IVG dans la Constitution : Annie Ernaux fait un lapsus (révélateur) après le vote du Sénat

La lauréate du prix Nobel de littérature 2022, l’écrivaine française Annie Ernaux, lors d’une conférence de presse à Stockholm, en Suède, le 6 décembre 2022.
ANDERS WIKLUND / AFP La lauréate du prix Nobel de littérature 2022, l’écrivaine française Annie Ernaux, lors d’une conférence de presse à Stockholm, en Suède, le 6 décembre 2022.

IVG - Une mégarde qui en dit long. Les sénateurs ont voté mercredi pour l’inscription dans la Constitution de « la liberté garantie » pour les femmes d’avoir recours à l’avortement, même si la proposition de loi portée par les députés de gauche prônait l’inscription du « droit » à l’IVG. Deux notions bien différentes qui ont créé une petite confusion chez Annie Ernaux, écrivaine et prix Nobel de littérature, ce jeudi 29 février au soir, lors d’une soirée de lancement d’une revue trimestrielle féministe.

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« Moi en 1964 je cherchais partout quelqu’un qui veuille bien me mettre une sonde dans le ventre pour avorter », commence l’auteure du roman Les Années, comme vous pouvez l’entendre dans la vidéo ci-dessous, publiée par Alice Coffin, journaliste et militante féministe.

« Dans la Constitution, l’IVG est un droit… euh non ce n’est pas un droit… », puis Annie Ernaux rectifie : « c’est une liberté garantie ». Ce lapsus a fait rire l’assemblée face à elle, alors l’écrivaine, complice avec son public, conclut : « Moi aussi j’aurais préféré que ce soit le droit ».

Deux notions différentes

Dans la proposition de loi constitutionnelle initiale, portée par LFI, le texte voulait garantir « l’effectivité et l’égal accès au droit à l’IVG », mais le Sénat avait adopté une version modifiée évoquant la « liberté de la femme de mettre fin à sa grossesse ». Le gouvernement avait alors tranché en trouvant un compromis en proposant la notion de « liberté garantie ».

« La liberté est une ’capacité de faire’, alors que le droit est presque une obligation qui incombe à l’interlocuteur », explicite Anne-Charlène Bezzina, maître de conférences en droit public et constitutionnaliste, à Europe 1.

Concrètement, la formulation retenue « signifie qu’aucune loi ne pourra dire explicitement que la femme n’a pas la liberté de recourir à l’IVG », complète Laureline Fontaine, professeure de droit constitutionnel à la Sorbonne Nouvelle Paris 3, à France Bleu. Mais « le texte ne dit rien sur les conditions dans lesquelles cette liberté s’exerce. C’est à la loi de le dire », pointe-t-elle.

Les associations féministes, qui plaidaient pour l’inscription du « droit » à l’IVG dans la Constitution, jugeant que l’IVG est un « droit fondamental », se sont tout de même réjouies de ce compromis. Comme vous pouvez le voir dans notre vidéo ci-dessous, la sénatrice écologiste Mélanie Vogel et des militantes féministes ont versé des larmes de joie au Sénat juste après le vote.

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