"J'appelle ça de la discrimination religieuse", le message d'Habib Beye sur le ramadan
Un message d'apaisement. Alors que le ramadan est au coeur d'un large débat au sein du football français, Habib Beye s'est longuement exprimé sur le sujet après le match nul du Red Star face à Nancy vendredi soir (1-1). Pour l'entraîneur, cette période - qui doit durer jusqu'au 9 avril - possède "des avantages".
"Je respecte vraiment la foi de mes joueurs, quelle qu’elle soit, à partir du moment où j’ai des joueurs qui sont de confession musulmane et qui font le ramadan – mais j’ai des joueurs aussi qui font le carême en ce moment, c’est 46 jours, donc c’est différent dans l’approche de cette religion, a confié Habib Beye en conférence de presse. On se permet en tout cas d’accompagner nos joueurs dans leur foi. On ne voit que les inconvénients. Moi, je ne vois que les avantages : ça crée de la cohésion, ça crée aussi des discussions, ça crée aussi une solidarité. Quand on a recruté nos joueurs, on savait très bien qui ils étaient humainement, quelle religion ils avaient. On ne s’est pas réveillés la veille du ramadan. Ce que je vois aujourd’hui, c’est très dur à lire, très dur à entendre. Parce que j’appelle ça de la discrimination religieuse. Si on le fait sur une religion, il faut le faire sur toutes les religions."
"Je déteste ce débat qu’il y a autour de la religion"
Gêné par les polémiques autour d'une éventuelle baisse de performance des joueurs qui font le ramadan, Habib Beye est convaincu que la religion est "une force supplémentaire" pour eux.
"J’ai un respect immense pour mes joueurs qui sont dans leur foi parce que, ce qu’on ne se rend pas compte, c’est qu’à ce moment-là, ils se retrouvent avec eux-mêmes, et c’est une force supplémentaire pour eux. Je déteste ce débat qu’il y a autour de la religion parce qu’il ne devrait pas exister. Ça ne devrait être un problème pour aucun des entraîneurs qui entraînent des joueurs qui sont dans des fois multiples. Ma maman est catholique, mon papa est musulman, moi je ne pratique aucune religion. Donc je n’ai pas d’intérêt à défendre une religion ou une autre. Ma prise de position est simplement la prise de position d’un coach qui soutient ses joueurs dans tout ce qu’ils font, surtout lorsqu’ils pratiquent ce qui leur est propre, et qui fait partie de leur éducation, de leur construction d’homme. Ce sont des valeurs que vous ne pouvez pas détruire, que vous ne pouvez pas remettre en question."
Comme l'année dernière, la Fédération française de football n'autorise pas de pause pendant les matchs en période de ramadan. La FFF refuse donc toujours de suivre l’exemple de l’Angleterre ou de l’Allemagne, qui autorisent des pauses pour permettre aux fidèles musulmans de s’hydrater et s’alimenter. Elle se base sur l’article 1.1 de ses statuts. "Sont interdits, à l'occasion de compétitions ou de manifestations organisées sur le territoire de la Fédération ou en lien avec celles-ci: tout discours ou affichage à caractère politique, idéologique, religieux ou syndical, tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale ou tout acte de prosélytisme ou manœuvre de propagande."