Un jeune cinéaste de Caen réalise un clip non-officiel pour Orelsan

Clip non-officiel du titre d'Orelsan
Clip non-officiel du titre d'Orelsan

Une bande de potes, une caméra et beaucoup de créativité. Avec une dizaine d'amis, Tom Coulommiers, cinéaste caennais de 21 ans s'est lancé en janvier un défi inédit: réaliser un clip pour le morceau Seul avec du monde autour, extrait du dernier album d'Orelsan, Civilisation.

Dévoilée le 26 mai dernier, cette vidéo, non-officielle, a néanmoins été visionnée par l'artiste - qui a apprécié le projet - et comptabilise plus de 50.000 vues sur YouTube depuis sa sortie. Tom Coulommiers nous raconte l'histoire de ce clip, réalisé avec trois bouts de ficelle et beaucoup d'énergie.

"Tout est parti d'une rencontre"

"Tout est parti d'une rencontre", résume Tom Coulommiers. Alors qu'il travaille sur un tournage en présence d'Orelsan, le jeune réalisateur échange avec l'artiste caennais qu'il décrit comme "accessible" et "humble".

"Je ne connaissais que très peu Orelsan avant ça. De pouvoir le rencontrer, ça m'a amené à découvrir davantage son univers et qui il est. Après cette discussion, je me suis intéressé de plus en plus à son histoire, à ses fans... Et ça m'a donné envie d'aller plus loin", explique Tom Coulommiers.

De cet échange, naît l'idée de créer un clip pour Orelsan, et de le lui proposer comme vidéo officielle. Le cinéaste, qui réalise des longs et courts-métrages depuis l'âge de 10 ans, choisit d'illustrer le morceau Seul avec du monde autour.

Il réunit toute une équipe originaire de Caen et débute son tournage de deux jours à travers la ville aux cent clochers. Parmi le casting, on retrouve entre autres le comédien Kilian Paing dans le rôle d'Orelsan mais aussi, derrière la caméra, Fabien Drugeon, réalisateur du documentaire Guillaume, la jeunesse du conquérant, sorti en 2015.

"Un grand enfant"

Dans son clip, Tom Coulommiers conte le quotidien d'une bande d'amis, fait de musique, de bière et de jeux vidéos. Un clin d'œil à l'histoire d'Orelsan, Gringe, Skread et Ablaye, racontée dans le documentaire Montre jamais ça à personne.

"L'univers d'Orelsan me touche, parce qu'il a beau avoir 40 ans, ça reste un grand enfant. Dans mon cinéma, je m'intéresse beaucoup à cette idée de retour à l'enfance chez l'adulte donc ça me tenait à cœur de le mettre en avant dans ce clip", explique le réalisateur.

On y aperçoit ainsi le célèbre canapé où squattent Orelsan et Gringe dans le film Comment c'est loin , l'abribus du clip Changement ou encore un extrait des paroles du morceau Du propre, chantées lors d'un karaoké. Des références propres à fédérer le public du rappeur caennais, comme l'explique Tom Coulommiers.

"De nombreux fans nous ont dit qu'ils se retrouvaient beaucoup dans cette bande d'étudiants, alter ego d'Orelsan et son équipe, qui a grandi bercée par les années 80, les mangas, les jeux vidéos... On nous a même demandé une suite de leurs aventures!".

Cette vidéo est également un hommage à la ville de Caen, que chante souvent Orelsan. Le groupe d'amis vagabonde entre les lieux emblématiques de la ville normande tels que le campus 1 de l’université, les bars du port ou encore le Zénith.

Un clip pour moins de 500 euros

Outre la contrainte de temps "par crainte qu'Orelsan sorte le clip officiel du même morceau", le budget était également très limité. L'équipe disposait de moins de 500 euros pour réaliser son clip.

Afin d'économiser au maximum, le jeune cinéaste a dû faire preuve d'ingéniosité. "Au lieu d'avoir un catering (stand de restauration lors d'événements), on s'est simplement acheté des sandwichs dans un Carrefour du centre où l'on tournait une scène", raconte-t-il.

"Sur le reste du tournage notre cantine c'était le désormais célèbre kebab Magic Beaugosse, dont le chef fait d'ailleurs une apparition dans le clip."

La plupart des membres de l'équipe ont également participé de manière bénévole au tournage. "L'idée c'était de proposer un clip professionnel, réalisé entre potes avec très peu de budget et sans prise de tête", résume Tom Coulommiers.

Orelsan valide l'initiative

Dès que le clip est publié sur YouTube, Tom Coulommiers l'envoie à Orelsan. Si le rappeur n'en fait pas son clip officiel, il valide néanmoins l'initiative et l'effort fourni par le jeune cinéaste.

"Il m'a dit qu'il appréciait beaucoup les clins d'œils faits à la ville et qu'il y avait une "bonne vibe". Il a aussi pris le temps de m'expliquer pourquoi il ne le prendrait pas comme clip, ce que je comprends tout à fait. Il est prisé par tous les meilleurs réalisateurs de France", assure Tom Coulommiers.

Entre-temps, le clip a été relayé par de nombreux comptes fans de l'artiste et a gagné en visibilité, jusqu'à dépasser les 50.000 vues. Un succès encore impensable aujourd'hui pour Tom Coulommiers:

"J'ai été très surpris de recevoir plein de commentaires positifs sous la vidéo. Beaucoup de gens nous encouragent et nous félicitent. On a été aussi énormément partagé sur les réseaux sociaux. Je crois qu'au total sur Instagram, TikTok et Youtube on doit comptabliser presque 80.000 vues. C'est fou", déclare-t-il.

Grâce à ce clip, Tom Coulommiers s'offre une belle carte de visite pour la suite de ses projets. Son prochain objectif: trouver un producteur pour son idée de long-métrage, écrit pendant le Covid.

"C'est un histoire où une bande de jeunes tentent de fuir la société et de redevenir des enfants. C’est une quête au bonheur, abandonner le personnage que nous impose la société pour devenir celui que l’on a toujours rêvé d’être. C'est l'un des projets les plus important à mes yeux", conclut le cinéaste.

Article original publié sur BFMTV.com