Jane Birkin, “cette star de cinéma libre”

Jane Birkin, c’était une femme élégante, délicate, d’une beauté à tomber, une chanteuse, cette star de cinéma libre, à la présence à l’écran à la fois fascinante et farouche. Une artiste qui se distinguait, aussi, par sa qualité d’anglo-française qui la rendait plus difficile à situer, elle qui était chez elle dans les deux langues, à l’instar d’autres comme Charlotte Rampling, Kristin Scott Thomas ou, évidemment, Charlotte Gainsbourg, la fille qu’elle a eue avec Serge Gainsbourg.

Son destin fut d’être considérée comme une personnalité publique et un trésor national en France, où elle a beaucoup joué pour le cinéma, et d’être placée sur un piédestal comme icône des sixties. Elle qui avait été mannequin dans la vie le fut aussi à l’écran, comme dans Blow-Up, de Michelangelo Antonioni, son premier rôle notable (et comment). Une apparition loin cependant de rendre justice à son travail d’actrice, aux rôles de composition qu’elle incarnera par la suite, et à son talent formidable pour nouer des amitiés créatives et fécondes avec des réalisateurs de la trempe d’Agnès Varda et de Jean-Luc Godard.

Icône des Sixties

En 1969, elle interprète avec Serge “Je t’aime… moi non plus”, tube pop à sensation(s) et à scandale, aux paroles suggestives et soupirantes, qui donnera lieu à un film provocateur écrit et réalisé par Gainsbourg et sorti sous le même titre en 1976. Le film est une réflexion sur ce qu’on appellerait aujourd’hui le queer – Birkin incarne l’androgyne Johnny, serveuse dans un café qui tombe amoureuse d’un camionneur homosexuel joué par Joe Dalessandro, lui-même muse de Warhol et bien placé pour savoir ce qu’être fétichisé veut dire.

Mais les vrais débuts de Jane Birkin actrice, c’est dans un classique de 1966, Blow-Up, en ingénue aux yeux écarquillés minaudant auprès du photographe hautain (David Hemmings) dans le vain espoir de décrocher un cachet de mannequin. En 1968 dans Wonderwall, de Joe Massot, ovni pop éminemment Sixties à la BO signée George Harrison, elle incarne de nouveau un mannequin, jeune femme mutine au nom très beatlesien (Penny Lane), qui pose insouciante pour son petit ami tandis que l’espionne son voisin pervers, joué par Jack MacGowran. Elle enflamme aussi la pellicule dans le rôle de Pénélope, femme-enfant innocente et fatale qui charme l’air de ne pas y toucher Alain Delon, publicitaire en mal d’inspiration, au bord de l’éblouissante Piscine de Jacques Deray (son rôle sera repris par Dakota Johnson dans le remake de Luca Guadagnino, A Bigger Splash).

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