Jazz, hip-hop: les députés votent pour "professionnaliser" l'enseignement de toutes les danses
Les députés ont adopté jeudi un texte visant à "professionnaliser l'enseignement de la danse", une preuve de "reconnaissance" envers les professeurs selon ses auteures, des députés de gauche s'inquiétant d'une "sélection sociale" à venir, notamment dans les milieux populaires.
Soutenue par la ministre de la Culture Rachida Dati, la proposition de loi a été adoptée par 36 voix contre 6, et ira au Sénat. La plupart des groupes ont voté pour mais les députés LFI et GDR (à majorité communiste) ont voté contre. Les écologistes se sont abstenus.
Fabienne Colboc (Renaissance), co-rapporteure avec la LR Véronique Bazin-Legras, a défendu un texte "de reconnaissance" pour les professeurs.
Enseigner le hip-hop comme la danse classique
Elle prévoit de modifier le code de l'éducation qui dispose que "nul ne peut enseigner la danse contre rétribution ou faire usage du titre de professeur de danse", sans un diplôme d'Etat, une équivalence ou une dispense.
L'article visé ne concerne actuellement que les danses classique, contemporaine et jazz, et le texte entend le généraliser à toutes les danses. Un décret en Conseil d'Etat doit définir ses conditions d'application.
"Le diplôme sera réévalué au niveau Bac +3, et ouvert à d'autres voies d'accès comme l'alternance et l'apprentissage", a précisé Rachida Dati.
Les professeurs qui "auront enseigné depuis plus de quatre ans" une danse jusque-là non encadrée pourront solliciter une dispense. Les détenteurs d'un diplôme d'une école privée aussi, via une procédure simplifiée.
"Crainte de sélection sociale"
Mais plusieurs députés de gauche ont exprimé leurs inquiétudes pour les professeurs, notamment dans les classes populaires, qui selon eux se verraient soudainement contraint de passer un diplôme, sans vouloir ou pouvoir le faire, faute de temps ou de moyens.
"Si vous enseignez une danse contre rémunération, et que vous n'avez pas le diplôme d'État, vous êtes passible de 15.000 euros d'amende. C'est ça qu'on est en train de voter", a martelé Hendrick Davi (LFI).
"Si, dans le cadre d'une animation, ils donnent des cours de hip-hop, ils ne seront absolument pas concernés", a tenté de rassurer la ministre, qui a fait voter un amendement excluant "l'animation" du champ de la loi.
"Nous ne décidons pas par ce vote de créer le diplôme d'État de hip-hop", a ajouté Violette Spillebout (Renaissance), arguant qu'une concertation entre des représentants des disciplines et le ministère serait préalable à la création d'un diplôme.
"On vous parle de notre crainte de sélection sociale. Écrivons le décret (d'application) avant que la loi soit votée. Vous verrez qu'il y aura consensus", a rétorqué Yannick Monnet (PCF).