Comment Jean-Luc Mélenchon s'est imposé en patron de la gauche pour les législatives

En raflant 21,95% des suffrages au premier tour de l'élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon s'est officiellement illustré comme la figure forte de l'opposition de gauche à Emmanuel Macron. Mais il a aussi fini d'installer sa domination sur les partis de gauche en vue des législatives.

C'est un pari réussi pour Jean-Luc Mélenchon. La France insoumise et Europe Écologie-Les Verts (EELV) ont conclu un accord historique pour les législatives de juin dans la nuit de dimanche à lundi. Alors que, dans le même temps, les négociations se poursuivent avec le PS et le PCF, l'union de la gauche semble désormais être réellement accessible. Et le chef des Insoumis s'impose comme le leader naturel.

Pour Jean-Luc Mélenchon, ce projet d'union populaire pour les législatives est l'aboutissement d'une stratégie de longue date. "Il y a un an, Yannick Jadot essayait de devenir l'homme fort de la gauche en réunissant tous les leaders en vue de la présidentielle. Personne ne se souvient de cette réunion tant cela avait été un échec total", rappelle Mathieu Croissandeau, éditorialiste politique pour BFMTV.com. À cette réunion, Jean-Luc Mélenchon, lui, avait déjà en tête 2022. "Déjà, à ce moment-là, il assurait que ce n'était pas avec un sommet qu'on parviendrait à l'union", se souvient l'éditorialiste.

"D'ailleurs, lorsqu'il a refusé de se soumettre à la primaire populaire, il a avancé l'argument que l'union de la gauche aurait lieu après la deuxième tour de la présidentielle, pour les législatives."

"À l'époque, personne ne le croyait. Aujourd'hui, il est en bonne voie et a réussi, en même temps, à s'imposer comme le patron de la gauche."

Futur Premier ministre?

Dès le 11 avril, fort de sa troisième place au premier tour de la présidentielle avec 22% des suffrages, le leader des Insoumis s'est donc mis en ordre de bataille pour mettre en exécution sa vision. L'objectif désormais affiché: unir la gauche en vue du "troisième tour", les élections législatives, et briguer le poste de Premier ministre.

"Et avec son slogan, 'élisez-moi Premier ministre' dégainé entre les deux tours, il a réussi non seulement à mobiliser son camp pour les législatives mais aussi à s'afficher comme l'opposant numéro 1 à Emmanuel Macron", estime Mathieu Croissandeau. Un titre que compte bien revendiquer le Rassemblement national de Marine Le Pen, finaliste malheureuse de la présidentielle pour la deuxième fois d'affilée.

Retour du côté de la France insoumise. Avec EELV, le week-end a permis de faire les derniers compromis, autour du rapport à l'Europe ("désobéissance" mais seulement à certaines règles économiques et budgétaires si besoin), du label commun ("Nouvelle Union populaire écologique et sociale") ou encore sur le partage des circonscriptions, sujets les plus âprement débattus. Autre question tranchée: en cas de majorité à l'Assemblée nationale, "le Premier ministre serait issu du plus grand groupe à l'Assemblée", soit Jean-Luc Mélenchon.

Reste à s'entendre avec le Parti socialiste. Un défi de taille tant la brouille est profonde depuis le départ de Jean-Luc Mélenchon de Solférino en 2008. "Ça avance, soyez certains que nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour que ça avance", a assuré Jean-Luc Mélenchon lors des manifestations du 1er-Mai.

Article original publié sur BFMTV.com

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