Jean-Marie Duthilleul. Gares à vous

Architecte en chef de la SNCF, ce polytechnicien se double d’un philosophe à interrogations existentielles et religieuses.

Ce n’est pas courant dans la page Portrait de Libération, mais, parfois, on connaît le type depuis vingt-cinq ans. Jean-Marie Duthilleul, architecte en chef de la SNCF, est de ceux-là. On le rencontre pour la première fois en 1987, alors qu’il vient de restructurer la gare Montparnasse, une mocheté construite en 1965 sur laquelle il a fait ce qu’il a pu. Il avait «découpé la façade à l’ouvre-boîte», l’expression nous est restée dans la tête. Il s’agissait de donner à Montparnasse un accès digne, pas une porte minus avec un panneau «entrée» pour qu’on la trouve. Bref, commencer par le commencement. Depuis, Jean-Marie Duthilleul a donné aux gares bien plus que des portes : un corpus intellectuel sur la gare du XXIe siècle, celle des connexions du train avec tous les autres modes de déplacement.
Ce cheminement, on l’a vu se développer au fil des années. La gare Besançon-Franche-Comté, pour le TGV Rhin-Rhône, qu’il montrait à la presse en février, est une sorte d’aboutissement : écologique, élégante, intermodale. En discutant avec les confrères pendant la visite, on se disait que Duthilleul, comme le vin, s’était bonifié avec l’âge.
Et puis, on croit connaître les gens, mais non. Pendant toutes ces années, Jean-Marie Duthilleul, catholique pratiquant, s’est mis à construire - ou à restaurer - des églises. Une vingtaine, «deux ou trois chantiers par an». «Plus je vieillis, dit-il aujourd’hui, plus il faut tout requestionner. L’église, pour moi, ça a été cela.» Jean-Louis Subileau, Grand Prix de l’urbanisme, qui a connu le bonhomme tout jeune, résume le lien : «Quand il parle, c’est presque religieux. Pour lui, une gare, c’est comme une assemblée. Il croit profondément que les hommes rassemblés sont bien.»
Dans une émission sur France Culture, Jean-Marie Duthilleul faisait lui-même le rapprochement, expliquant que «les églises et les gares sont deux (...)

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