Le Japon lance une sonde vers la Lune, « Moon Sniper », et rêve de devenir le 5e pays à réussir un alunissage

ESPACE - Après l’exploit de l’Inde, dont la sonde Chandrayaan-3 est parvenue à se poser sur la Lune le 22 août dernier, c’est au tour du Japon de tenter de rejoindre le club très fermé des pays ayant réussi un alunissage. Ce jeudi 7 septembre, après trois reports depuis le mois dernier en raison de conditions météo défavorables, la fusée H-IIA de l’agence spatiale nippone Jaxa a décollé comme prévu à 8 h 42 heure locale depuis la base de lancement à Tanegashima, au sud-ouest du pays.

À bord de la fusée se trouvait un petit module lunaire baptisé SLIM (Smart Lander for Investigating the Moon) et surnommé « Moon Sniper » pour sa haute précision. Comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête de l’article, l’engin est censé se poser d’ici quatre à six mois sur la Lune, et il devrait être capable d’alunir à 100 mètres maximum de sa cible, contre plusieurs kilomètres d’ordinaire pour les engins de ce genre.

Cette précision sans précédent est importante pour « permettre une exploration efficace à l’avenir » , a expliqué la Jaxa sur son site. En effet, pour les robots mobiles d’exploration, « parcourir des pentes raides et un terrain accidenté représente encore un niveau de difficulté élevé », et alunir sur une zone propice à l’exploration des régions polaires de la Lune est donc crucial si l’on veut s’assurer la réussite de la mission.

En cas d’alunissage réussi, SLIM devra mener, à l’aide d’une caméra multispectrale, des analyses de la composition de roches provenant du manteau lunaire, la structure interne de la Lune encore très mal connue. Le satellite astronomique XRISM, développé conjointement par la Jaxa, la Nasa et l’Agence spatiale européenne, a quant à lui été embarqué par la fusée japonaise pour une mission d’imagerie en rayons X et spectroscopie.

Un décollage sans accroches

Environ 47 minutes après le décollage ce jeudi, la séparation de SLIM du reste de la fusée s’est déroulée avec succès, ce qui a déclenché une explosion de joie et d’applaudissements dans le centre de contrôle de la Jaxa, comme on pouvait le voir sur les images diffusées en direct sur YouTube et suivies par plus de 35 000 personnes. L’agence spatiale indienne, l’ISRO, a également félicité cette réussite de la Jaxa sur les réseaux sociaux.

L’engouement suscité par cette double mission japonaise est un symptôme d’une intensification de la course mondiale pour la Lune. Avant le succès de l’Inde en août, seuls les États-Unis, l’Union soviétique et la Chine avaient déjà réussi des alunissages contrôlés. La Russie vient pour sa part d’échouer dans une nouvelle tentative, sa sonde Luna-25 s’étant écrasée le mois dernier sur le sol lunaire.

Le Japon est quant à lui à la recherche d’un accomplissement majeur, après avoir essuyé plusieurs échecs. En novembre dernier, une mini-sonde supposée se poser sur la Lune avait souffert d’une défaillance de batteries, causant une perte de communication peu après son éjection dans l’espace. En octobre, c’était la petite fusée Epsilon-6 qui s’était autodétruite peu après son décollage. La grande fusée de nouvelle génération H3 de la Jaxa, destinée à devenir le successeur du modèle H-IIA, a ensuite connu deux échecs successifs début 2023.

Ainsi au vu de toutes ces récentes déconvenues, le président de la Jaxa Hiroshi Yamakawa s’est déclaré ce jeudi « extrêmement heureux » du lancement réussi de la double mission SLIM/XRISM. La Jaxa « va continuer de prendre des mesures » pour assurer la fiabilité de ses modèles H3 et Epsilon, a ajouté Hiroshi Yamakawa. « Nous allons nous ressaisir pour rétablir la confiance dans la technologie des fusées japonaises. »

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