"Jean Echenoz, dynamiteur du roman noir", la chronique de Bernard Pivot

Il est évidemment ­impossible de ­s'embêter quand on lit un roman dans lequel un fragment de satellite soviétique s'écrase sur un centre commercial parisien, un chanteur populaire se défenestre d'un sixième étage, une jolie femme est dévorée par un requin et un tueur est chargé d'éliminer le fondateur d'un parti politique. On est d'autant plus encouragé à découvrir comment se nouent ces catastrophes et faits divers que l'organisateur-narrateur-tireur de ficelles en est Jean ­Echenoz. L'écrivain a souvent donné des preuves de son savoir-faire : Cherokee, prix Médicis, Je m'en vais, prix Goncourt, Courir, 14, etc. Avec Vie de Gérard Fulmard, roman noir, à suspense, politique et loufoque, il réussit avec une adresse diabolique à mêler le ­sérieux et la désinvolture, la ­rigueur et l'humour, le nouveau roman et le mélo. C'est du Robbe-Grillet enfin lisible et drôle. La satire est tous azimuts, à commencer par le roman noir lui-même, piégé, respecté et moqué. Mais on peut lire aussi ce livre comme la désopilante histoire d'un faux dur introduit dans le ventre mou d'une formation politique appelée Fédération populaire indépendante, FPI.

Lire aussi - De la Creuse à la Corée du Nord, Jean Echenoz enrôle!

Gérard Fulmard, c'est l'inspecteur Palmer des BD de Pétillon

Le faux dur s'appelle donc Gérard Fulmard. Il est le narrateur à mi-temps. Pour l'autre mi-temps, c'est Jean Echenoz. Gérard Fulmard est un ancien steward licencié pour faute grave et contraint de consulter un psychiatre. ...


Lire la suite sur LeJDD