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Israël suspend les négociations après l'accord Hamas-OLP

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Le cabinet de sécurité israélien a décidé jeudi de suspendre les négociations de paix avec l'Autorité palestinienne au lendemain de l'annonce d'un accord de partage du pouvoir entre le Hamas et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). /Photo d'archives/REUTERS/Abir Sultan/Pool

par Jeffrey Heller JERUSALEM (Reuters) - Le cabinet de sécurité israélien a décidé jeudi de suspendre les négociations de paix avec l'Autorité palestinienne au lendemain de l'annonce d'un accord de partage du pouvoir entre le Hamas et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). "Le cabinet de sécurité a décidé à l'unanimité ce (jeudi) soir que le gouvernement israélien ne mènera pas de négociation avec un gouvernement palestinien soutenu par le Hamas, une organisation terroriste qui appelle à la destruction d'Israël", annonce un communiqué diffusé à l'issue de six heures de discussions. Prié de dire si cela signifiait que les pourparlers étaient gelés ou s'ils ne seraient suspendus qu'après la formation d'un gouvernement palestinien d'unité, un responsable israélien de haut rang a répondu: "Ils sont actuellement suspendus." Sur NBC, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a souligné que le président palestinien Mahmoud Abbas avait encore "la possibilité d'inverser le cours des choses, d'abandonner ce pacte". "J'espère qu'il le fera", a-t-il ajouté. "Parce que si nous avons en face de nous une direction et un gouvernement palestiniens prêts à poursuivre des négociations véritables, nous serons là." Israël pourrait par ailleurs imposer des sanctions économiques à l'Autorité palestinienne, qui contrôle la Cisjordanie, précisent des médias israéliens. La négociatrice en chef israélienne, Tzipi Livni, également ministre de la Justice, a dit toutefois espérer qu'une solution sera trouvée pour permettre une reprise des discussions. "La porte n'est pas fermée", a-t-elle tenu à dire sur la chaîne de télévision Channel 2. Quant aux éventuelles sanctions, a-t-elle poursuivi, "elles seront mesurées car nous ne voulons pas provoquer la chute de l'Autorité palestinienne". Dès l'annonce mercredi de l'accord entre l'OLP de Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne, et les islamistes du Hamas, qui contrôlent la bande de Gaza depuis juin 2007, le gouvernement israélien avait annulé une séance de discussions prévue dans la soirée avec les négociateurs palestiniens. INTERROGATIONS À WASHINGTON Abbas a "choisi le Hamas et pas la paix. Quiconque choisit le Hamas ne veut pas la paix", avait alors commenté Netanyahu. L'accord Hamas-OLP prévoit la mise en place dans un délai de cinq semaines d'un gouvernement d'unité puis la tenue d'élections dans les six mois. Le Hamas et le Fatah, mouvement de Mahmoud Abbas dominant au sein de l'OLP, s'opposaient jusqu'ici sur les modalités d'application de l'accord de réconciliation conclu en 2011 sous les auspices de l'Egypte, en raison notamment de désaccords sur les relations avec Israël. Le processus de paix israélo-palestinien a été relancé l'an dernier sous l'égide des Etats-Unis. Avant l'annonce de l'accord entre le Hamas et l'OLP, les négociateurs tentaient de trouver le moyen de prolonger la date butoir fixée au 29 avril pour parvenir à un accord cadre. Il doit s'agir ensuite d'ouvrir une nouvelle année de négociations censées déboucher sur un accord définitif permettant la création d'un Etat palestinien coexistant pacifiquement avec Israël. A Washington, un membre de l'administration fédérale a souligné que les Etats-Unis allaient devoir réfléchir à l'aide financière allouée aux Palestiniens si ce gouvernement d'union voit le jour. "Tout gouvernement palestinien doit s'engager explicitement et sans ambiguïté à renoncer à la violence, à reconnaître l'Etat d'Israël, à accepter les accords conclus et les obligations des deux parties", a-t-il déclaré à Reuters. "Si un nouveau gouvernement palestinien est formé, nous l'évaluerons en fonction de son adhésion aux points cités plus haut, de ses décisions et de ses actes, et nous déciderons des conséquences sur notre aide, en accord avec la législation américaine", a ajouté le haut fonctionnaire, qui a requis l'anonymat. (avec David Brunnstrom et Matt Spetalnick à Washington; Clémence Apetogbor, Jean-Philippe Lefief, Henri-Pierre André et Guy Kerivel pour le service français)