Joël Guerriau, sénateur Les Indépendants, en garde à vue, ce que l’on sait des accusations le visant

Capture d’écran de Joël Guerriau, à la tribune du Sénat le 27 juin 2023.
Capture d’écran de Joël Guerriau, à la tribune du Sénat le 27 juin 2023.

POLITIQUE - Agitation au Palais du Luxembourg. Une enquête a été ouverte à l’encontre du sénateur de Loire-Atlantique Joël Guerriau, membre du groupe Les Indépendants - République et Territoires, proche du camp présidentiel. Il est soupçonné d’avoir drogué la victime en vue de commettre une agression sexuelle.

« Si c’est vrai, c’est effroyable », a réagi ce vendredi 17 novembre Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et numéro 2 du parti Horizons dont Joël Guerriau est membre. « Il ne peut évidemment pas rester au sein du parti s’il y a le moindre doute sur la véracité » des faits, ajoute le ministre sur France Inter, en précisant que l’affaire sera abordée lors du bureau politique du parti prévu samedi.

Le parquet ainsi qu’une source syndicale ont indiqué que Joël Guerriau avait été placé en garde à vue jeudi matin, tandis que deux sources proches du dossier ont indiqué que la garde à vue avait été entamée mercredi soir. Une confontration était en cours ce vendredi, entre le sénateur et la députée, précise l’AFP.

Qui est Joël Guerriau ?

Joël Guerriau, 66 ans et élu à la haute assemblée depuis 2011, occupe au Palais du Luxembourg les fonctions de secrétaire du Sénat et vice-président de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées. Il siège au sein du groupe Les Indépendants - Territoires et Libertés.

Banquier de profession et maire de Saint-Sébastien-sur-Loire (Loire-Atlantique) entre 1995 et 2017 sous l’étiquette UDI, Joël Guerriau s’est affiché ces derniers mois à quelques reprises avec l’ex-Premier ministre Édouard Philippe dont il a rejoint le parti Horizons.

Ce qui lui est reproché

Joël Guerriau est soupçonné d’avoir drogué une femme à son domicile à Paris dans la nuit de mardi à mercredi 15 novembre. Selon RMC et plusieurs sources proches du dossier à l’AFP, la victime serait une députée mais le parquet n’a pas confirmé cette information.

La victime se serait sentie mal après avoir pris un verre chez le sénateur, avec qui elle n’entretient pas de relation intime, a confirmé le ministère public. Selon les déclarations de la victime aux enquêteurs, relayées par BFMTV, les deux élus se connaissent de longue date. Au cours de cette soirée organisée pour célébrer un évènement, la victime dit avoir noté le « comportement étrange » du sénateur qui la regardait avec « insistance ». Après avoir bu un verre préparé par Joël Guerriau, elle se sent mal et quitte les lieux en taxi pour se rendre à l’Assemblée nationale. Elle prévient deux collègues et est prise en charge par les secours pour de premiers examens. Des prélèvements réalisés à l’hôpital Lariboisière confirment ensuite la présence d’ecstasy dans son organisme, a précisé le parquet de Paris.

La femme a déposé plainte par la suite. Selon BFMTV, la victime a déclaré que Joël Guerriau n’avait tenté aucun rapprochement physique avec elle au cours de la soirée. « Pour autant, elle se dit persuadée que si elle lui avait confié son mal-être, il lui aurait probablement proposé de rester chez lui pour la nuit dans le but d’abuser d’elle », écrivent nos confrères.

Perquisition et garde à vue

Des perquisitions ont été menées au bureau de Joël Guerriau mais aussi à son domicile, endroit où les enquêteurs ont retrouvé de l’ecstasy.

Joël Guerriau a été interpellé puis placé en garde à vue pour « administration à une personne, à son insu, d’une substance de nature à altérer son discernement ou le contrôle de ses actes pour commettre un viol ou une agression sexuelle ». L’enquête, confiée au 3e district de police judiciaire, a été ouverte en flagrance, une procédure qui permet de ne pas avoir besoin de demander la levée de son immunité parlementaire.

L’avocat du sénateur Me Rémi-Pierre Drai s’est indigné de la médiatisation de l’affaire. « Nous sommes fort loin de l’interprétation scabreuse que l’on peut déduire à la lecture des premiers articles de presse », a-t-il réagi auprès de l’AFP. « Soit le parquet est responsable » de la fuite d’informations « et cela me scandalise (...) soit le parquet n’y est pour rien et alors il doit s’interroger sur l’identité de l’auteur de cette violation et enquêter», réclame-t-il.

« Sur le fond, je ne donnerai aucune information non seulement parce que je suis tenu au secret de l’enquête, mais surtout par respect pour mon client et pour la plaignante dont je m’étonne que le nom ne soit pas livré contrairement à celui de mon client », a ajouté Me Drai.

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