IVG inscrite dans la Constitution : en réaction, l’Église catholique appelle à « jeûner et prier »

Alors que les parlementaires français s’apprêtent à entériner l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution française, l’Église catholique s’y oppose encore.
CHARLY TRIBALLEAU / AFP Alors que les parlementaires français s’apprêtent à entériner l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution française, l’Église catholique s’y oppose encore.

FRANCE - Un droit jugé essentiel par tout le monde, ou presque. Au moment où les députés et sénateurs se réunissent au Château de Versailles pour voter l’inscription de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution française ce lundi 4 mars, une voix dissonante se fait toujours entendre.

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« À l’ère des droits humains universels, il ne peut y avoir de “droit” à supprimer une vie humaine », a estimé ce lundi le Vatican, via un communiqué l’Académie pontificale pour la Vie, organe chargé des questions bioéthiques. « L’Académie pontificale pour la Vie lance un appel à tous les gouvernements et à toutes les traditions religieuses pour qu’ils fassent de leur mieux afin que, dans cette phase de l’histoire, la protection de la vie devienne une priorité absolue », estime l’instance fondée par le pape Jean-Paul II.

Une déclaration en soutien à la position de la Conférence des évêques de France (CEF), qui se réunit ce lundi. L’occasion idéale pour l’Église d’inviter ses fidèles « au jeûne et à la prière » en réaction à ce changement dans le texte fondamental, défendu par la gauche mais également soutenu par une majorité de Français et par le président Emmanuel Macron.

Dans un communiqué signé par Eric de Moulins-Beaufort, président de la CEF, il est indiqué que « notre pays se serait honoré en y inscrivant plutôt la promotion des droits des femmes et des enfants ». Le président de la CEF regrette d’ailleurs que « la France soit le seul (de tous les pays européens) où le nombre des avortements ne baisse pas et a même augmenté ces deux dernières années ».

Un constat partagé par le président et les vice-présidents de la Conférence des évêques de France, qui décident donc de suivre l’appel « lancé par plusieurs mouvements » au jeûne et à la prière. Concernant cette dernière recommandation, les évêques invitent surtout à prier « pour que nos concitoyens retrouvent le goût de la vie, de la donner, de la recevoir, de l’accompagner, d’avoir et d’élever des enfants ».

Le communiqué souligne que « comme catholiques, nous aurons toujours à rester des serviteurs de la vie de tous et de chacun, de la conception à la mort ». Les évêques confirment toutefois leur volonté de « soutenir ceux et celles qui choisissent de garder leur enfant même dans des situations difficiles » et d’« entourer de notre respect et de notre compassion ceux et celles qui ont eu recours à l’avortement ».

Les parlementaires ciblés

Mais les évêques s’en prennent aux parlementaires invités à voter ce changement dans la Constitution, qui doit -pour rappel- être validé par les trois cinquièmes des parlementaires réunis en Congrès dans l’aile du Midi du château de Versailles.

Alors que « beaucoup de nos parlementaires, sans doute, vont voter ce texte avec la conviction d’affermir un droit essentiel », une partie des députés et sénateurs vont voter « honteux et contraints », selon les mots de l’Église.

Durant cette journée historique, la France étant le premier pays au monde à procéder à l’inscription de « la liberté garantie à la femme d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse » dans sa Constitution, les 577 députés et 348 sénateurs seront réunis à partir de 15h30 pour une longue série de prise de parole avant le vote, dont le résultat sera dévoilé en fin d’après-midi.

Et sauf immense surprise, le texte devrait être adopté par une très large majorité. Ce qui est déjà salué comme un message fort envoyé au reste du monde, à quelques jours seulement de la journée internationale des droits des femmes.

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