Jeux olympiques de Paris 2024 : ces promesses de l’organisation qui ont bien changé avec le temps

Entre les annonces initiales sur la cérémonie d’ouverture, les transports ou le budget, entre autres, la réalité est devenue parfois bien différente.

JO DE PARIS - Plus d’un demi-million de spectateurs en liesse sur des quais de Seine désertés par les bouquinistes et les Daft Punk en concert exceptionnel trois ans après leur séparation. Voici à quoi aurait pu ressembler la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024. Du moins si l’on s’était fié aux annonces faites par les organisateurs… et sur lesquelles ils sont bien souvent revenus.

À six mois des JO de Paris, découverte du siège du Cojo, une fourmilière qui grossit chaque semaine

À cinq mois jour pour jour de l’ouverture des Jeux olympiques de Paris, Le HuffPost s’attarde sur quelques-unes des promesses du comité d’organisation, le Cojo, mais aussi de la région Île-de-France et plus largement des autorités françaises, qui ont depuis largement évolué. Quand elles n’ont pas été purement et simplement abandonnées.

• La jauge de la cérémonie d’ouverture largement revue à la baisse

De 600 000 spectateurs annoncés en octobre 2022 au Sénat par Gérald Darmanin, dont 500 000 sur les quais hauts de la Seine, on est passé 15 mois plus tard à un peu plus de 300 000 au total, 100 000 sur les quais bas avec des billets payants et 220 000 sur les quais hauts avec des billets gratuits, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article.

Réinterrogé en mai 2023 lors de la signature du protocole de sécurité sur la cérémonie, Gérald Darmanin avait pourtant répété le chiffre de 600 000. « Aujourd’hui, la cérémonie d’ouverture est comme elle était prévue », a pourtant affirmé le ministre le 31 janvier, des propos en contradiction avec ses annonces précédentes.

• Pas de plan B pour la cérémonie d’ouverture ?

Confusion encore sur la cérémonie d’ouverture. Alors qu’Emmanuel Macron a affirmé fin décembre qu’il y avait « évidemment des plans B, des plans C, etc. » sur son organisation « en cas de menace potentielle », et que la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra a, elle, assuré le 7 janvier que « différents scénarios » de plans alternatifs étaient à l’étude, des propos plus récents de Tony Estanguet ont depuis semé le doute.

Le président du Cojo a en effet annoncé le 10 janvier qu’il n’y avait pas de plan B ou C dans les cartons. « Nous, aujourd’hui, avec Thomas Jolly, le directeur artistique des cérémonies, nous travaillons sur une cérémonie d’ouverture sur la Seine » et « pas sur un autre lieu ».

• Les Daft Punk annoncés un peu trop vite

Cérémonie d’ouverture encore et toujours, son metteur en scène Thomas Jolly a parlé un peu trop vite le 24 octobre dernier sur France Inter, quant à l’éventuelle présence des Daft Punk, peut-être les stars musicales françaises les plus connues à travers le monde. « Ce serait très heureux qu’ils soient dans cette cérémonie. On ne peut pas ne pas y penser pour une cérémonie d’exposition internationale », a ainsi déclaré le metteur en scène de Starmania, interrogé sur la tenue de « négociations » avec le duo.

Marche arrière dès le lendemain : « Je me dois de clarifier : après avoir échangé sur une possible présence à la cérémonie, la décision du groupe est de ne pas y participer. Je respecte cette décision et m’excuse de l’ambiguïté de mes propos. »

• Les bouquinistes, qui pourront bien rester sur les quais

On peut ici parler d’une promesse à l’envers. En vue de la cérémonie d’ouverture, la préfecture de police de Paris voulait déplacer les célèbres étals des bouquinistes et leurs boîtes installées le long des quais de Seine, invoquant des aspects sécuritaires.

Une solution de compromis avait un temps été envisagée pour n’en démonter qu’une partie, mais sans satisfaire les principaux intéressés, mécontents de leur sort. Finalement, ces derniers ont fini par gagner, les autorités se résignant à ne rien déplacer.

• Les transports annoncés gratuits, qui seront finalement payants et très chers

C’était sans aucun doute la promesse la plus marquante, inscrite dans le dossier de candidature parisienne : un accès gratuit à l’ensemble du réseau de transports publics francilien durant les JO pour les détenteurs de billets pour les épreuves. Las, celle-ci a fini par être balayée par l’inflation et un surcoût de 200 millions d’euros annoncé par Île-de-France Mobilités (IDFM).

Fin 2022, Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, s’est rendue à l’évidence que le tout gratuit n’était plus tenable. Elle a alors annoncé que non seulement les transports seraient bien payants, mais en plus au prix fort. Du 20 juillet au 8 septembre 2024, le prix du ticket de métro à l’unité va ainsi doubler et passer à 4 euros. Du jamais vu. Les touristes et visiteurs n’auront en plus d’autres choix possibles puisque les forfaits Navigo jour et semaine ne seront exceptionnellement pas commercialisés pendant les Jeux.

• Des lignes de transports publics pas terminées

Si l’on remonte beaucoup plus loin dans le temps, d’après le dossier de candidature de Paris-2024 présenté en 2015, à l’onglet transports, on imaginait plusieurs nouvelles lignes en fonctionnement, sur des liaisons clés, comme le rappelait Le Monde il y a une dizaine de jours. Par exemple, rejoindre depuis l’aéroport de Roissy le centre de Paris en 20 minutes à bord d’un train direct, le Charles-de-Gaulle Express. En banlieue, le plan de route prévoyait la création des lignes 15, 16 et 17. Aucune de ces lignes mentionnées n’a aujourd’hui été réalisée.

• Des JO populaires, vraiment ?

Face aux nombreuses polémiques sur le prix des places jugé trop cher par beaucoup, le Cojo a pourtant toujours mis en avant son idée de Jeux « populaires », notamment quand Tony Estanguet s’est défendu en assurant que les Jeux de Paris n’étaient « pas plus chers » que ceux de Londres en 2012. L’argument du million de places à 24 euros, soit 10 % du total des places, revenait alors souvent sur la table. Pourtant, comme le pointe L’Humanité, Londres-2012 proposait… 2,5 millions de tickets à 23 euros.

• Le budget d’origine des Jeux, qui a bien gonflé

Lorsque la France a déposé en 2017 son dossier de candidature, elle annonçait un budget autour de 6,8 milliards d’euros. Sept ans plus tard, celui-ci a gonflé de presque un tiers, pour se fixer à 8,8 milliards d’euros. À l’heure actuelle.

Dans un rapport publié en milieu d’année dernière, la Cour des comptes ne s’était d’ailleurs pas montrée tendre avec l’organisation des Jeux parisiens. Elle estimait qu’une partie de l’augmentation du budget en date de fin 2022 « résult(ait) d’une sous-estimation évidente du budget de candidature et d’une méconnaissance peu compréhensible de la complexité du cahier des charges du Comité international olympique ».

• Des milliers de nuits d’hôtel annulées à Châteauroux

Alors que les épreuves de tir sportif se dérouleront à Châteauroux, le Cojo avait réservé en amont des milliers de nuits d’hôtel dans la préfecture de l’Indre. Avant de faire brutalement machine arrière en toute fin d’année dernière. Résultat, une demi-douzaine d’établissements, en colère, se retrouvent avec des centaines de nuitées annulées, le Cojo invoquant des besoins moins importants que prévu. Et une idée de Jeux qui profiteraient à d’autres territoires que la capitale qui en prend un coup. Un de plus.

VIDÉO - Jeux Olympiques : La prise de position d'Oudéa-Castéra pour Agbegnenou