Jérôme Cahuzac juge la création de la Nupes plus grave « politiquement » que sa fraude fiscale

Pour Jérôme Cahuzac, la création de la Nupes est politiquement plus grave que sa condamnation pour fraude fiscale.
Pour Jérôme Cahuzac, la création de la Nupes est politiquement plus grave que sa condamnation pour fraude fiscale.

POLITIQUE - Une question de point de vue. De retour dans la vie publique, l’ancien ministre du Budget sous François Hollande Jérôme Cahuzac, condamné pour fraude fiscale, a profité de son passage sur France Inter ce lundi 27 novembre pour relativiser l’affaire qui porte son nom, dix ans après la révélation des faits.

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L’ancien élu socialiste a été interrogé sur la gravité, « d’un point de vue politique », de l’affaire qui l’avait contraint à quitter la vie politique en 2013 après des accusations de fraude fiscales sanctionnées par une condamnation en appel en 2018. Mais pour l’ancien député et maire de Villeneuve-sur-Lot, la création de la Nupes a été bien plus grave.

« Ce qui s’est passé l’année dernière, à l’occasion de la création de ce […] cartel électoral destiné à sauver quelques sièges, je ne suis pas sûr que, sur le plan politique, ce ne soit pas plus grave », a-t-il avancé.

L’alliance de LFI, du PS, d’EELV et du PCF en vue des législatives aurait-elle fait « plus de mal à la gauche » que l’affaire Cahuzac, l’interroge la journaliste Sonia Devillers ? « Oui, répond l’ancien ministre socialiste, pour une raison très simple. Tant que cette situation perdurera et manifestement c’est parti pour durer la gauche est dans l’incapacité absolue à retrouver le pouvoir », juge-t-il avec sévérité.

« Sur le plan pénal, ce que j’ai fait est plus grave, la preuve, j’ai été condamné, eux ne le sont pas », tempère toutefois Jérôme Cahuzac.

Des déclarations qui n’ont pas manqué de faire réagir les élus de la Nupes. Sur X (anciennement Twitter) les députés LFI Charlotte Leduc et Antoine Léaument ainsi que l’eurodéputée LFI Manon Aubry ont tous fait remarquer que la Nupes « avait fait de la lutte contre l’évasion fiscale une priorité ». Une raison qui expliquerait, selon eux, les commentaires négatifs de Jérôme Cahuzac à l’encontre de leur formation politique.

« Je ne m’interdis rien »

Questionné également sur un éventuel retour aux affaires, Jérôme Cahuzac a reconnu que la politique lui manque « beaucoup ». « Il est clair que je ne m’interdis rien », a ajouté l’ancien élu de Lot-et-Garonne. « Faire de la politique, c’est la conquête du pouvoir et c’est l’action publique. L’action publique ne peut s’exercer qu’avec une légitimité, c’est-à-dire avec un mandat. »

Et l’ancien ministre de répondre à celles et ceux qui condamnent son retour médiatique : « J’aimerais que ceux qui me condamnent au silence ou à la réclusion à perpétuité au nom de la morale réfléchissent à ce que cela veut dire. »

« J’ai commis quelque chose qui a mérité d’être sanctionné, j’ai accepté la peine qui m’a été infligée. Je l’ai purgée en totalité », met en avant Jérôme Cahuzac. Et s’il juge son mensonge devant l’Assemblée nationale en 2013 d’une « parfaite immoralité », l’homme politique aujourd’hui âgé de 71 ans estime « que ce n’est pas parce que j’ai commis un acte parfaitement immoral que ce retour l’est par là même ».

Après les révélations de Mediapart, Jérôme Cahuzac avait nié devant l’hémicycle détenir des comptes non déclarés à l’étranger. « Les yeux dans les yeux », il avait également juré devant Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV qu’il n’avait « jamais eu de compte en Suisse » avant de finalement avouer les faits.

Après sa condamnation à deux ans de prison ferme et à cinq ans d’inéligibilité, Jérôme Cahuzac avait vu sa peine aménagée, avec notamment le port de bracelet électronique. Ces derniers jours, les prémisses d’un retour sur le devant de la scène de cet ancien cadre du PS s’étaient renforcées grâce à sa première apparition publique en 10 ans dans son fief historique du Lot-et-Garonne.

Mais pour l’heure, Jérôme Cahuzac se contente d’exercer sa première profession, médecin. Un métier qu’il exerce en Corse, après avoir été réautorisé à pratiquer la médecine depuis 2019.

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