“La jeunesse emmerde le Front national”, d’où vient ce slogan punk ?

Le soir du 9 juin, la France de gauche (mais pas seulement) est sonnée devant le nouveau résultat historique du Rassemblement national (RN) aux élections européennes : 31,37 % des voix.

“Depuis, des manifestations et des rassemblements ont eu lieu presque tous les jours en France. L’un des slogans les plus repris,‘La jeunesse emmerde le Front national’, est un vieux slogan punk créé il y a quarante ans”, explique le média italien Il Post.

Dans une manifestation à Dijon, le 15 juin 2024.
Ce slogan a été inventé par Bérurier noir à la fin des années 1980. Le groupe punk le faisait scander par la foule à la fin de sa chanson “Porcherie” lors de ses concerts.. PHOTO ARNAUD FINISTRE/AFP
Dans une manifestation à Dijon, le 15 juin 2024. Ce slogan a été inventé par Bérurier noir à la fin des années 1980. Le groupe punk le faisait scander par la foule à la fin de sa chanson “Porcherie” lors de ses concerts.. PHOTO ARNAUD FINISTRE/AFP

Après le score inédit du RN au premier tour des législatives le 30 juin, il a encore résonné sur la place de la République à Paris et ailleurs en France.

Cette phrase devenue mythique a traversé les décennies.

Elle vient tout droit des années 1980 “alors que se développait en France, comme dans la plupart des pays occidentaux, une scène musicale punk liée à la contre-culture et à l’activisme politique de gauche”, dont l’un de ses groupes phares était Bérurier noir, rappelle Il Post.

Fondé à Paris en 1983 par Fanfan et Loran, Bérurier noir devient vite le fer de lance d’une scène socialement très engagée et marquée par l’antifascisme et l’autonomie.

Le duo s’étoffe d’année en année, rejoint par toute une troupe de danseurs, jongleurs ou musiciens.

“Leurs textes très engagés, les fanzines, le bouche-à-oreille et leurs concerts parfois interrompus par la police (et pris pour cible par des skinheads néonazis) ont contribué à la renommée de Bérurier noir en France mais aussi à l’étranger.”

Le quotidien italien “Il Post”

Fanfan, lors du premier concert de reformation de Bérurier noir, aux Transmusicales de Rennes le 5 décembre 2003. 
De son vrai nom François Guillemot, il est devenu historien et est un chercheur reconnu sur le Vietnam. Il travaille au CNRS.. PHOTO ANDRE DURAND/AFP
Fanfan, lors du premier concert de reformation de Bérurier noir, aux Transmusicales de Rennes le 5 décembre 2003. De son vrai nom François Guillemot, il est devenu historien et est un chercheur reconnu sur le Vietnam. Il travaille au CNRS.. PHOTO ANDRE DURAND/AFP

Bérurier noir écume les squats pour donner ses concerts, joue dans la rue, sur les piquets de grève, et sort des 45 tours et des albums sur le label alternatif Bondage, qui les vend loin des circuits traditionnels.

Le groupe bénéficie d’une notoriété soudainement beaucoup plus importante lorsque Et hop ! et Porcherie devient la bande-son des manifestations étudiantes de l’automne 1986.

Porcherie attaque bille en tête le capitalisme roi et la répression des mouvements sociaux par la droite au pouvoir.

Mais l’extrême droite est visée elle aussi. L’ancêtre du RN, le Front national, dirigé par Jean-Marie Le Pen, le père de Marine Le Pen, venait cette année-là de faire une entrée fracassante à l’Assemblée nationale avec 35 députés.

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