Ce que j’ai transmis à mon fils en me rendant avec lui sur la terre de son grand-père

La baie d’Agadir
Sabrina Bakir-Rio La baie d’Agadir

VIE DE FAMILLE - Je rentre tout juste du Maroc et je réalise combien ce voyage a enrichi mon fils et a changé son regard sur le monde qui l’entoure.

Quand j’étais enfant, je quittais chaque été Paris avec ma famille pour me rendre au Maroc à bord de la Peugeot 504 de mon père.

Notre périple durait trois jours, nous traversions la France en passant par Bordeaux, puis l’Espagne et la belle Andalousie avant de prendre le bateau à Algésiras pour nous rendre à Tanger.

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Après un séjour au sein de notre famille à Rabat, Casablanca et Marrakech, nous rejoignions le fief de mon père au sud du Maroc dans la région de Taroudant.

À présent, il me suffit de trois heures de vol pour me rendre de Nantes à Agadir, mon fils est surpris de pouvoir surfer le matin sur la côte berbère et de retrouver ses amis, le soir même, en Bretagne.

Que lui ai-je transmis pendant notre voyage ?

Le respect et la commémoration de nos morts en me rendant avec mon mari, qui a connu mon père à Paris quand j’avais 18 ans, et notre fils, sur la tombe de son grand-père qui repose sereinement dans un cimetière, niché aux pieds des montagnes et faisant face à la mer.

Je lui ai appris que le plus bel héritage que nous avait laissé mon père était la force de son amour, son immense courage, sa grande dignité, son exigence et son exemplarité.

De retour chez nous, je réalise que mon fils a de la gratitude pour tout ce que nous possédons en France. Au Maroc, il a vu des enfants travailler pour subvenir aux besoins de leurs familles, il a réalisé que le Smic local était de 300 euros alors que le coût de la vie et des matières premières avait augmenté comme en Europe.

Il a réalisé que notre guide, qui nous a fait découvrir les dunes du désert et les montagnes de l’Anti-Atlas, devait payer lui-même un traitement médical très onéreux pour soigner sa mère malade du diabète car le système de santé n’était pas aussi généreux qu’en France.

Il a vu que je n’étais pas une touriste comme les autres, que parler la darija, le dialecte marocain, me permettait d’être perçue comme une enfant du pays et d’être accueillie le plus souvent encore plus chaleureusement par les locaux.

Il a vu des femmes voilées et non voilées cohabiter et une jeunesse qui a soif de modernité tout en respectant ses aînés et leurs traditions.

Un pays qui se relève difficilement de la crise santaire

Nous avons découvert un pays qui se relève difficilement du Covid après avoir été privé pendant deux ans de la manne apportée par son activité touristique. Au Maroc, il n’y a pas eu autant d’aides de l’État qu’en France et les gens les plus pauvres ont eu des difficultés pour tout simplement nourrir leurs familles.

Quand on rentre d’un tel voyage, on réalise la chance que l’on a de vivre en France, d’avoir nos services publics et de vivre dans un pays qui malgré le réchauffement climatique n’en souffre pas autant que le Maroc dont nous avons vu les rivières et les barrages desséchés, menaçant la production agricole et la survie des habitants retirés dans les terres.

Pendant notre séjour, j’ai appris à mon fils que la gentillesse des Marocaines et des Marocains, dont j’ai hérité, ainsi que leur humilité, n’était pas un signe de faiblesse mais bien une force et une source de progrès auquel même le monde moderne aspire désormais.

Enfin j’ai appris à mon fils qu’avoir une double culture, qu’elle soit régionale ou internationale, et voyager, était une richesse qui permettait de relativiser, de porter un regard nuancé sur la société, d’être respectueux des différences de chacun dans un esprit de tolérance, de mieux comprendre les enjeux du monde d’aujourd’hui et de semer, entre les pays du Nord et ceux du Sud, les graines de la paix pour le monde de demain…

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