IVG dans la Constitution : pourquoi le vote du Congrès est une victoire « imparfaite » pour ces féministes

REPORTAGE - « Un moment historique. » Voilà comment les associations féministes décrivent cette journée du 4 mars 2024, date à laquelle le Parlement s’est réuni en Congrès à Versailles pour inscrire l’IVG dans la Constitution. Comme vous pouvez le voir dans notre reportage en tête d’article, des associations féministes se sont réunies près de la tour Eiffel, où le vote était retransmis en direct, afin de célébrer l’événement.

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Après des discussions, l’Assemblée nationale et le Sénat se sont finalement mis d’accord sur les termes utilisés. Si au départ « le droit » à l’avortement devait être inscrit dans la Constitution, c’est finalement « la liberté garantie à la femme d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse » qui a fait consensus.

Une victoire en demi-teinte

Pour certaines militantes féministes, l’absence du mot « droit » fait justement de cette constitutionnalisation une victoire en demi-teinte, comme l’explique Nina, étudiante en droit, venue au Trocadéro.

« Une liberté, même si elle est garantie, ça implique que vous êtes libre de le faire. Par contre, si vous avez à aller à 500 kilomètres de chez vous parce que tous les centres privilégiés ont fermé à côté de chez vous, c’est votre problème. Vous êtes toujours libres de le faire, mais vous n’avez pas les moyens matériels de le faire », explique-t-elle au micro du HuffPost.

Sirine, juriste en droit pénal, spécialisée dans les violences sexistes et sexuelles, pointe également du doigt le fait que le texte parle uniquement des femmes, « ce qui exclue les personnes transgenres, les hommes enceints et les personnes non-binaires qui sont aussi concernées ».

L’enjeu de l’accès à l’IVG

Du côté du Planning familial, on reste prudent. « Les parlementaires, le gouvernement, le Conseil d’État ont assuré que le terme liberté n’était pas moins fort que droit. Ce sera à nous de vérifier qu’ils tiennent parole », assure Marie, membre du bureau fédéral de l’association. « Il y a aussi la question de l’information. C’est très compliqué quand on a des mouvements anti-avortement qui agissent beaucoup sur les réseaux sociaux, sur Internet. »

Quant à Fanny, étudiante sage-femme, bien que cette constitutionnalisation soit une étape importante, ce n’est pas parfait : « On a beaucoup de difficultés d’accès, principalement dans des zones rurales, mais pas que. » Au micro du HuffPost, elle raconte son expérience durant ses études : « J’ai déjà été en stage dans des zones, dans un centre où, par exemple, les délais pouvaient aller de deux ou trois ou quatre semaines avant d’avoir accès à un rendez-vous pour mettre un terme à une grossesse. »

Malgré les critiques, une explosion de joie a envahi l’esplanade face à la tour Eiffel au moment des résultats du vote. 780 voix ont permis d’inscrire l’IVG dans la Constitution française. Emmanuel Macron a également annoncé une cérémonie de scellement pour la première fois ouverte au public le 8 mars, pour la journée internationale des droits des femmes.

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