Israël proche d'un reconfinement? Ce qu'il faut en comprendre
CORONAVIRUS - Grise mine en Israël. Dans un long post Facebook publié samedi 14 août, le Premier ministre Naftali Bennett prédit “des jours difficiles” pour son pays, assailli par le variant Delta. Avec 6000 nouvelles contaminations par jour environ, les hôpitaux israéliens se remplissent à nouveau de patients Covid-19.
Le pays jadis envié pour sa campagne vaccinale, une des plus rapides au monde, n’exclut plus de reconfiner, “une mesure de dernier recours”, selon Bennett. Loin de remettre en cause les vaccins, la conjoncture en Israël illustre l’importance de vacciner le plus possible, à l’heure où la campagne vaccinale française ralentit.
Si les hospitalisés pour des formes graves de Covid-19 sont majoritairement des non vaccinés, selon les chiffres rapportés par la presse nationale, la situation en Israël offre en réalité une première leçon: les injections protègent du coronavirus. En revanche, ils n’immunisent pas contre les illusions statistiques.
Car le nombre de vaccinés dans les hôpitaux est trompeur. Si les vaccinés sont majoritaires dans les hôpitaux d’Israël, c’est parce qu’ils sont également majoritaires au sein de la population (environ 62%, le 14 août, selon les déclarations officielles). Ainsi, pour éviter tout malentendu, le gouvernement compte désormais en “taux d’incidence” des formes graves.
La différence est flagrante. Ce lundi 16 août, parmi les plus de 60 ans non vaccinés, 151 personnes sur 100.000 étaient atteintes d’une forme sévère du Covid-19, selon le ministère de la Santé. Parmi les plus de 60 ans vaccinés, l’incidence tombe à 19. Quasiment 8 fois moins. Preuve que même imparfaits, ils réduisent drastiquement les risques d’être hospitalisés.
Seuls les schémas vaccinaux complets comptent
Autre leçon importée des données israéliennes: face à Delta, seuls les schémas vaccinaux complets comptent. Les personnes ayant reçu une seule dose (environ 8% des vaccinés le 14 août 2021, selon les déclarations officielles) sont peu protégées contre le Covid-19, en attendant la deuxième. Le taux d’incidence des formes graves chez les plus de 60 ans au schéma vaccinal incomplet est de 40. C’est deux fois plus que pour les plus de 60 ans totalement vaccinés.
Même freiné par les vaccins, Delta met à l’épreuve les systèmes de soins. Il se nourrit de la part de non vaccinés chez les personnes fragiles et de la part des vaccinés qui tombent quand même malades. “Tant qu’il reste plus de 5% de la population à risque non vaccinée, la saturation des hôpitaux pourrait encore justifier de nouveaux confinements”, résumait l’épidémiologiste Antoine Flahault, dans un tweet publié le 9 août 2021.
Environ 90% des Israéliens de plus de 60 ans ont reçu deux doses de vaccin. C’est proche du but, mais la campagne vaccinale stagne depuis quelques mois, et peine à toucher les derniers non vaccinés. Ainsi, si Israël songe à reconfiner, cela souligne surtout l’importance d’atteindre la couverture vaccinale qui permet d’écarter le risque de surcharge des hôpitaux. En dessous, le virus impose sa dynamique.
Le retour du masque et des jauges
Ainsi, après un bref instant de liberté accordé lorsque la vaccination battait son plein, Israël a rapidement rehaussé le niveau de contraintes sanitaires. Jusqu’à de nouveau imposer le masque en intérieur, et réduire les jauges des rassemblements. Ces nouvelles mesures, annoncées dimanche par le ministère de la Santé, entreront en vigueur mercredi 18 août.
À cette date, “le badge vert”, le pass sanitaire israélien, sera obligatoire dès 3 ans. Si les jeunes et les très jeunes sont moins à risque de formes graves, ils participent à la propagation du virus. Et la rentrée des classes approche à grands pas.
Avec ces nouvelles restrictions, le gouvernement israélien espère un coup double: freiner l’épidémie et relancer la campagne vaccinale. Et annonce la couleur aux Français: tant que la couverture vaccinale n’est pas à son maximum, rien n’est gagné.
Malgré un sursaut observé quelques jours après l’annonce de l’élargissement du pass sanitaire, la vaccination française s’essouffle et les hospitalisations liées au Covid-19 augmentent régulièrement. Le cap des 10.000 patients Covid-19 devrait être franchi dans les prochains jours. Signe que le pays risque de s’engager dans la même course contre la montre qu’Israël.
Une hausse des restrictions est déjà planifiée en France. Le 30 août, le pass sanitaire sera obligatoire pour les salariés des lieux exigeant ce formulaire. Le 15 septembre, les soignants non vaccinés pourront faire l’objet de sanctions. Et enfin, le 30 septembre, les 12-17 ans seront à leur tour concernés par le pass sanitaire.
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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.