Israël gèle certains contacts avec les Palestiniens

par Jeffrey Heller JERUSALEM (Reuters) - Israël a annoncé mercredi un gel partiel de ses contacts avec les Palestiniens, une décision qui ne s'applique pas à son équipe de négociateurs mais alimente le climat d'incertitude sur l'avenir des pourparlers de paix entre les deux camps. Les Israéliens ont par ailleurs fait savoir qu'ils n'excluaient pas des sanctions économiques contre l'Autorité palestinienne. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a ordonné une suspension partielle des contacts en représailles à l'adhésion des Palestiniens à 15 conventions internationales, ce qui constitue une "grave violation de leurs engagements dans le cadre des pourparlers de paix", a déclaré un responsable israélien. Cet ordre s'applique aux membres des cabinets et aux hauts fonctionnaires des ministères. Il ne concerne pas en revanche la ministre de la Justice, Tzipi Livni, chef de la délégation des négociateurs israéliens aux pourparlers de paix, ni les responsables des questions de sécurité et de défense, ont précisé des responsables israéliens. "Cette décision sape tous les efforts internationaux (...) pour relancer les négociations, pour relever de manière constructive les défis auxquels est confronté le processus de paix", a réagi un porte-parole de l'Autorité palestinienne, Ehab Bseiso. Les Etats-Unis s'efforcent de maintenir en vie les négociations de paix directes au-delà de la date butoir du 29 avril qu'ils avaient initialement fixée pour parvenir à un accord. John Kerry a reproché mardi aux deux camps d'avoir multiplié récemment les initiatives "contre-productives". Devant la commission des Affaires étrangères du Sénat à Washington, le secrétaire d'Etat américain a notamment laissé entendre que la cause première de l'enlisement actuel des négociations a été l'annonce le 1er avril par Israël de la construction d'environ 700 logements à Jérusalem-Est. SANCTIONS ÉCONOMIQUES? Cette déclaration a été accueillie avec surprise par le gouvernement israélien. "Nous accuser d'avoir provoqué cela ? Je pense qu'il a tort", a déclaré le ministre de la Sécurité intérieure, Yitzhak Aharonovitch, à Radio Israël. Responsables israéliens et palestiniens coopèrent dans un certain nombre de domaines civils tels que l'environnement, l'eau ou l'énergie. L'Autorité palestinienne craint désormais que le gel de ces contacts ne soit suivi de sanctions économiques. Dans le cadre des accords de paix intérimaires, Israël collecte puis transfère à l'Autorité palestinienne environ 100 millions de dollars par mois de taxes prélevées sur les biens importés dans les territoires palestiniens. Lors de précédentes périodes de tensions entre les deux parties, il est arrivé à Israël de suspendre ces versements. Un responsable israélien a déclaré mercredi à Reuters que "si les Palestiniens continuent sur la voie qu'ils ont choisie, d'autres options (que le gel des contacts) sont envisageables". Israël, a-t-il poursuivi, "envisage sérieusement" de déduire ainsi jusqu'à 75 millions de dollars sur le total des taxes remises aux Palestiniens. Les Palestiniens présentent leur adhésion à certains traités internationaux, notamment les conventions de Genève relatives à la guerre, comme la conséquence du refus israélien de libérer comme prévu des prisonniers palestiniens. L'Etat hébreu réclamait pour procéder à ces libérations que les Palestiniens s'engagent au préalable à poursuivre les négociations au-delà du 29 avril. (avec Ari Rabinovich à Jérusalem et Noah Browning à Ramallah, Pierre Sérisier, Bertrand Boucey et Guy Kerivel pour le service français)