Jesse Darling, lauréat du prix Turner : un choix réjouissant d’irrévérence

“Enfin, on s’amuse un peu !” s’exclame Laura Freeman, la critique d’art du Times. C’est un point sur lequel la presse britannique semble unanime le 6 décembre : cette année, une fois n’est pas coutume, le jury du prestigieux prix Turner a fait un choix judicieux. Réjouissant, même.

Tous les ans, le Turner Prize récompense un artiste contemporain qui est né, travaille ou réside au Royaume-Uni d’une bourse de 25 000 livres (29 000 euros). Et pour 2023, c’est Jesse Darling qui a été primé. “Drôle, rusé, pétillant”, le sculpteur méritait de gagner, applaudit Alastair Sooke, le critique du Daily Telegraph.

Jesse Darling, 41 ans, est né à Oxford. Formé à Amsterdam et à Londres, cet artiste trans vit désormais à Berlin. Il est connu “pour ses œuvres en matériaux non conventionnels, comme des barrières soudées, du ruban de signalisation, des dossiers administratifs et des voilages”, rappelle The Independent.

“Tous les signes d’un Royaume-Uni qui déraille”

Il avait été présélectionné par le jury du Turner Prize pour deux installations qu’il avait présentées cette année en Angleterre : No Medals No Ribbons au Modern Art Oxford et Enclosures au Camden Art Centre.

Comme Ghislaine Leung, Rory Pilgrim et Barbara Walker, les trois artistes qui étaient nommés avec lui, Jesse Darling expose depuis septembre dernier une partie de son travail à la galerie Towner Eastbourne, à Eastbourne (Sussex). Plus exactement, il a réuni “des œuvres anciennes et récentes dans une installation qui explore la question des frontières, des corps, de la nation et de l’exclusion”, explique la galerie sur son site.

Un visiteur devant un pan de l’installation de Jesse Darling, exposée en ce moment à la galerie Towner Eastbourne, à Eastbourne (Angleterre). Photo prise le 10 octobre 2023.. PHOTO JEREMIE SOUTEYRAT /THE NEW YORK TIMES
Un visiteur devant un pan de l’installation de Jesse Darling, exposée en ce moment à la galerie Towner Eastbourne, à Eastbourne (Angleterre). Photo prise le 10 octobre 2023.. PHOTO JEREMIE SOUTEYRAT /THE NEW YORK TIMES

Présentée comme un commentaire sur l’effondrement social du Royaume-Uni, cette nouvelle installation est, selon Adrian Searle, le critique du Guardian, pleine d’une “énergie joyeuse et improvisée”. Elle réunit “tous les signes d’un pays qui déraille”, énumère le journaliste : “Voilages et bobines de barbelés, stores fermés et barrières malmenées, fils à linge et arbres de mai où sont accrochés des fanions crasseux et du ruban de scène de crime, drapeaux délavés et bancals, des rails qui foncent dans le néant.”

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