Jamais sans ma paire de “lêkê”, sandale préférée des footballeurs des rues

Sur un sol sableux, Yaya Camara multiple les sprints, maîtrise un ballon sous-gonflé et enchaîne les passes. Le journaliste du New York Times s’arrête quelques instants sur sa paire de sandales en plastique. Ce qui pourrait passer pour des “sneakers du pauvre” sont en fait un “insigne d’honneur” pour le jeune footballeur de rue et ses amis.

De jeunes footballeurs amateurs jouent sur un terrain en sable arborant les “lêkê”, ces fameuses sandales en plastique, à Abidjan, le 27 janvier 2024. . PHOTO JOAO SILVA/THE NEW YORK TIMES
De jeunes footballeurs amateurs jouent sur un terrain en sable arborant les “lêkê”, ces fameuses sandales en plastique, à Abidjan, le 27 janvier 2024. . PHOTO JOAO SILVA/THE NEW YORK TIMES

“Des crampons rutilants comme ceux de ses idoles ? Non merci, lâche [le jeune milieu de terrain de 18 ans] en essuyant la sueur qui goutte sur son front.”

Vous les connaissez sous le nom de “Méduse”, mais en Côte d’Ivoire ces chaussures, apparues en France à la sortie de Seconde Guerre mondiale, sont appelées les “lêkê”.

Des sandales en plastiques de toutes les couleurs sont proposées à la vente par un commerçant du marché d’Adjamé à Abidjan, le 28 janvier 2024.. PHOTO JOAO SILVA/THE NEW YORK TIMES
Des sandales en plastiques de toutes les couleurs sont proposées à la vente par un commerçant du marché d’Adjamé à Abidjan, le 28 janvier 2024.. PHOTO JOAO SILVA/THE NEW YORK TIMES

“Tandis que les meilleures équipes africaines arborent des crampons de marque hors de prix sur les terrains de la [Coupe d’Afrique des nations] cette année, c’est en lêkê que les joueurs amateurs font leurs plus beaux matchs”, poursuit le quotidien américain.

La marque française Humeau-Beaupréau est toujours propriétaire du design. Mais les chaussures qu’on retrouve un peu partout en Afrique de l’Ouest sont généralement fabriquées localement.

Depuis des décennies, elles n’ont quasiment pas changé : bon marché, légères, pratiques et confortables. Les lêkê présentent néanmoins l’inconvénient d’être fragiles et leur attache métallique peut laisser quelques marques aux pieds.

“Personne ne sait vraiment comment ces sandales sont devenues si populaires en Côte d’Ivoire. La plupart des joueurs assurent en porter depuis qu’ils sont en âge de marcher. Les enfants les chaussent pour se rendre à l’école. Et elles fleurissent un peu partout en ville quand les rues d’Abidjan se gorgent d’eau à la saison des pluies.”

Le journaliste du “New York Times” Elian Peltier

Le New York Times décrit un style “tout-terrain” : on enfile une paire de Lêkê à n’importe quelle occasion, sauf pour aller au bureau. Aujourd’hui, elles doivent simplement faire face à la concurrence des fameuses claquettes.

Des jeunes jouent au football au marché d’Adjamé, à Abidjan le 28 janvier 2024.. PHOTO JOAO SILVA/THE NEW YORK TIMES
Des jeunes jouent au football au marché d’Adjamé, à Abidjan le 28 janvier 2024.. PHOTO JOAO SILVA/THE NEW YORK TIMES

“Si un type se ramène avec de vraies baskets au pied, on ne le ratera pas : ‘Tu te prends pour un joueur pro ou quoi ?’, s’amuse Iliass Sanogo en regardant ses amis – tous lêkê aux pieds – taper dans le ballon dans les dernières lueurs du jour.”

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