Jean-Paul Demoule : "L’archéologie participe de l’attrait touristique de la France"

"Creuser un trou pour un trou" : les propos de la ministre de la Culture Rachida Dati ont plongé les archéologues dans la "stupéfaction", à l'instar de Jean-Paul Demoule, ancien président de l'Inrap, qui répond aux questions de Sciences et Avenir.

"Creuser des trous pour le plaisir". Parle-t-on des frères Dalton ? Non, des archéologues. Les voici réduits à cette seule manie, en tout cas si l’on en croît la ministre de la Culture Rachida Dati, qui a aussi déclaré préférer "mettre de l’argent dans la restauration du patrimoine plutôt que de creuser un trou pour un trou". Ces commentaires, au Parisien et sur X, anciennement Twitter, ont été faits dans le cadre d’une visite au château de Dampierre, dans les Yvelines, restauré par un propriétaire privé. Ils ont plongé les scientifiques dans la "stupéfaction", selon le mot employé dans la tribune publiée par Le Monde, le 13 avril 2024. Ce qui semble être ici remis en question est la loi du 17 janvier 2001 qui oblige les aménageurs à financer des fouilles archéologiques préventives avant de lancer leurs travaux, dans le cas où les fonctionnaires du DRAC, dépendant du ministère de la Culture, l’estiment nécessaire. Les diagnostics préliminaires à des fouilles proprement dites ne peuvent être réalisés que par des services publics, notamment ceux de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), créé dans la foulée de la loi de 2001, et dont les activités paraissent être remises en question par Rachida Dati. Sciences et Avenir a interrogé l’ancien président de l’Inrap, Jean-Paul Demoule ; l’archéologue et préhistorien, est aussi l’un des cosignataires de la tribune.

"De véritables fouilles préventives n'ont lieu que dans 4% des cas"

Sciences et Avenir : Comment réagissez-vous aux commentaires de Rachida Dati ?

Jean-Paul Demoule : De façon plurielle. D’abord, en me disant que la ministre est arrivée récemment, et n’a pas eu encore le temps de prendre connaissance de tous ses dossiers. Mais d'un autre côté, ses commentaires s’inscrivent dans l’atmosphère du moment.

Ainsi, dans les Alpes-Maritimes, Eric Ciotti a obtenu du préfet l’annulation des prescriptions de diagnostics archéologiques dans le cadre de travaux massifs dans une des vallées sinistr[...]

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