Italie : la limitation de vitesse à 30 km/h à Bologne ne fait pas l'unanimité
La ville de Bologne, dans le nord de l'Italie, a introduit une limite de vitesse à 30 km/h pour la circulation dans le centre urbain.
Il s'agit de la deuxième métropole italienne à adopter cette mesure, la ville sarde d'Olbia ayant mis en place cette restriction en 2021.
Les autorités de Bologne affirment que la nouvelle limite vise à améliorer la sécurité routière et à réduire la pollution atmosphérique et sonore.
Toutefois, la mesure suscite des protestations de la part des habitants et les ministres du gouvernement sont sceptiques quant à ses avantages pour l'environnement.
Pourquoi la ville de Bologne a-t-elle introduit une limitation de vitesse à 30 km/h ?
Le 16 janvier, la limitation de vitesse à 30 km/h (au lieu de 50 km/h) est entrée en vigueur à Bologne, après avoir été testée l'année dernière. Désormais, les automobilistes qui roulent à plus de 36 km/h sont passibles d'une amende de 29 €.
Le programme a pour objectif de réduire les accidents de la route et d'améliorer la qualité de l'air.
Le maire Matteo Lepore l'a qualifié de "révolution pour améliorer la qualité de vie de chacun et la façon dont nous vivons l'espace public, ce qui fera de Bologne une ville plus sûre et plus durable, adaptée aux enfants, aux familles et aux personnes âgées, avec un objectif de zéro mort sur les routes".
Bien qu'il ne fasse pas spécifiquement référence à la mesure de Bologne, le ministre des transports Matteo Salvini n'est pas convaincu des avantages environnementaux de la limitation de vitesse.
"Les voitures et les camionnettes ne peuvent pas être l'ennemi. Rouler à 30 km/h en ville n'aide pas l'environnement", a-t-il déclaré l'année dernière.
"Empêcher les personnes qui n'ont pas les moyens d'acheter des Teslas d'entrer dans la ville n'aide pas l'environnement et limite les emplois".
La limitation de vitesse à 30 km/h à Bologne sera-t-elle bénéfique pour l'environnement ?
Si les avantages d'une conduite plus lente en termes de sécurité sont bien connus, l'impact sur la planète est moins concret.
Matthew Watkins, maître de conférences à l'université de Nottingham Trent, explique à Euronews que des recherches supplémentaires sont nécessaires concernant les implications environnementales.
"Certaines données suggèrent que la pollution de l'air peut être plus élevée avec le système Città 30", déclare-t-il. "De nombreux facteurs entrent en jeu".
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Selon une étude de l'Imperial College London, dans les zones 20 miles/h (32 km/h), les véhicules se déplacent avec moins d'accélérations et de décélérations que dans les zones où la limite de vitesse est plus élevée.
Ce style de conduite plus souple réduit les émissions de particules dues à l'usure des pneus et des freins, qui représentent environ 75 % de la pollution atmosphérique due au trafic routier.
Toutefois, les moteurs ont un rendement optimal lorsqu'ils roulent à une vitesse constante (la "vitesse de croisière"), et non lorsqu'ils accélèrent ou décélèrent. Pour la plupart des voitures, cette vitesse se situe autour de 90 km/h.
Les habitants protestent contre la limitation de vitesse à 30 km/h à Bologne
Les habitants de Bologne ont exprimé leur frustration face à cette nouvelle mesure. Un cortège de voitures a bloqué la circulation le jour de l'entrée en vigueur de la limitation, tandis que les chauffeurs de taxi menacent d'augmenter leurs tarifs pour compenser le fait qu'ils doivent rouler plus lentement.
Vendredi, les chauffeurs ont prévu de manifester devant l'Hôtel-de-Ville.
"Il y a beaucoup de colère à Bologne en ce moment", déclare Andrea Spettoli, l'un des organisateurs de la manifestation, au Guardian. "Le problème n'est pas seulement de recevoir une amende, cette loi change complètement la vie des gens".
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Le ministère italien des transports a également exprimé ses inquiétudes.
"Il ne semble pas qu'il s'agisse d'un choix raisonnable, car les problèmes pour les résidents (en particulier les travailleurs) risquent d'être plus importants que les avantages pour la sécurité routière", écrit le ministère.
Les villes italiennes de Milan et de Parme envisagent également d'introduire des limitations de vitesse à 30 km/h en 2024.