Jean-Luc Mélenchon, Médine et le Crif visés par des projets d’attentat d’ultradroite
TERRORISME - Quel rapport entre le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), l’Insoumis Jean-Luc Mélenchon et le rappeur Médine ? A priori aucun, si ce n’est qu’ils ont tous été visés par des projets d’attentats liés à l’extrême droite entre 2017 et 2018, selon une enquête de Politis parue mercredi. Alors que quatre suspects, dont un gendarme, doivent être jugés devant la cour d’assises spéciale des mineurs au mois de juin, la figure de La France insoumise a annoncé ce jeudi 11 mai son intention de se porter partie civile.
D’après l’ordonnance de mise en accusation dont l’Agence France presse (AFP) a eu connaissance, signée en mai 2022 mais révélée mercredi par Politis, les accusés adhéraient « aux idées véhiculées par l’extrême droite néonazie ». Ils avaient aussi participé à un forum de discussion privé nommé « projet WaffenKraft », créé par l’un des protagonistes, mineur de 17 ans.
Un projet de tir de sniper contre Mélenchon
D’après les juges, son objectif était « clairement, au-delà des échanges sur l’idéologie, de préparer des actions qui avaient très rapidement dérivé vers l’élaboration de projets terroristes sous l’impulsion d’Alexandre Gilet », âgé de 22 ans à son interpellation en 2018, et qualifié de « plus radical et plus motivé ». Parmi les « cibles et dates précises » évoquées par Alexandre Gilet, figurent « des meetings de Jean-Luc Mélenchon (avec un projet assez précis de tir de sniper dissimulé dans un coffre de voiture) ».
D’autres cibles, comme des dîners du Crif ou des concerts du rappeur Médine, tous deux régulièrement cibles de l’extrême droite radicale, étaient également citées par le gendarme, selon Politis.
« Je me constitue partie civile pour connaître le projet d’assassinat de l’extrême droite contre moi », a tweeté l’ancien candidat à la présidentielle, qui dénonce : « Pourquoi m’avoir laissé une fois de plus sans alerte ? Jusqu’à quel point un projet d’assassinat ne concerne pas sa cible ? Ça suffit ».
Le premier dossier terroriste d’ultradroite jugé aux assises
Le renvoi devant le tribunal ayant déjà été prononcé, Jean-Luc Mélenchon devra attendre le début du procès en juin pour faire sa demande de constitution de partie civile. L’enquête a révélé qu’Alexandre Gilet avait à son domicile des kalachnikovs, des munitions, un équipement de laboratoire et des produits précurseurs d’explosifs (TATP). Et qu’il s’entraînait à leur maniement.
« À la manière des tueurs de masse de l’ultra-droite », Alexandre Gilet a rédigé « un manifeste de passage à l’acte terroriste, détaillant notamment des fusillades ou des actions au camion-bélier ». Il a aussi effectué « des recherches » « sur ce qui s’apparentait à des cibles » : mosquées, institutions juives ou quartiers à fortes communautés étrangères, détaille l’ordonnance de mise en accusation. Un cinquième protagoniste, qui avait 14 ans à l’époque, sera, lui, jugé par le tribunal pour enfants au vu de son jeune âge au moment des faits.
C’est la première fois qu’un dossier terroriste d’extrême droite est jugé aux assises en France, tous les autres l’ayant été devant le tribunal correctionnel. Ces dernières années, une dizaine de procédures en lien avec l’ultradroite ont été ouvertes au pôle antiterroriste de Paris. Une menace « prise très au sérieux » et qui, selon un magistrat antiterroriste parisien à l’AFP, « monte en puissance ».
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