"Je ne voyais pas devant moi et je n'arrivais pas à respirer" : un Gazaoui raconte comment un tir de roquette a détruit son quartier

Mahmoud Shalabi, responsable de programme à Gaza pour l'organisation caritative britannique Medical Aid for Palestinians, livre un témoignage poignant à Yahoo News.

"Ma fille s'est mise à crier et, frénétiquement, à pleurer comme une hystérique. Je l’ai prise dans mes bras pour la rassurer", raconte Mahmoud Shalabi, responsable de programme à Gaza pour l'organisation caritative Medical Aid for Palestinians, dans une note vocale WhatsApp envoyée à nos confrères britanniques de Yahoo News (en anglais). Dimanche 29 octobre, alors qu’il était chez lui, installé sur son canapé avec ses enfants, une énorme explosion a retenti vers 17 heures. Au moins dix personnes sont mortes, dont des enfants, et de nombreuses personnes ont été blessées.

Près d’un mois après l’attaque du Hamas en Israël, Tsahal a lancé une opération militaire de grande ampleur appelée "Glaive de fer". Les habitants de Gaza ont depuis un accès limité à l’eau, à la nourriture et à l’électricité. Les habitants sont, de plus, en proie à des bombardements aériens. Mahmoud Shalabi, un humanitaire palestinien, a décidé de rester de vivre avec sa femme et ses trois enfants à Beit Lahia, une ville située dans le nord de la bande Gaza. Il livre son récit après un tir de roquette qui a détruit son quartier.

"Tout était gris. Il y avait du ciment. Il y avait de la poudre à canon (...) Je déteste le gris maintenant"Mahmoud Shalabi

"Je me suis immédiatement précipité à l'extérieur pour voir ce qui se passait, se souvient-il . J'ai ouvert la porte, et honnêtement je ne voyais pas devant moi et je n'arrivais pas à respirer. Tout était gris. Il y avait du ciment. Il y avait de la poudre à canon (...) Je déteste le gris maintenant."

Une fois son masque de protection contre le Covid-19 placé sur le nez, l'humanitaire est finalement sorti dehors pour constater les dégâts. La roquette ayant été tirée pendant une panne d'Internet et de télécommunications, les habitants n'avaient pas accès aux informations et ne pouvaient pas contacter leur famille. "Nous ne pouvions pas téléphoner ou envoyer de messages, se souvient Mahmoud Shalabi. Nous étions plongés dans l’obscurité. Nous n'étions même pas conscients de ce qui se passait autour de nous."

Il demande des couloirs humanitaires, un cessez-le-feu et l'arrêt de l'effusion de sang

Les coupures de communication du week-end dernier ont empêché les civils de prévenir les secours qui ont dû se débrouiller par leurs propres moyens. "Les habitants se sont arrangés pour trouver une voiture, celle d'un voisin ou d'un taxi, pour emmener les blessés ou les Palestiniens tués à l'hôpital le plus proche", raconte encore Mahmoud Shalabi.

L'humanitaire explique ne pas pouvoir faire son travail à cause des problèmes de communication et du manque de matériels sur place. "C'est très dangereux de se promener dans mon quartier maintenant", déplore-t-il. L'homme demande des couloirs humanitaires, un cessez-le-feu et l'arrêt de l'effusion de sang.

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