Jeux paralympiques de Paris 2024: Abel Aber, de la boxe au paracanoë... jusqu’aux Jeux?

“Je le dis souvent, le sport a été mon médicament”, avoue d’entrée Abel Aber. Après un accident de la route en 2003, alors qu’il n’a que 17 ans, le Vosgien se retrouve amputé fémoral de la jambe droite. Pour encaisser ce changement de vie, le sport fait figure de thérapie, et participe à sa rééducation. “Je me suis retrouvé amoindri, donc le sport a été un moyen de retrouver une condition physique. Il faut pouvoir compenser le handicap, et se fixer des objectifs petit à petit” raconte le paracéiste.

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Dans un premier temps, la boxe est sa discipline de prédilection. Boxe anglaise pour se remettre debout, puis grâce à du matériel adapté, il peut aller plus loin : “J’ai essayé la boxe pied-poing, même avec une jambe en moi. C'était un défi personnel et j’ai pu le faire pendant une quinzaine d’années, à mon petit niveau mais j'ai quand même boxé contre des amateurs valides en moins de 80 kg, c'est une petite fierté ! Une fois qu'ils voyaient ma jambe, c'était technicotactique, toucher sans être touché, faut être intelligent, logiquement les adversaires utilisaient ce moyen.”

La découverte du paracanoë en 2019

Cinq ans avant les Jeux de Paris, Abel Aber tombe sur internet sur l’annonce d’une journée de détection organisée à Vichy par le Comité paralympique et sportif français. Alors qu’il effectue les 400 kilomètres de route, il ignore encore que la paracanoë pourrait le mener jusqu’à Paris 2024. “J'incite toutes les personnes à mobilité réduite à s’inscrire à ce type de journées pour découvrir les différentes disciplines. C’était super et j'ai bien accroché avec la Fédération française de canoë-kayak, sur une discipline qui est très explosive, dynamique sur 200 mètres”, détaille Abel Aber.

Le voilà lancé dans un projet paralympique. Quelle similitude entre la boxe et sa nouvelle discipline ? “Il faut être réactif et avoir cette combativité, analyse-t-il. Beaucoup de sportifs, toutes disciplines confondues, passent en salle de boxe pour travailler cette hargne, cette envie de de terrasser l'adversaire. Et puis c'est un gros investissement physique, en plus d’un bon coup de technique que j'ai réussi à acquérir.”

De l'espoir pour Los Angeles 2028

Abel Aber franchit les étapes en paracanoë : 2021, première sélection française ; 2022, il réalise le 5e temps mondial de sa catégorie : “Là, on se prête au jeu et l'objectif c'est d'aller sur le podium. Les Jeux, c’est un nouveau défi, faut se faire plaisir, c'est un bel enjeu.” Pour être présent sur le plan d’eau de Vaires-sur-Marne l'été prochain, Abel Aber doit donc terminer meilleur français (Eddie Potdevin est également en lice en VL3 hommes) lors des Championnats du monde de Szeged, qui permettent de distribuer les derniers quotas paralympiques.

Mais à 37 ans, Paris 2024 ne sera pas forcément son dernier défi : “Je pourrais éventuellement continuer, je sais que je pourrais pousser jusqu'à Los Angeles 2028 dans cette discipline tant que la condition est présente. C'est un sport vraiment intéressant, avec son aspect proche de l’environnement sur de magnifiques bassins, et ce côté très explosif”. S’il est qualifié, le Spinalien disputerait cet été ses premiers Jeux.

Article original publié sur RMC Sport