Dans « Sans jamais nous connaître », Andrew Scott n’aurait peut-être pas eu le rôle s’il avait été hétéro

Andrew Scott et Paul Mescal, ici dans « Sans jamais nous connaître », en salles mercredi 14 février.
Copyright 2023 20th Century Studios All Rights Reserved. Andrew Scott et Paul Mescal, ici dans « Sans jamais nous connaître », en salles mercredi 14 février.

CINÉMA - Finie la soutane du « hot priest » de Fleabag. Adieu, aussi, son costume du professeur Moriarty, ennemi juré de Sherlock Holmes. Dans Sans jamais nous connaître, magnifique nouveau long-métrage du cinéaste britannique Andrew Haigh (Week-end, Looking), Andrew Scott est Adam, un scénariste homo hanté par les souvenirs du passé.

La quarantaine, esseulé, orphelin et célibataire, Adam vit dans l’une de ces gigantesques tours d’un quartier excentré de Londres. L’immeuble est vide, la plupart des appartements n’ayant pas encore été loués. Tous ? Non, comme le préfigure la rencontre en pleine nuit avec l’un de ses voisins, ivre, venu frapper à sa porte : Harry (Paul Mescal).

Dans leur solitude, les deux hommes se rapprochent et se retrouvent vite emportés dans une histoire d’amour passionnelle, tendre et belle à voir. Presque aussi vite, Adam divague. Alors qu’il essaie d’écrire sur ses parents, disparus dans un accident de voiture la veille de ses 12 ans, l’auteur retombe « au hasard » d’une balade sur la maison de son enfance. Surprise : son père et sa mère occupent encore les lieux. Pire : ils n’ont pas pris une ride.

Découvrez ci-dessous la bande-annonce :

À moins que tout ça ce ne soit qu’un rêve ? Aurait-il tout inventé ? Et quid de ces moments partagés avec Harry ? Librement inspiré de Strangers, un roman de l’auteur japonais Taichi Yamada, Sans jamais nous connaître livre un récit fascinant et déchirant à mi-chemin entre la romance, le thriller et le film de fantômes.

Andrew Scott et Adam, une histoire commune

Il doit beaucoup à son casting, notamment Andrew Scott, lui-même ouvertement gay. Andrew Haigh a mis un point d’honneur à ce critère. « Le personnage d’Adam comporte tellement de nuances, propres à la génération d’hommes gay à laquelle il appartient, que je ne voulais pas avoir à les expliquer à quelqu’un d’autre », confie au HuffPost le cinéaste de 50 ans.

Avant d’ajouter : « Je voulais que quelqu’un qui a vécu ça comprenne ces émotions. Et je ne pense pas qu’un acteur hétérosexuel aurait été capable d’accéder à ce qu’Andrew a réussi à toucher de l’intérieur ». Un point de vue partagé par l’Irlandais de 47 ans, qui nous dit s’être reconnu « à la première lecture du scénario » dans le personnage, avec lequel il partage « la même vulnérabilité ».

Film très personnel pour son réalisateur, Sans jamais nous connaître parle d’homosexualité avec plus de subtilités que la plupart des romances gay destinées au grand public, comme Call Me By Your Name ou Le Secret de Brokeback Mountain. Les discussions sur la solitude peuvent en témoigner. Les scènes de sexe, aussi. L’une d’elles montre Harry lécher le torse d’Adam, où gisait un reste de sperme, avant de l’embrasser.

Un coming out marquant

La question du coming out est, elle, abordée d’une manière « qui n’a peut-être pas été jamais mise en scène auparavant », nous dit Andrew Scott. Son personnage n’est plus un jeune homme, il est dans la fleur de l’âge quand il sent qu’il doit annoncer à sa mère qu’il est homosexuel. « Il veut simplement lui dire qu’il est gay et passer à autre chose, comme il le fait avec la plupart des gens dans sa vie », témoigne son interprète.

La réaction hostile de la mère jouée par Claire Foy ne délivre pas seulement un discours évident et attendu sur le besoin d’acceptation, mais pointe plutôt du doigt les souffrances que beaucoup de personnes LGBT+ ont dû affronter face au rejet, qu’importe la génération.

« Certaines choses ont vraiment changé depuis les années 1980. D’autres, non », constate Andrew Scott. Comme son jeune amoureux à l’écran, certains jouissent très certainement d’étiquettes « plus libres » aujourd’hui qu’auparavant. « Seulement, si votre famille ne vous accepte pas pour ce que vous êtes, vous serez toujours limité au premier pallier de difficultés », ajoute-t-il. Sans jamais nous connaître touche du doigt l’espoir d’une réparation.

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