Jean-Luc Reichmann : "A l'époque, il fallait bien présenter. Le gendre idéal, c'était Jean-Luc Delarue. Je devais cacher ma tache"

Dès ce jeudi 6 avril, la dixième saison de "Léo Matteï, Brigade des mineurs", débarque sur TF1. Créée et portée par Jean-Luc Reichmann, la série revient avec de nouvelles intrigues et de nouveaux acteurs. Un projet important pour l'animateur. Pour Yahoo, il raconte pourquoi il est fier de cette dixième saison et évoque ses engagements. Frère d'une femme malentendante, amie proche de Mimie Mathy et porteur de sa tache signature depuis la naissance, Jean-Luc Reichmann s'est confié sur toutes les différences qui lui ont permis d'apprendre et de grandir.

Diffusée depuis 2013 sur TF1, "Léo Matteï, Brigade des mineurs" rempile pour une dixième saison, ce jeudi 6 avril 2023. Une véritable fierté pour un des animateurs emblématiques de la chaîne, Jean-Luc Reichmann, qui a créé la série il y a dix ans avec sa femme, Nathalie Lecoultre, et le scénariste Michel Alexandre.

"Ça fait du monde qui est passé et en même temps les combats sont toujours les mêmes. Les combats, c'est la différence, les combats ce sont les enfants. Par rapport à ces enfants, qu'ils soient victimes ou coupables, Matteï (le commandant incarné par Jean-Luc Reichmann; ndlr) est toujours du côté de l'enfant" a rappelé Jean-Luc Reichmann face aux caméras de Yahoo.

L'animateur ne tarit pas d'éloges sur ses collègues : "Cette saison on a des comédiens, mais sincèrement, extraordinaires. D'une vérité, d'une sincérité dans le jeu, qui sont, qui plus est, très populaires. Lorie, qui vient d'être maman, la première histoire c'est sur un enfant qui disparaît, son enfant. Elle a pu s'identifier totalement."

Vidéo. Jean-Luc Reichmann : "Vous allez voir comment elle joue, c'est fantastique !"

"La différence, c'est pas facile tous les jours"

Complètement porté par son projet, Jean-Luc Reichmann a concédé avoir du mal à décrocher. "Je vis avec mon boulot depuis 40 ans, à hauteur de 95% de mon temps. J'ai des breaks mais pendant ces breaks-là, je continue à réfléchir, je continue à penser à de nouvelles idées, à de nouvelles histoires avec des enfants. Un enfant dans la rue qui me sourit ça va me donner une idée pour Léo Matteï, ça va me donner un regard, un espoir, une main tendue. Je reste à l'écoute. Je crois que c'est l'écoute qui est la plus importante", a-t-il expliqué.

Sportifs, mannequins... La diversité des profils des interprètes des personnages de cette dixième saison est importante. "Dans la deuxième soirée, c'est une histoire de petit village. Xavier Deluc que tout le monde a envie de voir et qui est d'une popularité extrême, avec une profondeur dans le jeu, donne la réplique à Estelle Lefébure. Estelle Lefébure tout le monde se dit 'c'est un mannequin', vous allez voir comment elle joue, c'est fantastique. Il y a des gens comme Stéphane Hénon, comme Jérémy Banster... Dans la troisième soirée, il y a des sportifs de haut niveau comme Philippe Basse, qui est extraordinaire et qui a un regard quand il vous parle, t'as intérêt à être à la hauteur. Comme Mimie Mathy. C'est mon amie, je l'appelle ma grande soeur. Elle est bouleversante", énumère-t-il, admiratif.

Le comédien a confié avoir beaucoup d'estime pour la star de "Joséphine, ange gardien", autre feuilleton phare de TF1 : "C'est pas facile tous les jours, la différence. Elle en bavé des ronds de chapeau, comme disait ma mère. Mais en même temps, on se bat pour les mêmes causes : les enfants, l'avenir, quel est le monde de demain, et la différence."

Vidéo. Jean-Luc Reichmann: "J'ai eu la chance d'avoir une soeur handicapée"

"Tant que je me dis que je me sens utile, je continuerai"

Son engagement pour la différence vient de loin : depuis petit, Jean-Luc Reichmann a côtoyé le handicap de près. En effet, sa petite soeur, Marie-Laure, de dix ans sa cadette, est sourde. "Quelque part, j'ai eu la chance d'avoir eu une petite soeur handicapée sourde profond. Ça m'a ouvert des horizons et ça m'a forcé aussi à être encore plus précis dans cette écoute-là de l'autre. Que ce soit des enfants, des parents dans le boulot, professionnellement... À l'écoute de la société. Les sourds représentent 4 à 5 millions de la population française."

Très au fait de ces problématiques, l'animateur se félicite des avancées mises en place pour lutter contre le validisme et mieux intégrer les personnes atteintes d'un handicap à la société. Il insiste sur l'importance de ce combat dans sa vie : "À l'époque, les journaux télévisés étaient sous-titrés, mais uniquement les journaux télé. Je me suis battu toute ma vie pour la différence, par rapport à ma petite soeur. Et voilà, je suis un petit grain de sable. Mais depuis ce temps-là, maintenant, tout est sous-titré. Je trouve ça génialissime. Pour les personnes atteintes de cécité, maintenant, il y a l'audio-description. Les non-voyants ou les mal voyants sont 2 millions. Mais quel bonheur de se dire que maintenant il y a une accessibilité. Tant que je me dis que je me sens utile, je continuerai."

"Il faut ressembler au gendre idéal"

La différence, Jean-Luc Reichmann l'a connue au contact de sa soeur, plus tard de Mimie Mathy, entre autres... Mais il l'a aussi expérimentée lui-même. Né avec une tache de vin sur le nez, il a dû faire face à de nombreuses critiques et à des questions intrusives toute sa vie. D'abord voix-off pour des publicités, il finit par faire ses débuts sur le petit écran en tant que présentateur. "Progressivement, je suis arrivé en me démasquant. Effectivement il y a la société, il faut bien présenter. Le gendre idéal, c'était bien sûr Jean-Luc Delarue. Très propre, petite oreillette, petit machin... On me dit 'tiens il y a un casting pour faire un jeu, "Z', Les Z'amours". Et je suis pris."

Mais, dans un premier temps, impossible de se montrer avec sa tache de naissance, qui lui couvre le nez. "Il faut du maquillage... Ils cachent ma tache, au début, il faut ressembler au gendre idéal." Néanmoins, Jean-Luc Reichmann ne se laisse pas faire bien longtemps et trouve des subterfuges pour dévoiler sa différence, petit à petit: "Plus ça va, un mois, deux mois, trois mois... Je commence par humecter mon doigt, et juste avant "moteur", je fais ça (il se frotte le nez; ndlr). Et dans la frénésie, ils ne s'en aperçoivent pas tout de suite. À l'époque, mon patron c'était Yves Bigot, je lui dis : 'Tu sais, je me ressemble de moins en moins sans ma tache'. Et là il me dit : 'Tu sais bon, quand même, les chaussures de couleur, la tache... '. Je lui dis 'Pardon ? Okay, tu choisis entre les pompes de couleur, la tache et le nez de couleur, qu'est-ce que tu choisis ?' Il explose de rire il me dit 'T'es con ou quoi ?'. Et c'est parti comme ça, progressivement."

L'animateur a cependant dû à nouveau se heurter à l'incompréhension, mais ne regrette absolument pas de s'être montré sous son vrai jour. "On se ressemble de plus en plus. Au début, c'est violent pour les téléspectateurs", a-t-il reconnu, en blaguant : "'Mais qu'est-ce qui lui est arrivé ?' 'Non non, c'est un pigeon qui m'a déféqué dessus' 'Pardon ?' 'Non mais ça attaque la peau hein...'. Donc là, on décale évidemment. De temps en temps ça fait mal, et puis, progressivement, les gens adhèrent. Ils adhèrent à ce combat sur la différence."

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