Jeux olympiques de Paris 2024 : face à la polémique, l’épreuve de surf pourrait changer de site à Tahiti

La tour prévue, de 14 mètres de hauteur, devrait comporter un local technique climatisé pour les serveurs internet alimentés par un câble sous-marin, mais aussi des toilettes avec un système d’évacuation raccordé à une canalisation.
JO 2024 La tour prévue, de 14 mètres de hauteur, devrait comporter un local technique climatisé pour les serveurs internet alimentés par un câble sous-marin, mais aussi des toilettes avec un système d’évacuation raccordé à une canalisation.

JO 2024 - C’est un projet qui fait des vagues. Une tour de 14 mètres de haut, avec trois étages, un local climatisé, un accès à Internet et des toilettes devait être installée dans les prochaines semaines au beau milieu du lagon du mythique spot de Teahupo’o, à Tahiti. Objectif : accueillir les juges de l’épreuve de surf des Jeux olympiques de Paris 2024 dans les meilleures conditions.

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Mais le projet suscite la controverse, si bien que le président de la Polynésie française, Moetai Brotherson, a affirmé ce mardi 8 novembre à l’AFP qu’il envisage de déplacer l’épreuve. Des écologistes, des surfeurs et des habitants du village de Teahupo’o ont en effet dénoncé la construction de cette tour et l’installation de câbles sous-marins qui pourrait dégrader les fonds marins et nuire à la biodiversité du site.

Des craintes partagées par Moetai Brotherson, qui exclut l’utilisation de la tour en aluminium et envisage d’organiser l’épreuve à Taharuu, un site moins renommé, mais plus facile d’accès, sur la côte ouest de Tahiti. Ce spot avait déjà été envisagé, « c’est un beach-break, doté de toutes les infrastructures à terre », détaille l’élu. Ce choix « nous aurait permis d’éviter les soucis qu’on a aujourd’hui. À l’époque ce n’était pas possible. Au regard des enjeux et de la protestation aujourd’hui, peut-être qu’on pourra réviser cette option », a insisté le président.

Réutiliser la tour en bois de Teahupoo

La tour prévue est déjà construite, mais n’a pas encore été installée sur le site de Teahupo’o. Le coût du projet est estimé à près de 4,4 millions d’euros, et son installation nécessite de planter dans le récif douze plots en béton avec des micropieux.

« Je ne vois pas par où on pourrait faire passer la barge (de la foreuse) (...) sans exploser du corail », déplore à ce sujet Moetai Brotherson. Les récifs coralliens, de moins en moins nombreux à cause des activités humaines et du changement climatique, abritent 25 % de la biodiversité marine de notre planète. Leur préservation préoccupe donc largement les scientifiques, mais aussi les habitants de Tahiti.

Après une manifestation locale contre le projet, le surfeur Matahi Drollet a lancé l’alerte sur les réseaux sociaux, espérant sensibiliser le plus grand nombre aux enjeux pour son île. « Cette nouvelle construction va détruire une grande partie du récif », met-il en garde. Et cette opération reçoit un écho certain : ce mardi la pétition lancée par l’association Vai Ara o Teahupoo réuni plus de 147 000 signatures.

« Nous demandons au gouvernement du pays de renoncer à la nouvelle tour d’arbitrage des JO 2024, aux forages du platier, aux canalisations sous-marines », revendique le texte. Pour Moetai Brotherson, la seule solution permettant de conserver le site mythique de Teahupo’o est d’homologuer pour les Jeux olympiques la tour en bois utilisée dans le cadre des compétitions du circuit mondial de surf à cet endroit, comme vous pouvez le voir ci-dessous.

La tour des juges pour l’Outerknown Tahiti Pro 2022, à Teahupo’o, en Polynésie française.
JEROME BROUILLET / AFP La tour des juges pour l’Outerknown Tahiti Pro 2022, à Teahupo’o, en Polynésie française.

Le comité d’organisation des JO justifie pour sa part le projet en avançant des raisons de sécurité, la tour en bois (13,50 m) n’étant plus aux normes. Une équipe technique travaille sur cette hypothèse et doit se prononcer le 15 novembre. Selon le président de la Polynésie française, il faudra également déterminer si les délais d’appels d’offres et de mise aux normes sont tenables.

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