Pour Jean-Xavier de Lestrade, « Anatomie d’une chute » est (très) largement inspiré de sa série docu « Soupçons »

anatomie d’une chute
Les Films Pelléas/Les Films de Pierre anatomie d’une chute

CULTURE - « Un peu d’élégance et de sens du partage ne ferait pas de mal. » Jean-Xavier de Lestrade ne mâche pas ses mots dans un long entretien accordé à Télérama. Sa cible ? Justine Triet, Arthur Harari et l’équipe du film Anatomie d’une Chute qui ont d’après lui, sciemment omis de préciser s’être largement inspirés de sa série documentaire Soupçons. Cette dernière retraçait l’affaire Michael Peterson, reconnu coupable du meurtre de sa femme en 2003, et il y a, pour le réalisateur, de trop nombreuses similitudes entre les deux pour que cela soit une coïncidence.

Le réalisateur de Sambre, Jeux d’influence, Un Coupable Idéal est aussi derrière la série documentaire hors normes The Staircase (Soupçons en français) tournée entre 2002 et 2017. Comme il l’a expliqué à nos confrères de Télérama, il estime que de nombreux éléments de sa série ont servi d’inspiration à Justine Triet et Arthur Harari pour imaginer l’histoire de Sandra et Samuel, récompensée à Cannes, aux Golden Globes, aux César et même aux Oscars.

Des accusations que les producteurs de la Palme d’or, Marie-Ange Luciani et David Thion, ont balayées d’un revers de la main en réponse à nos confrères, arguant « Nous ne voyons pas la pertinence du sujet que vous souhaitez couvrir ». La réalisatrice d’Anatomie d’une chute, Justine Triet, n’a semble-t-il pas souhaité répondre non plus.

Les similitudes entre Soupçons et Anatomie d’une chute

Jean-Xavier de Lestrade a tout de même établi une liste de « vingt analogies » entre Anatomie d’une chute et Soupçons : le métier des accusés est d’être écrivains, la découverte de la bisexualité comme motif de meurtre potentiel, les circonstances de la découverte du corps et l’appel à la police, l’importance des projections de sang etc. « Vérité(s), bisexualité, dissection du couple : tous les spectateurs se positionnent sur ces endroits de flottement et ces affirmations insaisissables qui traversent la série documentaire. C’est aussi ce qui traverse Anatomie d’une chute. On est sur les mêmes rails, on dissèque la même chose, non pas l’idée que l’on se fait d’un meurtre éventuel, mais l’idée que l’on se fait d’un couple », explique Jean Xavier de Lestrade à Télérama.

Des similitudes qu’il comprend, avançant que « le but n’est pas de nuire à quiconque, ni d’engager une procédure judiciaire. Les créations sont faites pour circuler et en inspirer de nouvelles ». Mais qui l’ont même poussé à écrire une lettre à Justine Triet et Arthur Harari en septembre dernier « Ce qui est blessant, c’est cette impression que Justine Triet et Arthur Harari se sont appliqués à ne jamais faire référence à The Staircase. C’est comme si c’était trop présent, trop évident, pour qu’ils puissent le citer… Sauf qu’à un moment donné, on se doit de le dire, de le raconter. Un peu d’élégance et de sens du partage ne ferait pas de mal. »

Pour rappel, l’écrivain Michael Peterson a été accusé en 2002 d’avoir tué sa femme retrouvée morte en bas d’un escalier de leur domicile. Condamné à la perpétuité en 2003, il a été libéré dix ans plus tard puis finalement innocenté. Jean-Xavier de Lestrade a réalisé sur l’affaire et le procès une série diffusée en 2004 qui a été prolongée en 2012 et 2018 avec de nouveaux épisodes. Le fait divers a ensuite été adapté en 2022 dans la série HBO The Staircase avec Colin Firth et Toni Colette.

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