Jean-Marc Morandini en procès pour « corruption de mineurs »

Jean-Marc Morandini, animateur sur CNews, est convoqué devant le tribunal pour « corruption de mineurs ».
GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP Jean-Marc Morandini, animateur sur CNews, est convoqué devant le tribunal pour « corruption de mineurs ».

JUSTICE - Près de 10 ans après les faits, l’une des figures de la télévision française « made in » Bolloré va faire face à la justice. Ce lundi 24 octobre s’ouvre le procès de Jean-Marc Morandini devant la 15e chambre du tribunal judiciaire de Paris pour « corruption de mineurs ».

Une affaire étalée sur plus d’une décennie, pour laquelle l’ancien animateur vedette d’NRJ 12 devra répondre d’accusations liées à des propositions sexuelles faites à deux mineurs, l’une en 2013 et l’autre en 2009. Voici ce qu’il faut savoir avant l’ouverture de ce procès, qui est toutefois décorrélé d’une autre affaire visant « JMM », celle des castings osés de la websérie Les Faucons.

Deux affaires en une

C’est en 2016 que le dossier démarre officiellement aux yeux de la justice. Jean-Marc Morandini, alors animateur sur Europe 1, se retrouve visé par deux plaintes déposées en juillet et septembre, par deux jeunes hommes, mineurs à l’époque des faits qu’ils dénoncent.

Dans une première plainte, l’animateur est accusé d’avoir fait des propositions sexuelles sur Twitter au premier plaignant entre février et mars 2013, alors qu’il était âgé de 15 ans. BFMTV rapporte d’ailleurs certains des échanges jugés « explicites » : « Tu bandes là ? Mdr », demande par exemple Jean-Marc Morandini le 10 mars 2013. « Oui », répond l’adolescent, ce à quoi le présentateur réagi par un laconique « Hummm ». Le jeune homme, fasciné par cette figure de la télévision et de la radio, avait assisté à l’une de ses émissions avant de prendre contact avec lui sur le réseau social.

Dans la seconde plainte, l’autre plaignant, alors âgé de 16 ans, reproche à l’animateur de Morandini Live de l’avoir invité chez lui en 2009, dans le cadre du casting d’un remake du film américain Ken Park. Réalisé par Larry Clark, il raconte la vie d’adolescents américains où se mêlent ennui, sexe et violence. Ce casting à domicile aurait finalement donné lieu à une séance photo où l’animateur — visiblement insistant — lui aurait demandé de poser nu, allant même jusqu’à lui demander de reproduire une scène de masturbation, selon Le Parisien.

Les deux jeunes majeurs avaient décidé de saisir la justice sur ces faits après la publication en juillet 2016 d’une enquête des Inrockuptibles sur une autre affaire, celle des castings de la websérie Les Faucons. Plusieurs comédiens y accusaient Jean-Marc Morandini d’avoir profité de ces castings pour les pousser à s’exhiber nus. Pour cette autre affaire médiatisée, le présentateur marseillais a également été renvoyé devant la justice cette année pour « harcèlement sexuel » et « travail dissimulé ».

Plusieurs zones d’ombre

Placé en garde à vue le 21 septembre 2016, puis mis en examen deux jours plus tard, Jean-Marc Morandini avait rejeté en bloc les accusations des deux jeunes hommes. Confronté aux plaignants, « il ne conteste rien de ce qu’il a pu faire, mais il conteste qu’il y ait eu la moindre infraction », soutenait sa défense de l’époque.

Quatre ans après l’ouverture de l’enquête, le juge d’instruction chargé de l’affaire avait indiqué que le présentateur serait jugé devant le tribunal correctionnel pour « corruption de mineur » et « corruption de mineur par personne mise en contact avec la victime par un réseau de communications électroniques ». Selon BFMTV, la figure de CNews a saisi la cour d’appel pour tenter de faire annuler l’ordonnance du juge d’instruction, expliquant que pour lui « la nudité [n’était] pas un tabou », en vain.

Le procès, qui s’ouvre donc ce lundi, devra revenir sur certaines zones d’ombre. Il devra notamment déterminer si Jean-Marc Morandini était au courant de l’âge du premier plaignant. Si l’animateur jugeait ces échanges privés « équilibrés et réciproques », le jeune homme, qui avait lui-même noté que la conversation avait rapidement dérapé vers l’aspect sexuel, avait mentionné — dans certains messages — qu’il révisait des cours d’histoire-géographie en compagnie de sa mère.

« À l’occasion de cette audience, M. Morandini pourra se défendre et faire valoir ses droits », a seulement réagi auprès de l’AFP son avocate, Me Corinne Dreyfus-Schmidt, précisant qu’il contestait toujours les faits. Dans cette affaire, Jean-Marc Morandini risque cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. Mais l’addition pourrait être encore plus salée si le tribunal judiciaire de Paris estime que l’utilisation d’un réseau de communication électronique est considérée comme un fait aggravant.

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