"Jamais de propositions racistes au RN" : Marine Le Pen fait hurler les défenseurs des droits humains

Le président de SOS Racisme et plusieurs élus de gauche ont réagi, ulcérés par les propos de la présidente du groupe RN à l’Assemblée.

Photo d’illustration de Marine Le Pen prise le 31 octobre 2022

POLITIQUE - « Jamais, au grand jamais il n’y a eu de propositions racistes au Rassemblement national ». Certains ont peut-être avalé leur café de travers ce matin en entendant la réponse de Marine Le Pen à la question d’un auditeur relayée par la journaliste Apolline de Malherbe ce lundi 6 mai, sur BFMTV : « Pourquoi êtes-vous raciste Madame Le Pen ? ». « Je ne suis absolument pas raciste » a affirmé l’intéressée, avant d’assurer avec aplomb que son mouvement, le Front national devenu Rassemblement national, était irréprochable en la matière.

Face à Hayer, Bardella admet que Jean-Marie Le Pen a tenu des « propos éminemment antisémites »

« J’ai eu l’honneur de diriger un mouvement politique qui jamais dans l’histoire n’a eu dans son projet la moindre proposition raciste » a assuré la présidente du groupe RN à l’Assemblée. Ce n’est pas l’avis, tant s’en faut, de Dominique Sopo président de l’association SOS Racisme, qui a écrit sur X (ex-Twitter) : « Non, ça n’est pas dans le Gorafi. C’est une interview sur BFM ».

De même, la députée insoumise Clémentine Autain a tweeté « Sommet de réécriture de l’histoire. Incroyable déni de sa propre idéologie ». Tout comme son collègue de LFI, Thomas Portes, qui rappelle deux mesures emblématiques issues du programme du parti d’extrême droite et jugées xénophobes par plusieurs associations : le « droit du sol » et la « préférence nationale ». « Votre idéologie est profondément raciste » a-t-il ajouté.

La séquence a aussi fait réagir Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV. « Le racisme hypocrite. Le racisme qui n’assume pas de l’être. Le racisme qui dit ’regardez c’est même pas dans mon projet’ » a-t-elle écrit sur X, avant de conclure en tutoyant l’ancienne patronne du RN : « Personne n’est dupe tu sais ? ».

D’autres comme Cyrielle Chatelain, présidente du groupe Écologistes à l’Assemblée, s’appuient pour le démontrer, sur le casier judiciaire de Jean-Marie Le Pen, fondateur du parti en 1972, condamné « pour apologie de crime de guerre et contestation de crimes contre l’humanité » et « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence raciales ».

Outre le délicat héritage de Jean-Marie Le Pen, le parti a bien porté des propositions jugées racistes pas seulement par des associations mais aussi par la justice. Ainsi, en 1998 à l’époque où le RN se faisait encore appeler FN, la municipalité de Vitrolles (Bouches-du-Rhône) a décidé d’instaurer une prime de naissance réservée aux Français et Européens habitant la ville depuis au moins deux ans. La mesure sera retoquée peu après par le tribunal administratif de Marseille. Il faut dire que, deux ans avant, Jean-Marie Le Pen ne s’embarrassait pas de pudeur sur le sujet en déclarant en conférence de presse : « Je crois à l’inégalité des races, oui bien sûr, c’est évident toute l’histoire le démontre, elles n’ont pas la même capacité, pas le même niveau d’évolution historique ».

En 2017, à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), fief historique de Marine Le Pen, a été votée en conseil municipal la motion « Ma commune sans migrants » et ce alors qu’aucun projet connu de centre officiel d’accueil de migrants n’existe dans le département, précise l’AFP.

Plus récemment en octobre 2023, le Conseil d’État a confirmé les précédents jugements contrant la décision prise par la mairie RN de Beaucaire (Gard) de supprimer les repas de substitution dans ses cantines les jours où des plats avec du porc étaient servis.

Au-delà de ces exemples non exhaustifs, l’avocat et défenseur des droits humains, Arié Halimi, remonte plus loin encore dans le temps et rappelle dans un message posté sur X : « le RN est un parti fondé notamment par d’anciens collaborationnistes et Waffen-SS qui ont contribué à l’extermination de six millions de juifs ».

À voir également sur Le HuffPost :

  

Laurent Fabius explique pourquoi la « préférence nationale » ne sera jamais validée par le Conseil constitutionnel

Débat des européennes : Jordan Bardella et Emmanuel Macron, cibles de toutes les balles lors du premier round