024: le Comité d'organisation chiffre l'impact économique à 9 milliards d'euros

Ce n'est pas la première étude de ce genre mais celle-ci a le mérite d'être fondée sur des données officielles. Le Centre de droit et d'économie du sport (CDES) vient de dévoiler son étude d'impact économique des Jeux olympiques et paralympiques 2024. Un premier document similaire avait été réalisé fin 2015 et publié en février 2016 pour figurer dans le dossier de candidature parisien. "Il y avait une volonté d'actualiser des chiffres qui étaient un peu caducs du fait de la temporalité", explique Christophe Lepetit, chargé d'études économiques au CDES.

"À l'époque, beaucoup de données étaient par définition prévisionnelles car on était en phase de candidature et plusieurs jeux d'hypothèses essayaient d'évaluer les retombées économiques pour les territoires. Les Jeux n'étaient pas encore attribués et les marchés encore moins."

L'expert cite notamment les exemples de la carte des sites qui a été affinée et validée entre-temps ou encore des cérémonies qui ont évolué puisque la cérémonie d'ouverture du dossier de candidature devait être organisée, assez traditionnellement, dans un stade.

"Avec la période d'inflation renforcée que nous avons connue, les tensions géopolitiques et le Covid, il fallait intégrer ces paramètres pour mesurer l'impact au bout du compte", souligne-t-il.

Les résultats de la nouvelle étude aboutissent à un impact économique chiffré à 8,990 milliards d'euros dans le scénario central, avec une fourchette basse à 6,7 milliards d'euros et une borne haute à 11,1 milliards d'euros.

Une méthodologie standardisée pour les futures olympiades

Contrairement à certaines idées reçues, l'étude d'impact économique ne vise pas à mesurer la rentabilité économique d'un évènement mais à mesurer un surcroît d'activité sur un territoire par rapport à une situation où cet évènement n'est pas organisé. L'évaluation de la rentabilité des Jeux nécessite d'autres outils et se traduit par une étude coûts/bénéfices commandée par l'Etat pour 2025. Alors que la mesure de l'impact économique des grands évènements manquait jusqu'à présent d'une méthodologie claire, cette étude vise justement à en instaurer une à l'avenir:

"Nous avons travaillé avec le CIO et l'OCDE pour mettre au point une méthode qui sera utilisée pour les futures éditions des Jeux d'été et d'hiver", indique Marie Barsacq, directrice Executive Impact et Héritage au sein de Paris 2024.

Le CDES s'est ainsi référé aux guides méthodologiques de l'OCDE pour les organisateurs d'évènements et a pu compter sur les chiffres officiels précis que lui ont communiqué le comité d'organisation ainsi que la Solideo, la société de livraison des ouvrages olympiques. Il a également bénéficié de l'expertise d'autres organismes comme l'Insee ou encore l'Office de tourisme de Paris.

Un impact concentré dans les phases d'organisation et de construction

Dans le cadre de cette étude d'impact économique, le centre a logiquement limité son périmètre d'étude à la région Île-de-France. "Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas d'impact ailleurs, précise Christophe Lepetit. Des personnes qui vont venir pour assister aux Jeux en profiteront pour aller visiter d'autres endroits en France mais sans que ce soit lié aux Jeux."

En ce qui concerne la périodicité, elle court de 2018, qui marque la première année post-attribution des Jeux 2024 à Paris, jusqu'à 2035 et se divise en trois phases: la phase de préparation avec des dépenses de construction et de rénovations de sites entre 2018 et 2023), la phase de déroulement avec des dépenses liées à l'organisation en 2024 et la phase d'héritage sur une période de dix ans allant de 2025 à 2035.

L'impact économique est mesuré à travers trois catégories de dépenses. Tout d'abord, les dépenses d'organisation liées aux livraisons des épreuves et des Jeux et qui incluent des dépenses non opérationnelles de structures. Puis les dépenses de construction et rénovation. Enfin, les dépenses touristiques qui correspondent à celles des visiteurs qui ne seraient pas venus en France sans les Jeux. Dans le scénario central proche des neuf milliards d'euros, 70% de l'impact est réparti entre les catégories d'organisation (3,8 milliards) et de construction (2,5 milliards).

"Ce qui est le plus incertain reste la partie touristique pour laquelle on s'est basé sur les premières phases de commercialisation de billets pour voir quelles personnes avaient acheté, quelle était leur origine, explique Christophe Lepetit. Sur la partie des dépenses d'organisation et de construction, on a pu bénéficier de données de dépenses déjà réalisées ou engagées."

L'expert observe d'ailleurs que la très large partie (entre 83% et 92%) de l'impact économique est concentrée sur la phase de préparation et concerne les phases de préparation et de déroulement qui sont les phases sur lesquelles les données à disposition sont les plus fiables.

Les TPE et PME largement mobilisées

À l'occasion de la présentation de l'étude d'impact économique des Jeux, le comité d'organisation et la Solideo ont également abordé l'intégration des TPE/PME et des entreprises de l'économie sociale et solidaire (ESS) dans la préparation de l'évènement. Sur les quelque cinq milliards d'euros d'achats des deux entités, 2,7 milliards d'euros proviennent de Paris 2024 qui a collaboré avec 2.300 fournisseurs sans compter les centaines de sous-traitants auxquels ont eu recours certains. À date, 98% des marchés de Paris 2024 ont été passés et 88% d'entre eux ont été remportés par des entreprises françaises tandis que la proportion de TPE/PME s'élève à 79%.

De son côté, la Solideo a dépassé son objectif de 25% de marchés attribués à des TPE/PME ou entreprises de l'ESS avec une part de 36% pour une valeur de 800 millions d'euros. Au total, 2.500 de ces structures, dont 135 issues de l'ESS, ont été bénéficiaires de marchés pour les ouvrages olympiques tandis que 85 départements sont représentés parmi les entreprises qui ont travaillé sur les chantiers.

Article original publié sur RMC Sport