Israël confirme la saisie de terres fertiles en Cisjordanie

Dans la vallée du Jourdain, en Cisjordanie occupée, près de Jéricho. Les autorités israéliennes ont l'intention de saisir des terres fertiles dans cette région, une mesure de nature à provoquer la colère des Palestiniens et les critiques de la communauté internationale. /Photo prise le 20 janvier 2016/REUTERS/Mohamad Torokman

JÉRUSALEM (Reuters) - Les autorités israéliennes ont confirmé jeudi qu'elles avaient l'intention de saisir des terres fertiles dans la vallée du Jourdain en Cisjordanie occupée, une mesure de nature à provoquer la colère des Palestiniens et les critiques de la communauté internationale. Dans un courriel adressé à Reuters, le Cogat, un département du ministère israélien de la Défense qui administre la Cisjordanie, indique que la décision d'appropriation a été prise et que le processus établissant ces terres comme "terres de l'Etat" en est "au stade final". La radio de l'armée avait annoncé mercredi que 154 hectares de terres cultivables allaient être saisies près de Jéricho, dans une zone où sont déjà implantées des colonies de peuplement agricoles. Le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon a dénoncé ces saisies qui sont les plus importantes depuis août 2014 en Cisjordanie. Les Etats-Unis, dont l'ambassadeur en Israël a critiqué la politique de l'Etat hébreu dans les territoires palestiniens, ont réaffirmé mercredi qu'ils étaient opposés à toute initiative participant à un accroissement des colonies. "Nous pensons que cela est fondamentalement incompatible avec une solution à deux Etats et, franchement, nous doutons de l'implication du gouvernement israélien dans une solution à deux Etats", a dit Mark Toner, porte-parole du département d'Etat. Les forces de sécurité israéliennes ont par ailleurs détruit six structures qui avaient été construites grâce à un financement humanitaire de l'Union européenne, une initiative qui devrait encore accroître les tensions avec l'Etat hébreu. Ces constructions étaient principalement des logements et des latrines à l'usage des bédouins vivant dans le secteur E1, une zone particulièrement sensible située entre Jérusalem et la mer Morte. Les autorités israéliennes n'ont pas installé de colonies dans cette zone, toute implantation de colons étant considérée par les Etats-Unis et les Européens comme une "ligne rouge" à ne pas franchir car elle couperait l'accès direct des Palestiniens à Jérusalem-Est. "C'est la troisième fois qu'ils démolissent ma maison et chaque fois je la reconstruis. Cette fois je vais encore la reconstruire. Si nous partons, ils vont transformer l'endroit en une zone militaire fermée", a commenté Saleem Djahaleen, dont la maison a été rasée. Le Premier ministre israélien avait expliqué la semaine passée que les constructions financées par l'UE avaient été érigées de manière illégale. (Maayan Lubell; Pierre Sérisier pour le service français)