"J'ai une balle dans la tête": le témoignage d'un survivant des attentats de Trèbes et Carcassonne

Au cinquième jour du procès de l'attentat de Trèbes et de Carcassonne, Renato Gomes De Sousa, qui a survécu après avoir reçu une balle dans la tête, est venu témoigner à la barre.

"Je suis un miraculé". Au cinquième jour du procès des attentats de Trèbes et Carcassonne, Renato Gomes De Sousa s'est avancé à la barre devant la cour d'assises spéciale de Paris. L'homme de 31 ans n'était pas dans le Super U de Trèbes, le 23 mars 2018, mais il a quand même croisé la route de l'assaillant, Radouane Lakdim, quelques minutes plus tôt.

Avant de se retrancher dans le supermarché, où il a fait quatre victimes, et d'être abattu par le GIGN, le jeune homme de 25 ans, radicalisé et fiché S, s'est rendu sur un parking de Carcassonne qui a la réputation d'être un lieu de rencontre homosexuel.

Ce 23 mars 2018, Renato Gomes De Sousa, facteur à Narbonne, s'y trouve aussi, a-t-il raconté à la barre, ce vendredi 26 janvier. Il croise la route de Radouane Lakdim, qui lui demande ce qu'il fait là. Le facteur répond qu'il fume une cigarette, avant d'aller faire ses courses. L'échange est furtif.

"Il faut réussir à vivre"

Un deuxième homme arrive quelques secondes plus tard. Il s'agit de Jean Mazières, 61 ans à l'époque. Radouane Lakdim sort une arme et tire à plusieurs reprises. Le sexagénaire est abattu sur le coup. Renato Gomes De Sousa, lui, prend une balle dans la tête.

"J'ai regardé le ciel, j'ai essayé de m'en sortir, j'essaie de voir si je suis vivant ou mort. J'appelle ma mère, elle n’y croyait pas, comme un truc de film. Il manquait des mots. J'ai perdu des mots", a-t-il expliqué à la barre.

Miraculeusement, le facteur est toujours vivant: "Je suis resté tout seul. Je ne sais pas combien de temps. J'ai réussi à faire le chemin jusqu’à ma voiture et à m'en sortir", a-t-il raconté.

La balle qu'il a reçue est toujours dans sa tête, impossible de lui retirer sans prendre le risque qu'il décède. "Moi, je suis un miraculé", a-t-il estimé. Mais le trentenaire garde de lourdes et multiples séquelles.

"Depuis six ans, je suis sourd. J'ai perdu l’œil gauche. J'ai une balle dans la tête qui me donne des douleurs. Il faut réussir à vivre. Avec mon œil gauche, je vois tout en nuages", a-t-il confié, expliquant avoir des pertes d’équilibre, mais aussi de mémoire.

Renato Gomes De Sousa a été suivi psychologiquement pendant cinq ans avec France Victimes, pour essayer de construire sa "deuxième vie", comme il l'a qualifié à la barre. Le trentenaire espère que ce procès pourra lui permettre de mettre un point final à ce drame, "dans sa tête aussi".

Depuis lundi 22 janvier, et pendant un mois, sept personnes de l'entourage de Radouane Lakdim - six hommes et une femme - sont jugées pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle", pendant un mois. L'assaillant, Radouane Lakdim, lui, avait été tué lors de l'assaut du GIGN dans le supermarché, où il s'était retranché

Article original publié sur BFMTV.com

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