"J'ai juste été une mère" : le combat bouleversant de Valentine Lecêtre, maman d’un enfant autiste

Lorsque Valentine Lecêtre a appris que son fils était autiste, son monde s’est écroulé. Mais dotée d’une détermination à toute épreuve, la mère de famille ne s’est jamais laissée abattre et a tout fait pour aider son enfant à sortir de sa bulle et à s’intégrer dans la société malgré sa différence. Pour Yahoo, elle a accepté de se livrer sur son histoire. Une belle leçon de courage.

Une personne sur quatre est atteinte d’un trouble psychique à un moment de sa vie. Et la pandémie de Covid-19 a encore renforcé ces troubles. Pour briser le tabou, personnalités et anonymes se confient au micro de Yahoo dans "Tourments", le nouveau format de Yahoo.

Tout allait merveilleusement bien dans sa vie. Valentine Lecêtre avait un travail épanouissant, une vie de couple heureuse et depuis peu, un petit bébé. Mais plus les semaines passaient et plus la jeune femme réalisait que son fils n’était pas comme les autres petits garçons de son âge. Derrière son mutisme se cachait en réalité un trouble du spectre autistique. Pour Yahoo, la mère de famille, autrice de l’ouvrage “Sortir de l'autisme” (ed. Idéo) a accepté de se livrer sur son combat, expliquant notamment la manière dont elle est parvenue à aider son fils dans cette bataille du quotidien. Des idées qu'elle arbore également sur son site Internet (Retrouvez l'intégrélité de l'intrerview en fin d'article).

Dès les premiers mois de la vie de son fils, Valentine Lecêtre est interpellée par différents comportements et s’en inquiète. “Lorsqu’un enfant prend le biberon ou le sein, par exemple, il vous regarde dans les yeux au plus profond. On a l’impression qu’il voit à travers vous. Mais au fur et à mesure, il ne me regardait plus et ce n’est pas quelque chose de commun. L'enfant regarde la mère, c'est une question de survie. C'est un réflexe”, rappelle-t-elle tout en énumérant les autres signes alarmants.

Comme elle l’explique, Sasha, son fils, n’aime pas qu’on le touche, n’aime pas les bruits forts, l’eau, les caresses. Il fait beaucoup de crises et la repousse “tout le temps”. “J’ai connu un enfant qui, jusqu’aux premières années de sa vie, ne savait que pleurer ou rire, c’était assez déroutant”. Suspectant un problème d’autisme, elle en parle donc à son mari. Les deux n’arrivent pas à y croire mais ne se laissent pas abattre par leurs émotions. “Ça commence par le choc, le déni. Il n’y a qu’une chose qui compte, se dire que l’on se trompe au plus vite”.

Mais leurs doutes se confirment lors de leur rendez-vous avec le psychologue. Le diagnostic tombe comme un couperet. De là, Valentine se plonge dans des livres, à la recherche de différentes méthodes pour sortir son fils de l’autisme. Mais une seule et même phrase revient constamment : “on est autiste, on ne sort pas de l’autisme”. Mais la mère de famille n’en a que faire : elle est prête à partir en guerre contre le destin.

“À cinq ans, c’était un expert sur l’univers”

Comme lui explique une professionnelle de santé, celle à l’origine du diagnostic de Sasha, il y a urgence à le sortir de l’autisme. Il a 16 mois et, selon elle, il est déjà un peu tard. Elle lui recommande donc d’aller voir une sensimotricienne, une orthophoniste, une psychothérapeute, une pédopsychiatre et plusieurs associations afin de mettre en place, le plus rapidement possible, un plan de bataille efficace.

Au total, il faudra trois ans pour voir de vraies différences. “Mon fils est devenu verbal. Ce qui était plus embêtant, c'est qu'il répétait en boucle les mêmes phrases”. En parallèle, pour qu'il accède aux apprentissages et qu'il développe ses capacités sociales, elle l’emmène à l’école à partir de deux ans et demi. Elle choisit une école privée dans laquelle il évolue dans de petits groupes “où il est plus surveillé”. Au fur et à mesure du temps, Sasha fait des progrès et développe son goût pour les sciences. “À cinq ans, c’était un expert sur l'univers. il regardait des documentaires dans tous les sens, sur les trous noirs, les trous de ver. Ensuite, ça a été les molécules puis la chimie, des choses qui sont peu courantes pour un enfant de son âge”.

“Si j'étais restée en couple, je n'aurais pas pu faire un tiers, un quart, un huitième de ce que j'ai fait”

Aujourd'hui, Sasha est un enfant comme les autres. Il est plein de vie et rayonne de bonheur. Valentine a une relation fusionnelle avec lui. “Il me dit tous les jours qu’il m'aime. On a des échanges qui sont au-dessus de la norme. Depuis bien deux ans, j'ai des crises de larmes, de bonheur”, confie-t-elle tout en expliquant être toujours surprise lorsqu’elle est assimilée à “une personne aidante”. “Pour mon fils, j’ai juste été une mère. Encore une fois, un enfant n'a pas demandé à vivre, il n'a rien demandé. C'est la moindre des choses que de s'occuper de lui”.

Séparé de son conjoint depuis, Valentine ne regrette pas de s’être donnée corps et âme pour son fils. “Si j'étais restée en couple, je n'aurais pas pu faire un tiers, un quart, un huitième de ce que j'ai fait parce que le papa aurait demandé beaucoup d'attention. Et puis, on m'aurait dit que j'en faisais trop tout le temps mais j’en faisais pas trop. Il y avait besoin”. Valentine ne voit pas en ce coup du sort un “sacrifice”. “Mon fils m'a, dans cette thérapie, offert une nouvelle vie au passage. Donc c'est une expérience extraordinaire et dans notre cas, c'est un succès”.

Retrouvez l'intégralité de l'interview de Valentine Lecêtre :