Jeanne d’Arc : du symbole d'extrême droite à l'égérie queer

Souvenez-vous, c’était au Tribunal des Flagrants délires sur France Inter, en 1982. Claude Villers, l’animateur de l’émission demande à Jean-Marie Le Pen quel est son personnage historique préféré. "Jeanne d’Arc" répond-il tout de go. Trois ans plus tard, le 1er mai , le président du Front National rend un vibrant hommage à la Pucelle, morte sur le bûcher en 1431 : "Tu es le symbole de l'éternité de notre peuple et de sa jeunesse. Nous te donnons chaque année rendez-vous plus nombreux jusqu'au jour où nous aurons rétabli la France dans sa dignité et dans sa liberté."

Le Front national n’est pas le premier à privatiser celle qui a "bouté les Anglais hors de France" pour en faire le symbole de la défense du pays contre l'envahisseur… En avril 1920, l’écrivain et député Maurice Barrès, antisémite notoire, dépose un projet de loi pour l’institution d’une fête nationale en l’honneur de Jeanne d’Arc. La Pucelle d’Orléans est propulsée figure de proue de la lutte identitaire contre tous ceux censés vouloir asservir la France : étrangers, juifs et francs-maçons. De Charles Maurras, fondateur de l’Action française, à Edouard Drumont, auteur de La France juive, tout le monde s’y retrouve.

Sous le régime de Vichy, Jeanne est largement célébrée. En 1942, dans un discours à la jeunesse, le ministre de l’Éducation, Abel Bonnard, n’hésite pas à établir un parallèle avec le maréchal Pétain : "Si Jeanne d’Arc revenait, elle irait droit à lui pour le reconnaître et le saluer et ils n’auraient qu’à (...)

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